Le timbre vocal d’Essomba Eyenga est strident. Il exprime une colère rentrée du PDG du Tonnerre de Yaoundé, très remonté contre les » agents des joueurs qui viennent nuitamment lui piquer ses cadres « . Ces dernières semaines, le TKC a perdu Soulé Garba, meilleur buteur du club. » Je suis sans nouvelle de ce joueur depuis un moment. J’ai appris son départ comme tout le monde. Il est parti sans mon autorisation « , gronde-t-il.
Soulé Garba serait au Portugal depuis quelques jours. Les conditions de son départ sont différentes des transferts » forcés » de Paul Emile Biyaga et Tala Feugang, deux autres joueurs du Tonnerre. Les circonstances de leur engagement avec AS.O. Chlef, club de première division algérienne sont troublantes. Ces footballeurs sont allés participer à un tournoi en Algérie, début août. Au cours de la compétition, ils brillent de mille feux. Séduits par leur talent, les dirigeants de ce club leur ont alors proposé des contrats. Telle est la thèse véhiculée par leur entourage. Essomba Eyenga, même s’il n’approuve pas le procédé utilisé, confirme néanmoins que les dirigeants de AS.O. Chlef, l’ont saisi. » Pour ces deux-là j’ai donné des autorisations pour qu’on leur délivre des certificats de transfert « , pièces essentielles dans la procédure.
En quelques semaines, le TKC a perdu trois joueurs clé. Il n’est pas le seul club concerné par le phénomène de départ désordonné des joueurs. Guy Roger Toindouba vient également de quitter Cotonsport pour Al Ahly, club libyen de première division. Approché dimanche dernier au stade militaire en marge du match Tonnerre-Coton (0-1), Denis Lavagne, l’entraîneur de l’équipe de Garoua était presque résigné à l’idée de récupérer son milieu de terrain pour les quatre derniers matches de la saison. Mount Cameroon est également touché par le mal. Le club du Fako a perdu Julius Tarkang, son meilleur buteur, parti en Israël. Adiaba Bondoa, considéré par les entraîneurs des sélections de jeunes comme un défenseur plein d’avenir et Léonie Kwekeu (Cintra) ont, de leur côté, pris la destination de…l’Iran. Au grand dam de Martin Ndtoungou Mpilé, coach de la sélection Espoirs qui voulaient en faire des hommes de base de l’équipe olympique. Il s’interroge également sur le plan de carrière de ces joueurs qui choisissent des destinations pour le moins » exotiques « , en matière de football. Du côté des présidents et entraîneurs, on est partagé entre résignation et impuissance. » Que voulez-vous qu’on fasse ? On ne dispose d’aucune mesure de coercition. Il est difficile de retenir un joueur qui veut aller chercher fortune à l’étranger. L’une des solutions pour limiter cet exode désordonné et massif serait que les clubs assurent au moins un fixe à la fin du mois aux joueurs « , propose Essomba Eyenga. Ce qui gêne dans l’affaire c’est moins la décision —légitime des joueurs- que le procédé utilisé. La plupart des joueurs quittent leurs clubs, aidés parfois par des complicités à l’intérieur des clubs, au mépris des règles régissant les règles de transfert international des footballeurs.