Le gouvernement chinois s’est porté garant pour la construction et la réhabilitation de certaines infrastructures sportives au Cameroun, notamment les stades de football et les palais des sports.
Dans la province de l’Ouest où le dossier relatif aux travaux de finition du fameux stade omnisports est une fois de plus sorti des tiroirs, les entrepreneurs chinois pourraient être bloqués par le laxisme de certaines autorités administratives qui continuent à douter de l’existence ou non des plans des infrastructures à réhabiliter.
Le bonheur du public sportif de la province de l’Ouest pourrait enfin venir du gouvernement chinois. En effet, dans le cadre d’un protocole d’accord signé avec le gouvernement camerounais, un vaste programme de développement des infrastructures sportives (pour une période de 4 ans) est en train de prendre corps. Il s’agit en l’occurrence de la réhabilitation des stades de football et de la construction des palais des sports d’une capacité variant entre 2000 et 5000 places. Les villes de Douala, Yaoundé et Bafoussam seront les premiers bénéficiaires. Puis suivront les villes de Bamenda, Limbé, Ebolowa et Bertoua pour ne citer que celles-là.
La délégation chinoise qui a séjourné à Bafoussam en début de semaine était composée de Li Sha, Li Tuan We, l’architecte et Hu Xiao Ming, le président du groupe qui a gagné le marché de construction de ces infrastructures auprès du gouvernement de Pékin. Dans leur valise, ils avaient une maquette de quelques réalisations faites en Chine par le groupe. Et surtout les photos de six des dix stades devant abriter les futurs jeux olympiques qui auront lieu à Pékin en 2008.
Avant la rencontre avec Pascal Mani, le gouverneur de la province de l’Ouest, la délégation chinoise et les responsables du ministère des sports ont fait une visite guidée dans le chantier abandonné du fameux stade omnisports de Bafoussam, du bourbier du stade municipal et du site (3 hectares) où le palais des sports (2000 places) sera édifié. Le site identifié pour le moment est situé à un jet de pierre du chantier du stade omnisports. Les uns et les autres sont restés de marbre dans ce qui tient lieu de stades de football dans la ville de Bafoussam qui pourtant compte 5 clubs, sur les 18, affiliés au championnat national de première division.
Le délégué du gouvernement, le préfet de la Mifi et le gouverneur ont exprimé leur fierté d’accueillir les ingénieurs chinois qui pourraient enfin sortir la ville de Bafoussam de la fondrière; surtout pour ce qui est des stades de football. Tout en émettant le vœu que le dossier réouvert ne tombe plus dans les oubliettes des tiroirs comme ce fut le cas par le passé. «Le sport à Bafoussam se pratique dans des conditions exécrables», a mentionné le gouverneur Pascal Mani au cours de la séance de travail qui a eu lieu dans ses services.
Laxisme
A en croire Daniel Ngoa Nguele, chef de division des études, de la planification et de la coopération au ministère des sports et de l’éducation physique, qui conduisait la délégation, la première mission consiste d’abord à aller sur le terrain et inspecter les lieux. «Nous, du ministère des sports et de l’éducation physique, nos partenaires consultants Camerounais et les partenaires de la coopération chinoise sommes ici aujourd’hui pour cette étape des activités à mener dans le sens de la réhabilitation et de la construction des infrastructures sportives. Nous sommes à Bafoussam aujourd’hui et demain nous serons à Douala parce que le ministère des sports ne voudrait plus qu’on reste à la traîne. Mais que le Cameroun prenne la place qu’il mérite dans le quota des nations sportives en Afrique» explique-t-il.
La principale préoccupation des chinois à Bafoussam était l’obtention, avant le retour sur Pékin, des plans des stades municipal et omnisports. Devant le gouverneur, le délégué provincial des sports et de l’éducation physique, Maurice Nana Saleng, a vertement exprimé sa gêne de ne pas savoir exactement où se trouve les plans de ces infrastructures. Toutefois, il croit savoir que cela devrait se trouver dans les services de la délégation provinciale des travaux publics. Ce que conteste une source pour qui aucun plan des stades en question ne serait disponible. Auparavant, le gouverneur a instruit ses proches collaborateurs de tout faire pour trouver les plans et les remettre aux demandeurs.
On se souvient qu’en juillet 2005, Dieudonné Philippe Mbarga Mboa, alors ministre des sports et de l’éducation physique, avait mis sur pied une commission, moyennant de fortes sommes d’argent, pour étudier la faisabilité de la réhabilitation du même stade omnisports. On reste cependant surpris que les responsables du sport, pourtant en poste à l’époque, doutent encore de l’existence ou non du plan des travaux de construction de ce stade engagés, il y a de cela près de 30 ans. Les sociétés Bouygues, Nanga Compagny, et Sobea ont successivement travaillé dans les installations en ruine sans jamais achever la construction. En cas de finition des travaux, le stade devrait avoir une capacité de plus de 30.000 places assises.
Pour ce qui est du stade de Bamendzi, vieux de plus de 25 ans, il croupit sous le poids de la vétusté : toiture de la tribune endommagée depuis juin 2006 par la tornade, aire de jeu impraticable, main courante inexistante, en plus des toilettes et du parking. Même les 20 millions de Cfa débloqués récemment par le ministère pour sa réfection ont pris une destination inconnue.
Selon des sources proches du ministère, le gouvernement chinois, conformément au protocole d’accord signé, pourrait gérer les infrastructures en voie de construction pendant un certain nombre d’années avant de rétrocéder la gestion et les infrastructures à la partie bénéficiaire. Des avantages dont n’ont pas pu bénéficier certains opérateurs économiques qui, il y a quelques années, avaient mûri l’ambition d’achever les travaux de construction du stade omnisports de Bafoussam.
Blaise Nwafo à Bafoussam