La Fécafoot a publié au début du mois de mai sa décision d’arrêter à ce stade tous les championnats organisés sur l’étendue du territoire qu’elle contrôle. C’est qu’après concertation avec les différentes parties prenantes, il était carrément impossible d’avoir les moyens tant financières qu’humaines, d’assurer un retour progressif au jeu. Peut-être que l’on comprend mieux après la première journée de reprise en Allemagne où des moyens conséquents ont été mis sur la table pour le retour au jeu.
En interview sur le plateau de RSI, le président du conseil d’administration de Union Sportive de Douala a affirmé que « le protocole pour pouvoir jouer en l’état actuel a été examiné, la commission médicale de la fédération a donné un verdict en émettant de sérieuses réserves quant à la reprise du championnat. En l’état actuel de la pandémie, il est impossible de garantir la santé des joueurs« .
Même si le déconfinement est totalement amorcé et que l’activité économique reprend graduellement, le président du Syndicat des Club d’Élite du Cameroun estime que « le footballeur est une personne qui fait un métier complètement différent des autres. Autre chose, les règles sont telles que si vous êtes déclarés positif au Covid-19 dans une structure, tous ceux qui ont été en contact avec vous doivent être mis en quarantaine dans les quatorze jours. Dans ce cas de figure, si on reprend le championnat et qu’après la première journée trois joueurs de l’Union sont déclarés positifs qu’est ce qu’on fait? On les mets en quarantaine? Et le reste des joueurs aussi?
Non, il fallait se mettre dans la posture de l’anticipation pour pouvoir prendre la bonne décision. C’est ce que nous avons fait. »
Si certain estiment que la décision fut simplement hâtive, Franck Happi n’est pas d’accord : »
Le Président de la fédération a pris contact avec le Ministère des sports et avec le Primature tel que cela nous a été rapporté. On avait un devoir de responsabilité. Est-ce qu’en l’état actuel nous sommes capables de garantir la sécurité des joueurs? On devait attendre jusqu’à quand?
Comparons les choses qui sont matériellement et statistiquement comparables. Nous sommes dans un pays où nous avons déjà des problèmes de santé publique. Le football est dérisoire face à tout ça. Même si on joue sans défibrillateur, ce qui est en soi un tord, au moins, en cas de problème sur un terrain, vous étiez assurés. Une assurance que nous n’avions plus avec l’arrivée du coronavirus puisque dès que l’OMS a déclaré cette maladie comme une pandémie mondiale, les assurances au Cameroun ont dit qu’elles se désengageaient de tout. Dans un tel contexte, si un joueur décède, dites moi qui prend la responsabilité? Logiquement c’est soit l’Etat, soit la fédération. Mais avec quels moyens? »
« Les championnats européens que vous prenez souvent en exemple n’ont pas les mêmes enjeux que nous. En occident, ils ont les droits télé, les sponsoring. De plus face à cette crise en France, la Ligue de Football a été obligée capable de faire un emprunt pour protéger les clubs afin qu’ils ne pas tombent pas en faillite. Ce qui n’est pas possible dans notre contexte! Partout ailleurs, les clubs et leur organisation prennent eux même en charge la situation du Covid. Ce n’est pas l’Etat, ni la Fédération, ce sont les clubs. Dans le cas du Cameroun pour que nous puissions jouer, il fallait que l’État du Cameroun accompagne au moins la réalisation des tests. Et vous pensez sérieusement qu’avec les problèmes de santé publique que nous avons en tant que citoyen, le footballeur qui est déjà quelqu’un de privilégié par l’État allait bénéficier encore de l’assistance des pouvoirs publics?
Non le football dans cette situation devient une affaire secondaire.«