Sans salaire depuis six mois, ceux d’El Pacha se sont nourris au pain sec et à la banane avant d’aller livrer le match de la 15ème journée de Mtn Elite Two, tandis que ceux de Tiko United sont arrivés à Yaoundé à quelques heures du match et ont partagé le repas d’un parent de l’entraîneur, devenu tout dans l’équipe.
« Quand des joueurs mangent du pain avec de la banane avant de livrer un match, quel résultat voulez-vous d’eux ? », s’est plaint un spectateur, visiblement proche de cette équipe au terme du match de samedi dernier. Avant de poursuivre : « Il y a quatre joueurs qui sont là (présents au stade Ahmadou Ahidjo) et qui ont refusé de jouer, parce qu’ils réclament leurs salaires. Ils ont six mois d’arriérés de salaire. L’autre jour on est venu leur donner 20 000F pour certains et 40 000F à d’autres joueurs ». La scène se passe au stade Ahmadou Ahidjo samedi dernier, alors que le rapace de la Menoua vient d’essuyer une défaite, 2-0, face à Cosmos de Bafia. Me Donfack, l’un des responsables administratif de cette équipe que nous avons rencontré, sans nier ces accusations, s’en défend : « La femme qui a été réquisitionnée pour préparer le repas des joueurs a apporté la nourriture à midi, alors qu’on s’apprêtait à aller au stade. Dans ces conditions, les joueurs ne pouvaient plus manger. Quant aux salaires, la transformation de l’équipe en société a fait qu’on attend d’abord la sortie des statuts pour pouvoir opérer dans le compte bancaire du club où nous avons un peu plus de 20 millions de francs disponibles. Néanmoins, nous nous sommes battus pour trouver avant ce match, un mois de salaire à chacun sur les trois mois d’arriérés que nous devons aux joueurs. Jusque-là, certains ne comprennent rien, au point de refuser de jouer ». Dieudonné Nké en confirmant que ses joueurs ont six mois d’arriérés de salaire, est aussi au bord de l’essoufflement. « Les gars disent que s’ils n’ont pas leur salaire ils ne jouent pas. Et quand un gars a déjà cette revendication dans sa tête, le message ne passe pas. Il arrivera aussi un temps où je vais me lasser. Même si c’est trois mois, ce n’est pas normal », nous a-t-il confié.
Entretemps, Aigle royal de la Menoua continue sa chute libre au classement avec la dernière défaite concédée (battu 2-0) samedi dernier au stade Ahmadou Ahidjo contre Cosmos de Bafia. Pourtant, le rapace de la Menoua a mené le peloton de tête au classement du championnat Mtn Elite Two pendant une bonne partie de la phase aller. Au point de faire rêver ses supporters pour un autre retour à la fin de la saison en Elite One. Le chemin reste long et scabreux pour cette équipe dont les joueurs sont abandonnés à eux-mêmes, entre les mains de Dieudonné Nké, l’entraîneur, dont la touche personnelle s’est fait ressentir à son arrivée avec les résultats engrangés.
Coach devenu président à Tiko
Tiko United a aussi perdu son match (1-0) de samedi dernier face à Apejes de Mfou au stade Ahmadou Ahidjo le même jour. Il alignait un effectif de 16 joueurs. Pour ceux qui sont habitués à voir des équipes aligner des effectifs de 18 joueurs, c’était une curiosité. James Achuo, son entraîneur, était le seul encadreur assis sur le banc de touche et jouait tous les rôles (Médecin, kiné, manager …). Il a assisté à la réunion technique avant d’aller s’occuper techniquement de l’équipe. Selon nos sources, cette équipe est abandonnée entre les seuls mains de son entraîneur. « On ne sait pas qui est même le président de cette équipe. Ils ne sont arrivés à Yaoundé que le jour du match (samedi dernier, ndlr) à midi, soit quelques trois heures avant le match. C’est le coach qui se bat à payer les primes et le transport, avec son salaire de fonctionnaire. Les joueurs ont partagé le repas chez un de ses frères habitant la ville de Yaoundé », indique notre informateur.
Ces deux clubs ne sont que des sites d’observation, puisque dans plusieurs équipes d’Elite One et Two, « c’est la galère » des joueurs. Il se murmure dans ce tableau que les équipes comme Tonnerre de Yaoundé, Cosmos de Bafia, ne sont pas loin de ces exemples. Une source proche du club de Bafia nous apprend que sa « dernière victoire n’est que l’arbre qui cache la forêt. C’est simplement que les joueurs sont déjà comme une famille. Ce n’est pas parce que leur situation est des plus reluisante ».
Achille Chountsa