Au Cameroun, on n’organise pas des cérémonies fastes pour célébrer le « Pichichi » comme en Espagne, le soulier d’or européen ou le meilleur attaquant de la Champions League européenne comme c’est le cas sur le « vieux continent ». Mais, le meilleur buteur du pays de Roger Milla suscite une profonde admiration de la presse nationale, de ses co-équipiers et du public qui n’a d’yeux que pour les buts.
La preuve, lors de la dernière journée du championnat, dimanche 3 septembre dernier à Douala, une nuée de journalistes se sont marchés dessus pour arracher les impressions de Franci Litsingi. « Ce n’est pas encore fini ! Il y a encore la coupe du Cameroun qui est en cours. Et je dois inscrire d’autres buts » disait alors le buteur Congolais.
Depuis le kick-off du championnat camerounais, Franci Litsingi n’avait qu’une seule idée à l’esprit : « marquer le maximum possible de buts ». Au finish, son objectif est atteint. 15 buts ! « Mais ça n’a pas été facile, précise l’attaquant de Cotonsport. Au Cameroun, il n’y a pas de petites équipes. Il faut beaucoup travailler pour devenir meilleur buteur». L’objectif du Congolais dès le début de la saison était-il donc de devenir meilleur butteur ? La réponse jaillit aussitôt : « oui, bien sûr ! ». Une honorable prestation qui a contribué, entre autres, à hisser Cotonsport au sommet du podium pour la quatrième fois consécutive. Un record dans l’histoire du football camerounais.
Meilleur buteur 2005 au Congo
Pour sa première saison dans notre Championnat le jeune joueur de 20 ans a inscrit 15 buts. Durant toute la saison, il a brillé par un opportunisme à souhait. Délivrant son club, même dans des contextes les plus rudes. Lentement mais irréversiblement, il s’est imposé comme l’homme des retournements des situations compliquées. Wang Honi, son manager, ne tarit pas d’éloges à son égard : « C’est un joueur complet. Il est passeur, buteur, combatif. Il est jeune, c’est ce qui fait sa force. Mais il a du chemin encore à faire » .
Originaire de la République Démocratique du Congo (Rdc), Franci a franchi le fleuve Congo il y a quelques années pour monnayer son talent de l’autre côté de la rive, à Brazzaville. En 2005, son club, Saint Michel, a pris des galons grâce au sens du but de cet avant-centre prometteur. Au pays de Sassou Nguesso, il y a le championnat régional, et le championnat national. Dans la première compétition, Franci a inscrit 20 buts et 12 sur le plan national. En coupe du Congo, Litsingi a percé 5 fois les filets. Une performance qui a tapé dans l’œil de l’ambassadeur du Cameroun au Congo, S.E. Guillaume Nseké, qui l’a contacté pour le faire venir au Cameroun. Après les négociations avec son agent, Litsingi dépose ses valises à Cotonsport, le club le mieux structuré de l’heure au Cameroun. « Il a confirmé les potentialités qu’on a cru déceler en lui et c’est une fierté pour moi » jubile Wang Honi, l’agent Camerounais qui se présente également comme le dénicheur d’un autre pépite d’or, le buteur Congolais Wilfried Edzanga, qui a fait les beaux jours de Cotonsport en 2001-2002 avant de s’envoler pour l’Algérie.
Samuel Eto’o comme modèle
Benjamin d’une famille de sept enfants, Litsingi révèle être tombé, à l’instar d’Obelix dans la potion magique, très tôt dans le football. C’est la raison pour laquelle il avoue avoir « arrêté l’école au secondaire pour me consacrer à ma passion ». Impuissants devant cet enfant qui a choisi son chemin, ses parents ne vont cesser de lui procurer des conseils et de l’encourager à réussir dans le football. Conscient qu’il ne mangera qu’à la sueur de son front, le goleador congolais affirme travailler. Gonflé de confiance, Franci nourrit deux rêves: jouer un jour au FC Barcelone comme son idole, un certain… Samuel Eto’o et évoluer aux côtés de Trésor Lualua chez les ‘’Simba », l’équipe nationale de la RDC. Pour y parvenir, le célibataire, père d’un enfant, ne songe pas encore au mariage. « Je ne suis pas venu au Cameroun fonder un foyer, mais pour progresser professionnellement et assouvir mes ambitions » soutient-il. Il devra cependant éradiquer son talent d’achille. « il a trop confiance en lui. Franci a tendance à aborder les matches avec facilité. S’il se concentre davantage, je suis sûr qu’il fera des merveilles », jure son manager Wang Honi.
Eric Roland KONGOU, à Douala