Depuis deux ans, le Fécafoot s’est engagé dans un programme d’assainissement au sein du corps arbitral. Un programme dont les résultats positifs commencent déjà à se faire sentir. Nous avons rencontré Laurent Petcha, président de la Commission Centrale des Arbitres (CCA) de la Fédération Camerounaise de Football.
– M. le président, la Fécafoot a organisé, les 24 et 25 janvier dernier des tests de sélection des arbitres en quoi consistent ces tests ?
Nous organisons ces tests pour sélectionner les meilleurs arbitres qui seront appelés à officier la saison prochaine en championnat de D1. Nous avons un effectif pléthorique et comme nous voulons que les arbitres s’améliorent, nous avons demandé au bureau exécutif de la Fécafoot de nous donner son aval pour que les effectifs des arbitres soient réduis. Nous ne devons pas faire cette réduction sur des critères qui sont subjectifs ou fictifs. A l’issue de ces tests, les plus méritants seront retenus et ceux qui obtiendront un mauvais résultat seront obligés à quitter les champs. C’est avec beaucoup de regrets que nous allons nous séparer d’eux, mais on ne peut pas faire des omelettes sans casser des oeufs. Ceux qui seront retenus, seront appelés à suivre à nouveau un stage technique et pratique afin d’améliorer leur comportement sur le terrain.
– Depuis deux saisons maintenant, on parle d’assainissement au sein du corps arbitral. Qu’est-ce qui motive cette campagne d’assainissement ?
L’homme court chaque jour vers la perfection. Nous avons actuellement au sein de notre corps, des arbitres qui ne répondent plus aux normes. Le jeu évolue, la science est évolutive. Il faudrait que les arbitres puissent aussi évoluer pour être sur la même longueur d’onde que l’évolution du jeu. De plus, nous avons un corps vieillissant. Il faut également le rajeunir en tenant compte des plusieurs facteurs. Nous voulons avoir des arbitres qui soient techniquement, moralement et physiquement aptes à répondre aux exigences du jeu, de la fédération et capables de sauver l’éthique sportive à tout moment en mettant en exergue leurs qualités tels que le courage, la transparence, l’intégrité. C’est cela que nous recherchons.
– On dit le corps arbitral camerounais gangrené par la corruption qu’en dites-vous ?
Le mot corruption est un mot qui existe depuis longtemps dans le dictionnaire. C’est pour dire que la corruption ne concerne pas seulement les arbitres. Mais nous sommes en train de tout faire pour qu’au niveau du corps arbitral, qu’il n’y ait plus des arbitres corrompus. Mais il faut dire que le problème part des instances dirigeantes des clubs ou de la fédération. Parce que la plupart des arbitres concernés par la corruption, reçoivent la bénédiction ou passent par certains dirigeants de clubs ou de la Fécafoot. Or vous convenez avec nous que, si les responsables eux-mêmes se mettent à exercer de pressions ou à corrompre les arbitres, nous ne saurons plus de quel côté se trouve le bon Dieu. Donc, aujourd’hui au niveau de la CCA, nous ne voulons plus d’arbitres corrompus. S’il y a un doute au niveau de la moralité d’un arbitre, nous allons le mettre à l’écart et si les faits se confirment, nous le radions. Il ne faudra pas seulement sanctionner le corrompu, mais aussi le corrupteur, l’intermédiaire et les autres. Or actuellement il y a comme deux poids, deux mesures. Quand un arbitre s’est laissé corrompre, on le sanctionne, mais le corrupteur bénéficie des circonstances atténuantes. Nous devons donc mener un combat pacifique mais ferme pour que désormais, quelque soit le grade d’une personne, si elle est reconnue coupable de corruption envers un arbitre, qu’elle soit sanctionnée sinon l’arbitre ne le sera pas non plus.
– La CCA a régulièrement fait l’objet d’accusation portant sur les désignations fantaisistes des arbitres appelés à officier certaines rencontres.
Nous disons à ce sujet, que se sont les gens qui voient ces désignations fantaisistes. Nous avons des critères de désignation, des fiches de rotation. Nous avons un effectif d’une vingtaine d’arbitres qu’il faut gérer pour un nombre important de matches. Un club ne doit pas voir tous ses matches dirigés par le même arbitre. Il faudrait au moins qu’un arbitre ne retrouve le même club qu’après trois journées au moins. Donc il est impossible qu’un arbitre ne puisse diriger les matches d’un même club deux ou trois fois par ans. Même si nous faisions appel à des étrangers cela ne passerait pas. Nous avons autour de 240 matches par an. L’essentiel pour nous est qu’il y ait des arbitres sur le terrain en qui nous pouvons avoir confiance. Ceux qui ne peuvent nous inspirer de la confiance, nous les ferrons partir. Pour revenir à la question des désignations, nous tenons compte, avant de désigner un arbitre, des critères de compétence, d’intégrité et de certaines réalités sociologiques.
– La CCA a récemment publié un classement des arbitres par ordre de mérite. Quel était le but visé par cette opération ?
Nous voulons faire comprendre au public que parmi les arbitres, il y a certains qui sortent du lot. Parmi les cinq meilleurs il y a des arbitres assistants. Nous voulons créer de l’émulation au sein du corps. Il faudra donc que ceux qui sont sortis du lot, essayent de se maintenir voire d’améliorer leur classement. Les éléments que nous utilisons sont par exemple les notes des commissaires des matches, les rapports des arbitres inspecteurs et enfin l’intime conviction des membres de la commission.
– Certains observateurs locaux pensent l’arbitrage camerounais très peu présent sur le plan international comment expliquez-vous cela ?
C’est une erreur. Je suis membre de la commission de la CAF. Je suis assez bien placé pour le savoir. Le problème c’est que les gens ne cherchent pas l’information à la base. Dernièrement, un trio d’arbitres camerounais a dirigé la finale aller d’une Coupe de la CAF qui se jouait au Maroc. Il s’agissait de Endeng, Nguewa et Evehe. Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Les arbitres camerounais sortent. C’est le manque d’informations qui est à l’origine de ce genre de chose.
– Mais lors des grands rendez-vous comme la CAN ou la Coupe du monde on voit très peu d’arbitres camerounais.
Au niveau de la Coupe du Monde c’est vrai, n’avons pas encore envoyé d’arbitre camerounais, mais au niveau de la CAN, depuis deux, trois CAN, les arbitres camerounais y sont. Déjà à Ouagadougou en 1998, nous avions Pele comme assistant, en l’an 2000, nous avions un assistant et dernièrement au Mali, nous avions Evehe et Endeng. Je crois que finalement avec beaucoup de travail, nous enverrons un ou deux arbitres en Coupe du monde. Ce n’est pas facile, mais nous nous y attelons
JJM