La 48ème édition est entrée en gare. Garoua, le chef-lieu de la province du Nord a honoré son équipe pour son huitième titre et le cinquième consécutif. Les « verts et blancs » entrent dans le livre des records au plan national et entreprennent avec optimisme la préparation des prochaines échéances locales et internationales que sont la coupe du Cameroun et la Champions league africaine.
Après avoir bu la tasse ce dimanche 14 octobre 2007, au stade Roumde Adja de Garoua, lors de la trente quatrième et dernière journée du championnat de première division, le président de la Foudre sportive d’Akonolinga saura désormais retenir sa langue à l’approche de certaines échéances footballistiques. Robert Depays s’est en effet fendu samedi en déclarations fracassantes d’avant match, affirmant qu’il était venu dans la capitale provinciale du Nord pour gâcher la fête au champion Cotonsport. Mal lui en a pris, puisque les « Kanga Boys» ont subi une véritable raclée de football, laminés 4 –0 par l’équipe locale, constituée à près de 80% de joueurs évoluant en équipe réserve. Les réalisations portent l’estampille de Ndjié à la 33’, Litsingi, respectivement aux 39’ et 51’, et enfin, Nassourou Moussa, l’un des rares anciens sur la pelouse, à vingt minutes de la fin du temps réglementaire.
Un public évalué à près de vingt mille âmes ne s’est pas fait prier pour rendre un vibrant hommage au Cotonsport, qui savoure ainsi le huitième sacre de son histoire, le cinquième consécutif. Au rang des invités de marque, des autorités politiques, administratives et traditionnelles de la province du Nord réunies autour du président de la fédération camerounaise de football, Iya Mohammed et certains de ses collaborateurs, au rang desquels Dr Francis Mveng, vice-président, Aboubakar Alim Konaté, membre du bureau exécutif et président de la commission marketing, David Mayebi, le conseiller spécial, sans oublier Dominique Wansi, le chef de département technique et de développement…
Pour magnifier cet événement qui relève de l’inédit au pays de Roger Milla et Samuel Eto’o Fils, la Fécafoot a effectivement procédé à une remise de médailles individuelles à chaque joueur de la formation de la société de développement de coton (Sodecoton), en sus d’un trophée attribué à l’ensemble de l’équipe. « Une cérémonie bien pensée », explique Aboubakar Alim Konaté. Et de poursuivre : « Une médaille, ou un trophée, c’est la seule chose qui reste au footballeur une fois qu’il aura mis un terme à sa carrière. C’est une innovation que la fédération camerounaise de football entend pérenniser ».
Une saison pleine
Ce sacre est acquis de haute lutte, contrairement aux précédents, où les « verts et blancs » s’étaient souvent adjugés la couronne une dizaine de journées avant la fin de la compétition. La saison 2007 aura été marquée, du début à la fin, par un suspense à couper le souffle. Tour à tour, Tonnerre Kalara Club de Yaoundé, Mount Cameroon Fc de Buea et Union Sportive de Douala se sont emparés du siège de leader tant convoité, avant le retour en force de Cotonsport.
La superpuissance actuelle du football camerounais, entraînée par le technicien français Denis Lavagne, assisté du camerounais Gabriel Haman, a traversé en solitaire la ligne d’arrivée. Avec 72 points acquis de haute lutte au cours d’une saison éprouvante, il a fallu pour les obtenir 22 victoires, 9 nuls et seulement 3 défaites. Cotonsport, c’est aussi et surtout une attaque percutante avec 55 buts au marquoir, contre seulement 10 d’encaissés ! Les statistiques du club fanion du septentrion sont de loin les meilleures que celles de ses deux challengers immédiats, en l’occurrence Union Kamakaï de la capitale économique, 70 points et les montagnards du Sud-ouest, 66 points.
La finale de la coupe du Cameroun, contre les Astres de Douala, prévue avant la fin de l’année est la prochaine cible en ligne de mire du capitaine Ahmadou Ngomna et ses coéquipiers, qui tenteront de réaliser le doublé, comme en 2003. Mais le secrétaire général du club a davantage les yeux rivés sur la campagne continentale interclubs. Gilbert Maïna annonce qu’un « accent particulier sera mis sur notre politique de recrutement des joueurs habitués des compétitions de haut niveau. Nous entendons recruter surtout des étrangers susceptibles de nous faire atteindre les résultats escomptés. Il va donc falloir logiquement se séparer des joueurs en fin de contrat et de ceux qui se seront montrés défaillants tout au long de la saison ».
Par ailleurs, dans le cadre de leur stratégie de développement, les responsables de Cotonsport ont entrepris, dans la banlieue de Garoua, la construction d’un Centre technique. En clair, « il s’agit d’un complexe sportif de 10 hectares comprenant plusieurs terrains de football, des salles de musculation, des dortoirs, piscines et des bureaux… », explique le président Pierre Kaptené, sans autre forme de précisions. Avec cette infrastructure moderne, qui sera par ailleurs ouverte aux équipes nationales du Cameroun, et des pays africains qui en feront la demande, Cotonsport entend effectuer un grand bond dans l’ère du professionnalisme, même si ses dirigeants avouent que le fossé est encore grand entre le Cameroun, premier nation de football africaine, et les pays d’Afrique du Nord, à l’instar de la Tunisie, du Maroc, de l’Egypte, et même des Etats situés au sud Sahara, tels le Sénégal, la Côte d’Ivoire, l’Angola, pour ne pas citer l’Afrique du Sud.
Jean Robert Frédéric Fouda, à Garoua