Elle est bien lointaine l’époque où le championnat national de football première division faisait courir les foules. En ces temps immémoriaux, d’authentiques virtuoses du ballon rond assuraient le spectacle à travers les stades de la République.
Pendant de longues années, la liste des étoiles du championnat national se déclinait en un véritable chapelet. Ainsi, de la fin des années soixante au début des années 90, les Mvé, Ndoga, Nlend Paul, Bekombo, Mangamba, et plus tard Abega Théophile, Mbida Arantès, Emana René, Fouda Zibi, Ekoulé Eugène, Enanga Joseph, Kamga Joseph, Ndoumbé Lea, Toubé Charles Thomas Nkono, Roger Milla, Manga Onguéné, Akono Jean Paul, Omam Biyick, Kana Biyick, Bell Joseph Antoine, Clarles Ntamark, Mbouh Emile, Georges Weah, Koffi Abbrey, Japhet Ndoram, James Debbah, Jacques Songo’o etc. ont plongé les footeux camerounais dans la volupté. Et puis patatras. Le championnat d’élite n’arrive plus à révéler de nouveaux joueurs d’envergure. Pire, au fil des ans, ce que d’aucuns ont assimilé à un passage à vide, est devenu une maladie chronique. Tant et si bien que l’équipe nationale de football, les Lions indomptables du Cameroun jadis constituée en grande partie de joueurs du cru, est désormais la chasse gardée des joueurs expatriés. Une situation inquiétante. Bien plus l’organisation médiocre et le faible niveau des compétitions nationales font craindre que les choses ne s’aggravent.
Pourtant, en dépit de ce sombre tableau du championnat national, quelques joueurs essayent bon an mal an d’illuminer les compétitions nationales. Tout au moins de créer l’illusion. Car, à peine ont-ils commencé à pointer le bout de leur nez, que les voilà tentés par les fastes et les paillettes du football professionnel. Ainsi, au cours des trois dernières saisons de la première division nationale, la plupart des joueurs qui se sont illustrés, se sont très vite exilés. C’est le cas de Daniel Wansi (Crack d’or 2001 du quotidien Mutations), Eric Ekounga ( Globe d’or, 2002 de l’hebdomadaire Global Football), Parfait Mbida Messi (Crack d’Or 2002), et Marcus Mokaké (Crakc d’or et Globe d’or 2003). D’autres, comme Parfait Ngon à Djam, Eric Kweukeu, Jean Etélé, Gaspard Aloma etc. sont allés tenter l’aventure professionnelle et ont connu des fortunes diverses. Ils ont regagné le bercail, mais ne désespèrent pas de partir une nouvelle fois. Malgré tout, le championnat national de D1 qui a débuté il y a deux semaines, va faire contre mauvaise fortune bon cœur. Et quelques joueurs au talent indéniable vont tenter d’apporter un peu de plaisir aux supporters camerounais.
Les vedettes locales auront pour nom cette saison, Daniel Moncharé, Sébastien Ndzana Kana, Amour Patrick Tignyemb, Narcisse Abada Fish, Georges Nnomo Ambassa, Eric Kweukeu, Jean Etélé, Elvis Mokaké, Emmanuel Manyaka Ikome, Louis Philippe Belinga, Patrick Nso Nde, Oumarou Sanda, Amadou Ngomna, Eric Zambo, Mathurin Kameni etc. C’est à ces joueurs et à bien d ‘autres qu’incombe la responsabilité de redonner au football national ses lettres de noblesse. Avec le couac essuyé par l’armada des professionnels à la CAN 2004, les joueurs du cru, tiennent une bonne occasion d démontrer qu’ils valent mieux. Mais quoi qu’ils fassent, leur talent seul ne pourrait suffire. Il est important que des conditions idoines pour leur épanouissement soient réunies. Pour ce faire, des infrastructures doivent être mises en place et au niveau des clubs, les joueurs doivent être mieux traités. Néanmoins avec la multiplication des centres de formation dans le pays, dont certaines équipes commencent à accéder à l’élite, on se met à rêver de l’émergence d’une nouvelle génération de stars.
Simon Pierre ETOUNDI