Suffit-il de taper sur un ballon ou de l’avoir fait à un moment de la vie pour devenir entraîneur de football ?
Ce métier est comme le royaume de Dieu. Il attire grand monde. Mais combien ont le profil du métier.
“Ici chez nous, les 15 millions de Camerounais sont tous “ entraîneurs de football “. C’est chacun qui est prêt à dire ce qu’il pense d’un système de jeu. Et cela se ressent même au niveau des clubs de D1 où les présidents de clubs et les supporters croient pouvoir faire le travail de l’entraîneur. “ Isaac Bassoua, ex-Lion Indomptable aujourd’hui entraîneur de football, est amer quand on parle du métier dans lequel il s’est reconverti après la brillante carrière de footballeur qui l’a menée tour à tour à Eclair, Dynamo, Union et Caïman de Douala. Il fustige certes le comportement des présidents et autres membres de clubs qui ne laissent pas les mains libres aux entraîneurs dans l’exercice de leurs fonctions mais aussi, il n’est pas tendre au sujet de bon nombre de ses pairs qui n’ont pas le niveau requis pour avoir en charge des clubs de D1.
“ Il y a trop de charlatans dans notre profession. Et tout ceci parce que rien n’est organisé “, clame-t-il.
Le débat sur les qualités requises pour être entraîneur de football n’a pas encore un début de solution efficace. Comme au début de chaque saison sportive, il s’est posé avec acuité à quelques jours du démarrage du 45ème championnat national de football de première division. En l’absence d’un statut en vigueur, la profession est courue. Tout enseignant d’éducation physique et sportive ou ancien footballeur de quelque niveau que ce soit se croit régulièrement à même d’entraîner une équipe de D1. “ Cela ne devrait pourtant pas se passer ainsi. Pour être un bon entraîneur de D1, l’on doit passer par une véritable école de formation ; ce qui n’est pas le cas pour nombre de mes pairs au Cameroun “, se plaint Eugène Ekéké qui, par ailleurs, pose l’autre grand problème des entraîneurs au Cameroun qui est le manque de personnalité et l’absence permanente des recyclages.
Ce manque de personnalité serait d’ailleurs, selon bon nombre d’entraîneurs approchés par Le Messager, à l’origine de la tentative d’immixtion des présidents et autres dirigeants de clubs dans l’exercice de leur fonctions. Pour Nyamé “ Flash “ ancien sociétaire du Caïman de Douala , “ quand un entraîneur a une forte personnalité, nul ne peut lui dire quoi que ce soit. Et il n’est pas, comme c’est régulièrement le cas chez nous, pris en sandwich après chaque défaite “. Il cite pour exemple d’entraîneurs à forte personnalité Jules-Frédéric Nyongha qui manage actuellement le Racing de Bafoussam, Charles Léa Eyoum, Bonaventure Djonkep, Pierre Njili Ndengue, Isaac Bassoua. Chaque fois qu’ils se heurtent à des obstacles humains, ils n’hésitent pas à jeter l’éponge.
Fausse solution
En lieu et place d’un syndicat ou d’une organisation forte pouvant défendre leurs intérêts et oeuvrer pour l’application de leur statut, les entraîneurs de clubs au Cameroun se réunissent par province puis par niveau de championnat, au début de chaque saison. Il y a près de deux semaines, c’était le tour des entraîneurs de D1, à la fin de leur stage de recyclage du début de la saison à Yaoundé. Ces derniers se sont réunis dans ce qu’ils appellent association des entraîneurs de clubs de D1. A la présidence de cette association, ils ont porté Bonaventure Djonkep. Deux ex-entraîneurs nationaux, Jean Spliant Youdom et Jules Frédéric Nyongha ont été fait présidents d’honneur. “ Je pense que cette association deviendra forte si elle devient plus tard un syndicat et défend effectivement la profession en oeuvrant dans un premier temps pour l’application du statut “, confie Charles Lea Eyoum, titulaire d’un diplôme d’entraîneur de 2ème degré obtenu en France entre 1973 et 1975.
Pour ce qui est du recyclage des entraîneurs, la direction technique nationale, dont les méthodes ne sont pas toujours appréciées par les techniciens camerounais, organise régulièrement des stages. Le dernier en date, à l’intention des entraîneurs de D1, a été organisé en début de ce mois sous la houlette de Robert Corfou le directeur technique national, autour des thèmes suivants : bases physiologiques de l’entraînement, technique défensive individuelle, organisation technique d’une saison sportive, observation et analyse sur vidéo des matches des adversaires, organisation du jeu offensif. “ Avec ces multiples stages de recyclage, les entraîneurs de clubs au Cameroun approfondissent leurs connaissances “, pense le technicien français Robert Corfou qui, comme nombre de techniciens camerounais, pense que le statut des entraîneurs attendu pourrait revolutionner la profession au Cameroun. A la Fécafoot, un point d’honneur est mis sur l’application d’ici 2005 de ce statut qui organisera la profession d’entraîneur.
Honoré FOIMOUKOM,