Le 49e championnat national de football première division, baptisé Mtn Elite One, est un signe précurseur de la modernisation du football camerounais. Mais les observateurs, même les plus avertis, éprouvent toujours de la peine à penser effectivement à un football professionnel au Cameroun dans les années à venir.
Le mardi 4 décembre 2007, une délégation de la fédération camerounaise de football, Fécafoot, a séjourné dans la province de l’Ouest. Elle était conduite par Bissou Mahop, médecin. Sur place dans la province de l’Ouest, ce dernier s’est attaché les services de Philippe Kamdem, lui aussi médecin. L’objectif premier de cette délégation de la Fécafoot à l’Ouest était de procéder à une consultation médicale effective des joueurs appelés à prendre part au 49e championnat national de football, Mtn Elite One.
Aigle de la Menoua, Fovu de Baham et Unisport du Haut-Nkam. Tels sont les clubs qui étaient concernés par cette mission. Seul Sable de Batié, dont le retour à Bafoussam a été récemment annoncé par Francis Mveng, vice-président de la Fécafoot, était absent. A n’en point douter, c’est au stade Mbapélépé de Douala que le club des Hauts-Plateaux de l’Ouest devrait évoluer cette saison.
En dépit du stress qui a caractérisé la majorité des joueurs, Bissou Mahop et son collègue Philippe Kamdem n’ont pas failli à leur tâche. Au total, 82 joueurs ont été soumis au test de glycémie, de cardiogramme et d’autres analyses musculaires. Ces examens sont dans l’optique de dépister éventuellement les joueurs diabétiques, les cardiaques et ceux encore dont le physique ne leur permet pas d’être soumis à une compétition comme le championnat de première division. Parfois long et épuisant.
Au terme des différents prélèvements, les dossiers des 82 joueurs ont été transmis à Yaoundé pour analyse. Toutefois, il n’est pas à exclure que les résultats pourraient s’avérer fatals pour certains joueurs qui par le passé auraient eu à jongler en ce qui concerne l’exactitude de leur état de santé physique. «C’est la toute première fois, depuis que j’ai commencé à jouer au football, qu’on m’a soumis à ce genre de tests médicaux», s’est inquiété un joueur de Fovu de Baham.
Avec les nouvelles reformes qui entrent en vigueur cette saison à la Fécafoot, celle-ci ne s’engage à prendre en charge que les frais des certificats médicaux, de licences et l’équipement de 25 joueurs par équipes. Les frais pour ce qui est des surplus des joueurs, 5 au trop, devant être pris en charge par les responsables des clubs. C’est d’ailleurs dans ce sillage de réforme qu’on peut classer les équipements sportifs, constitués des ballons de football, des maillots, des chasubles et autres matériels d’entraînements, octroyés aux 16 équipes, cette semaine, par la Fifa et la Fécafoot.
Depuis quelques années déjà, la direction générale de la Fécafoot, alors dirigée par Patrick Précheur, démissionnaire, avait pris l’initiative de sommer les clubs à se doter d’un siège, avec secrétariat permanent, des adresses avec entre autres une boîte postale, une ligne téléphonique et une adresse e-mail. Sans oublier la création des équipes juniors. Une initiative qui, en son temps, avait été boudé par l’Association des clubs de première division, Acpd, dirigée par Michel Kamdem, le président de l’Union sportive de Douala. L’une des raisons évoquées était le manque de subventions aux équipes engagées en championnat.
Bras de fer
Compte tenu de la galère, voire la misère ambiante dans laquelle vivent certains joueurs, sauf à une exception près ceux de Cotonsport de Garoua qui a déjà un pied dans le football professionnel, avec un budget prévisionnel annuel d’environ 300 millions, il est demandé aux présidents de clubs de donner, mensuellement un salaire à leurs joueurs. Soit 50.000 Cfa pour les joueurs de Elite One et 30.000 Cfa à ceux de l’Elite Two. Des nouveautés qui ne seront pas du goût de certains dirigeants de clubs qui ont fait du football un fonds de commerce ; au détriment des joueurs qui les enrichissent. Avec les subventions qu’apportent la Fifa et la Fécafoot, sans oublier les subventions de Mtn, le sponsor officiel de la compétition, on espère que l’Acpd n’opposera plus un autre bras de fer à ces initiatives.
A en croire les dirigeants de la Fécafoot, des gardes fous seront pris pour que le championnat camerounais s’achemine d’ici peu vers un championnat professionnel. C’est dans ce sillage que Abdouraman, le communicateur de la Fécafoot, au lendemain de la 48e finale de la coupe du Cameroun, a laissé entendre que le 50e championnat d’élite se jouera avec un total de 14 équipes. Soit 2 équipes en moins par rapport à cette saison. Sans les tripatouillages qui ont fait accéder Tonnerre de Yaoundé et Cetef de Bonabéri en première division, peut être que l’on serait déjà à ce stade de la compétition. On espère tout simplement que d’autres entourloupes ne viendront pas se hisser sur le chemin de cette modernisation.
Pour cette 49e édition du championnat de première division, et sauf miracle, les clubs qui sortiront la tête de l’eau seront celles qui ont toujours placé les joueurs, voire la modernisation, au centre de leurs préoccupations. On pourrait entre autres citer le centre de formation de Mount Cameroon de Buéa, Cotonsport de Garoua, les Astres de Douala, Fovu de Baham et le Canon de Yaoundé ; pour ne citer que ceux-là.