Il faut se pincer pour réaliser à quel point le Général Semengué est tombé. Homme fort des années 70, 80 et 90 dans l’ensemble du Cameroun, les retombées sur ceux qui étaient plus ou moins proches du Général inspiraient respect. Afin qu’il ne s’ennuie pas trop après avoir été mis aux rencarts par le Président de la République, l’on a intimé le Président de la Fécafoot d’alors, Mohammed Iya, a lui offrir un petit segment de son pouvoir, question de l’occuper quelque peu.
Il a ainsi hériter de la Présidence de la Ligue de Football Professionnel et a fait de son mieux. Il n’aurait dû y rester que deux ans au mieux, puis quatre ans. Mais comme au Cameroun la chèvre broute où elle est attachée, il s’est un peu plus attaché à son pretoir année après année. La Ligue ? quelle Ligue. Aka, c’était là aussi. Et les subventions promises par Paul Biya pour véritablement lancer le professionnalisme furent personnalisé. Le Général prétendait que c’est par sa seule présence que le Chef de l’État se montrait si généreux; ou encore c’est à cause de leur amitié. Le chantage affectif. Et les présidents de club se sont ainsi longtemps laissés berner. Mais ça fonctionnait. Et le Général s’est installé dans une sorte de confort qui l’a perdu.
Il a engagé de multiples batailles contre différents clans en même temps. Il a oublié un des grands principes de l’art de la guerre, qui est de choisir ses batailles.
Tout au long de sa vie militaire, il a broyé des hommes et des femmes, brisé des carrières, des vies, des consciences, au nom d’un idéal qui était de servir son maître. Sa reconversion dans le civil a dans un premier temps été encadré par ses amitiés, et la peur de le confronter.
Lorsque que le Comité Exécutif dirigé par Seidou Mbombo Njoya a décidé de s’en prendre massivement à la Ligue qu’il dirigeait, à le suspendre personnellement, et à prendre à son propre compte les destinées des championnats d’Élite, le Général était convaincu que cela ne durera que le temps de le dire. Mais la nouvelle structure, même avec un fonctionnement chancelant, a aussi reçu du gouvernement des sommes quasi identiques de subventions que celles offertes les années précédentes à l’ami intime de Paul Biya. Surprise non ?
Réveillé par la brutalité de l’abandon, insulté par le refus des autorités administratives de s’atteler à lui remettre « sa » Ligue, le Général a donc entrepris d’engager la bataille auprès du Tribunal Arbitral du Sport à Lausanne. Peut-être sa dernière véritable bataille ?