Dans l’optique des Interpoules, le secrétaire général de la fédération camerounaise de football s’est ouvert quelques jours avant l’évènement à Ouest Echos. Dans cet entretien, il revient sur les raisons qui a poussé la Fécafoot à revenir sur cette ancienne formule du tournoi Interpoules à 10 clubs, fait l’état des préparatifs et interpelle tous les protagonistes pour un bon déroulement des Interpoules, la 30è édition…
Ouest Echos : Monsieur le secrétaire général de la fédération camerounaise de football, pouvez-vous d’entrée de jeu rassurer les lecteurs du démarrage effectif des Interpoules le 11 octobre prochain ?
Jean René Atangana Mballa : En ce qui concerne le démarrage des Interpoules, le décor est en train d’être planté. Au niveau de l’organisation de la compétition, nous avons tenu des séances de travail avec les responsables provinciaux que sont les secrétaires généraux des ligues provinciales pour revoir, une fois de plus, le règlement spécial qui va normaliser le tournoi. Et puis, nous avons passé un certain nombre de communiqués pour que les équipes qualifiées soient informées de toutes les dispositions tant administratives que financières prises par la fédération. Et je crois qu’à ce jour, comme nous connaissons déjà les dix qualifiés des dix provinces, le calendrier a déjà été élaboré. Nous allons procéder mercredi prochain à la remise des subventions aux clubs qualifiés et puis, on se donnera rendez-vous sur les stades le 11.
Ouest Echos : Là, on comprend que la grogne de certains présidents de la ligue du Littoral n’a été qu’un coup d’épée dans l‘eau. Qu’est-ce que la fédération a pris comme résolutions pour que ce genre de déconvenue n’arrive plus dans l’avenir ?
Jean René Atangana Mballa : Nous ne pouvons pas prendre de mesures particulières. Tout ce que nous faisons (le bureau exécutif), c’est de faire respecter les textes qui ont été votés, adoptés par l’assemblée générale qui est l’organe suprême. Le bureau exécutif n’invente pas, il applique les résolutions prises. Donc, nous ne pouvons revenir en arrière sur ces décisions. S’il le faut, il faut que ça fasse l’objet de la convocation d’une assemblée pour que la démarche soit réglementaire. Cependant, ce que nous souhaitons, c’est que tous les partenaires du football comprennent que nous voulons avoir une gestion moderne digne de l’image que notre football véhicule à l’extérieur. Nous sommes le 1er pays africain et 13è au dernier classement Fifa, c’est dire que nous ne devons pas nous permettre des débordements sur le plan national. C’est vrai que le football suscite beaucoup de passion mais, il faut que le fair play, la tolérance soit quand même le maître-mot de notre activité. Ainsi, par rapport à tout cela, je leur demande de revenir à de meilleurs sentiments et qu’ils comprennent qu’aujourd’hui, la fédération doit être gérée suivant ses propres textes et que, elle seule élabore ces textes. Ceci a été rappelé dans la charte des activités sportives : la loi de 1996. Donc, quand une décision est prise au niveau de la fédération, il faut que cette décision soit appliquée parce qu’il n’y a pas une autre structure au dessus qui peut décider de l’annuler ou d’y revenir. Enfin, qu’on respecte toutes ces personnalités qui s’associent lors d’une assemblée pour prendre une décision. Je crois que c’est comme cela que les choses doivent se passer.
Ouest Echos : Monsieur le secrétaire général, la fédération ayant quand même un droit de regard sur ce qui se passe en province, est-elle satisfaite du comment est-ce que se sont déroulés les barrages qualificatifs dans les 10 provinces ?
