Le monde amateur est étonné que la fédération camerounaise de football ait débloqué beaucoup de millions de FCFA pour venir aux clubs de l’Élite. C’est que l’institution dirigée par Seidou Mbombo Njoya aurait payé les subventions aux professionnels directement à partir du compte FIFA Forward. Ce serait des fonds destinés au développement du football, donc au monde amateur. Financer des sociétés à objet sportif en laissant de côté les clubs amateurs qui sont le véritable creuset du football interroge.
Tel que l’explique l’homme de média Thierry Ndoh, « la Fecafoot, comme toutes les autres fédérations, a d’abord pour mission de faire la promotion et le développement du football amateur, du football des jeunes, du foot féminin, du Beach soccer, bref de toutes les ligues spécialisées. On a donc vu que depuis le mois de juillet 2019, la Fecafoot a décidé de récupérer l’organisation du football dit professionnel ou football d’élite. On a bien vu que depuis cette date, elle n’a d’yeux que pour ce football-là.
Si on essaie de faire le bilan, l’on est à près de 800 millions de F CFA reversés à ces clubs qui, en principe sont des sociétés qui doivent s’autogérer. Vous voyez que depuis le début de la pandémie du coronavirus, la Fecafoot a remis un don, non seulement en numéraire mais en nature à ces clubslà et rien pour le football amateur. Et vous voyez que le ton est en train de monter dans les différents états-majors et même la séance de télétravail de jeudi dernier s’est presque terminée en queue de poisson parce qu’au niveau de la Fecafoot, l’on avait l’intention de proposer les denrées alimentaires aux footballeurs du monde amateur, ce que les présidents de ligue ont refusé, estimant, de mon point de vue à raison, qu’il fallait également que la Fecafoot s’occupe des joueurs du football amateur.
Vous savez, le football amateur, c’est la base même d’une fédération. Au Cameroun, on n’a pas les chiffres exacts mais on a près de 1500 voire 2000 clubs amateurs, affiliés à la Fédération camerounaise de football. Il y a même des ligues départementales qui ont deux championnats (D3, D4) pour ne prendre que les cas du Mfoundi et du Wouri. C’est vous dire que c’est même le creuset du football.
Mais aujourd’hui, on a bien vu que la Fecafoot a plutôt mis l’accent sur les footballeurs qui, en principe, sont déjà des travailleurs.
FIFA Forward, cette dénomination qu’on a retrouvée dans les messages que les joueurs et entraineurs des équipes de Ligue 1 et Ligue 2 ont reçus, en principe, c’est une sorte de détournement des fonds parce que normalement, on ne fait plus la promotion du football d’élite.
On fait la promotion du football des jeunes, du foot amateur, du foot féminin, bref des autres composantes qui sont parfois mises au second plan. Et partout ailleurs, on voit bien que c’est le football professionnel qui vient financer le football amateur mais au Cameroun, c’est quasiment l’inverse. C’est-à-dire, c’est la Fecafoot via ses fonds, via ses rentrées financières issues des tops sponsors et même certains mécènes qui finance encore le football professionnel. Donc, aujourd’hui, vous voyez que le monde amateur est divisé sur le sujet et la Fecafoot est prise entre le marteau et l’enclume. C’est un véritable étau dans lequel se trouve la fédération camerounaise de football qui a d’ailleurs demandé aux présidents de Ligues régionales de faire des propositions.
Ceux-ci ont plutôt parlé d’un fichier des licences que la FECAFOOT devrait archiver et compenser en envoyant quelque chose à chaque joueur. Parce qu’aujourd’hui, on a bien vu que le monde amateur est laissé pour compte dans l’affaire, pourtant, c’est ce monde amateur-là qui fait l’essentiel à la Fecafoot. Allez-même au niveau de l’assemblée générale de la fédération camerounaise de football, vous avez sur les 76 délégués, 60 qui viennent du monde amateur, c’est-à-dire six par région. Le monde professionnel n’a que dix représentants qui viennent d’élite One et d’élite Two. C’est 13% pour le monde professionnel et 78% pour le monde amateur. Mais vous voyez bien qu’on a renversé la pyramide.
Donc, c’est une épine dans la chaussure de la Fecafoot au regard de la situation parce que les confidences que nous ont faites certains présidents de ligues régionales et certains présidents d’associations. Vous savez que le président de l’UCAF a demandé des comptes, l’ACFAC, depuis des lustres, a toujours milité pour les intérêts du football amateur. Donc, aujourd’hui, on attend de voir la suite, la Fecafoot est véritablement prise dans un engrenage par rapport à cette situation. Mais pour me résumer, je pense que la fédération camerounaise de football a commis une imprudence à ce niveau : commencer par remettre quelque chose aux footballeurs dits d’élite qui sont des employés des structures. Aujourd’hui, on attend de voir comment ce film va s’achever.
C’est donc véritablement la nuit des longs couteaux qui a commencé au niveau de la fédération. Je pense que les clubs amateurs sont dans leur bon droit de réclamer ce qui leur est dû.«