Jean René Atangana Mballa : Oui, nous avions suivi le déroulement des barrages dans la plupart des provinces. Si dans certaines il y a eu certains éclats de voix, dans d’autres, nous avions plutôt constaté que le volet purement sportif a été, que le débat a été engagé sur le terrain, à l’exemple du Centre ou du Littoral pour ne citer que celles-là. Mais, il y a une chose qu’il faudrait quand même comprendre. Il ne faut pas que les gens pensent que les compétitions que la Fécafoot organise vont toutes se dérouler sans revendications. Cela se traduit d’ailleurs au cours d’un match: quand un arbitre sanctionne une faute, vous verrez toujours qu’il y en a qui sont pour et d’autres qui sont contre. Nous organisons au niveau du championnat de 1ère division 240 matches dans l’année, vous n’imaginez pas que ces matches vont se jouer sans qu’il y ait des problèmes quelque part ! Même en Europe où tous les atouts sont réunis pour qu’un match se déroule normalement, vous entendrez toujours qu’il y a des problèmes, des buts refusés, des décisions des arbitres contestées, etc… ! Je crois qu’il faut seulement éviter de descendre au dessous de la moyenne acceptable et, c’est ce que nous faisons aujourd’hui. Notre championnat se joue normalement et au niveau des provinces, ça se joue également, mais il faut s’attendre à ce qu’il ait des problèmes. C’est bien pour ça que nous sommes là pour essayer de les résoudre, donc dire que tout se passe sans faute, ça n’existe nulle part dans l’œuvre humaine.
Ouest Echos : Maintenant que les 10 qualifiés sont connus, qu’est-ce qu’ a prévu la fédération pour accompagner chaque équipe à ce tournoi Interpoules ?
Jean René Atangana Mballa : Vous savez, la fédération camerounaise de football, depuis que l’équipe deM. Iya Mohammed est en place, s’est fixée certains objectifs parmi lesquels accroître les ressources de la fédération, ressources qui doivent servir aux acteurs qui sont les joueurs, les clubs, … Nous avons constaté que dans les années précédentes, certaines équipes enduraient d’énormes difficultés si bien qu’elles n’arrivaient même plus à supporter les frais de leur séjour pendant le tournoi. C’est ainsi que nous avons recherché avec nos partenaires ce soutien financier qui fait qu’aujourd’hui, la seule subvention que la fédération donne aux clubs, leur permette déjà de faire face à plus de la moitié des charges qui leur incombe. Nous avons, en plus de cette subvention, ajouté le transport qui va être pris en charge par la fédération. Avouez quand même que tout cela, ce sont des choses inédites. De mémoire de joueur que j’ai été, président de club et autre, ce qui est en train de se faire aujourd’hui mérite quand même une certaine reconnaissance et puis des encouragements de tout le monde pour qu’on essaie de porter notre football de l’avant.
En plus de ces subventions, les clubs vont bénéficier des recettes de stade qui vont être également réparties par groupe, c’est-à-dire à tous les clubs qui prennent part à la compétition. Et par exemple le groupe de Douala avec 5 équipes, à chaque journée de championnat, la recette sera divisée par 5 et on donnera ces subventions aux équipes. L’année dernière, je crois que les équipes ont enregistré quand même les sommes considérables si bien que, en plus de la subvention, les recettes ont apporté une enveloppe consistante. C’est ce que nous recherchons.
Ouest Echos : En termes chiffrés, quel est concrètement l’apport de la fédération à chaque équipe?
Jean René Atangana Mballa : Eh bien, nous avons notre partenaire, la société Mtn, qui apporte déjà 3 millions à chaque équipe. En plus de ces 3 millions, elle donne 1million de francs pour les équipements, prend en charge tous les frais de transport aller et retour des 10 équipes et également la délégation de la fédération. Parce que chaque délégation doit être accompagnée par des responsables de la fédération qui reçoivent d’elle une subvention qui leur permet de supporter eux-mêmes directement leurs frais sur le terrain ; ce qui éviterait à ce qu’ils soient encore pris en charge dans les frais de l’équipe.
Effectivement, au niveau de l’organisation, nous avons prévu un budget de couverture qui va nous permettre d’intervenir s’il y a un problème à quelque niveau que ce soit.
Ouest Echos : Monsieur le secrétaire général, en appliquant cette ancienne-nouvelle formule, que vise concrètement la fécafoot ? Qu’est-ce que cela va apporter au football camerounais ?
Jean René Atangana Mballa : La fédération camerounaise de football a pour mission de développer le football dans toutes les dix provinces de la République c’est-à-dire sur l’ensemble du territoire. Ainsi, il faudrait que les dix provinces aient les mêmes chances de voir leur équipe accéder en première division. Donc, c’est ça qui nous a amenés à revenir sur l’ancienne formule. Si on ne le fait, ce serait déjà enfoncer certaines provinces qui ont déjà des difficultés aujourd’hui parce qu’elles ne se retrouveront plus jamais en première division. Ce n’est pas de leur faute si Douala abrite la capitale économique, si le Centre abrite la capitale politique, si l’Ouest a une forte concentration d’hommes d’affaires (mécènes capables de prendre en charge de club tout entier). Donc il faut tenir compte de cet aspect-là. On ne peut pas comparer par exemple la province de l’Est à la province du Littoral aujourd’hui ; nous savons que les provinces du Littoral, du centre ou de l’Ouest ont un volume d’activités plus important –en terme de football- que les autres provinces comme l’Est… Il faut aussi se dire que ce sont les originaires de toutes les 10 provinces qui viennent animer l’activité sportive dans ces provinces (Littoral, centre, Ouest, ndlr) ; elle n’est pas du fait des seuls originaires de ces provinces, non ! Donc, continuer à pénaliser ces provinces ( à faible volume d’activité sportive, ndlr), je crois que ce ne serait pas très juste quelque part. Il faut qu’aujourd’hui, à ces provinces, on leur donne aussi la chance. Puisque, quand une province comme le Sud a une équipe en première division, c’est motivant, ça encourage les jeunes qui ne se disent plus lésés à s’intéresser au football !
C’est ça les objectifs que la fédération veut atteindre, donc vulgariser et développer le football sur l’ensemble du territoire et puis ce souci d’équité.
Ouest Echos : Monsieur le secrétaire général, sur quels signes placez-vous ce tournoi Interpoules et quel message pouvez adresser à tous les acteurs qui entreront en scène d’ici le 11 octobre pour cette fête du football ?
Jean René Atangana Mballa : Nous plaçons ce tournoi d’abord sous le signe de la perfection. L’année dernière, les choses se sont relativement bien passées ; cette année, nous voulons préserver les acquis et faire mieux. Pour ce faire, nous comptons sur tous les acteurs. En ce qui concerne les officiels qui doivent diriger les rencontres, les dispositions ont été prises pour qu’ils fassent preuve de beaucoup d’objectivité, qu’on n’ait plus à décrier des comportements comme ça a souvent été le cas par le passé. Pour cela, il y a un test de maintien qui a été fait à Douala dernièrement. Après les résultats des épreuves pratiques et physiques, ces arbitres vont être jugés sur le terrain. Ce qui fait qu’après les Interpoules, tous les arbitres qui auront été défaillants se verront retirer leur attestation d’arbitre. Je crois que ceci pourra nous garantir le bon déroulement des compétitions ; c’est dire que les arbitres ont un rôle très très important à jouer : ils auront des matches à diriger et ils nous aideront vraiment s’ils le font avec professionnalisme.
Et puis maintenant, les acteurs même qui sont sur le terrain c’est-à-dire les joueurs, les clubs ; qu’ils rendent cette fête belle, que le fair play prévale et qu’ils offrent un bon spectacle au grand public qui, qant à lui, devrait faire preuve aussi de fair play, de moins de passion. Dans la formule que nous avons actuellement, aucune équipe ne joue à domicile, toutes les équipes évoluent pratiquement en terrain neutre.
Les chances sont accordées à chaque équipe. Et je crois que si tous ces ingrédients sont réunis, nous allons faire honneur au football camerounais. Vous savez, c’est le seul tournoi national de notre pays qui réunit toutes les provinces de la République parce que, même le championnat de 1ère division se joue avec 5 ou 6 provinces. Donc, il faut que ce tournoi connaisse une réussite totale.
Interview réalisée par Kisito M. NGALAMOU