La longue attente du lancement du 50e championnat de football première division semble être un calvaire dans certaines équipes de la province de l’Ouest. Certains joueurs ont été envoyés pour quelques jours de repos en famille. Cas de l’Unisport de Bafang.
Les joueurs de l’Unisport du Haut-Nkam sortent fraîchement des congés. Pendant toute une semaine, ils ont bénéficié d’un repos à eux accordé par leurs dirigeants. Ces congés, d’aucuns l’ont appelé des «congés forcés». A la faveur de la finale de la coupe du Cameroun annoncée probablement ce samedi 25 octobre, ils ont repris du service dans la ville de Bafang afin d’être au pas dès la reprise du championnat. De sources proches du club, les dirigeants ont été non seulement soucieux de ne pas accumuler les primes d’entraînements, mais aussi de permettre aux joueurs de souffler un peu. Ils sont arrivés à cette décision après avoir compris que le différend entre le ministère des sports et de l’éducation physique et la fédération camerounaise était loin de trouver une solution.
Dans les rangs des joueurs, ces jours de congés n’ont pas été vécus de la même manière. Pendant que certains mettaient à profit ce temps pour se faire soigner, d’autres se reposaient effectivement. Il y en a également qui disent avoir passé quelques jours en famille. Mais la situation jusqu’aujourd’hui n’est pas facile à gérer. De l’avais de certains joueurs, la galère qui a frappé à leurs portes ne va pas finir tant que le championnat n’a pas démarré. La preuve en est que compte tenu de la modestie des primes gagnées au quotidien, beaucoup disent compter sur des relations nouées au quartier ou sur la proximité avec certains dirigeants pour vivre au quotidien.
La semaine passée, Emmanuel Leubou, le président exécutif de l’Unisport a séjourné dans la ville de Bafang. Certains joueurs l’ont suivi jusque dans un bar où il prenait son pot pour poser leurs problèmes. Des cas qui doivent être gérés individuellement et parfois sans compter sur les caisses du club. A en croire certains anciens joueurs de Unisport du Haut-Nkam qui ont préféré garder l’anonymat, ils attendent impatiemment le démarrage du championnat pour toucher leur premier salaire fixé à un minimum de 50.000 Fcfa par l’instance faîtière du football camerounais. Pendant leurs congés, ils étaient nombreux à se rencontrer dans les salles de jeux, les buvettes et autres restaurants du quartier pour se divertir. ,«Ce n’est pas facile de dépenser sans avoir d’autres sources de revenus», martèle l’un d’entre eux sous anonymat. «Les loyers ont été recensés par les dirigeants et seront payés dans les jours à venir. Les primes d’entraînements ont été régulièrement payées jusqu’à ce jour. Tout va bien pour le moment», rassure Daniel Ikoumba, l’un des capitaines de l’Unisport du Haut-Nkam.
Campagne électorale
En effet, au soir du 26 septembre 2008, les poulains de Bonaventure Djonkep étaient déjà en jambes pour aborder la compétition. Mais leur rêve, tout comme celui des autres clubs, sera brisé par le ministre des sports et de l’éducation physique, qui a décidé de la suspension, jusqu’à nouvel avis, du championnat baptisé Mtn Elite One. Malgré ce contre temps, le bureau exécutif, conduit par Emmanuel Leubou, a continué à mettre des moyens à la disposition du club. Fonds grâce auxquels l’encadrement technique a continué à travailler les compartiments du jeu qui jusque là chancelaient un peu.
En plus de la sécheresse dont sont victimes les caisses de l’équipe, les élites du Haut-Nkam qui pouvaient se mobiliser pour la cause et collecter de l’argent pour la survie du club sont en plain-pied dans la campagne électorale en vue des élections municipales partielles du 26 octobre 2008. Les mairies de Bafang et Bana sont concernées dans cette unité administrative. Au regard des enjeux, ces scrutins nécessitent beaucoup de dépenses que les élites politiques et économiques doivent supporter. Au détriment de «l’équipe du village» en panne de financements.
Au sein de la Panthère sportive du Ndé qui samedi dernier a livré un match amical contre la sélection provinciale au stade municipal de Bafoussam, match soldé sur un score de 1 but partout, tout a l’air de bien tourner. «Toutes nos primes sont payées en début de semaine. C’est un peu difficile actuellement mais nous tenons le bon bout», réagit Eric Kwekeu, gardien de buts. Wako Boumom Christian Stéphane, l’une des nouvelles recrues de Fovu de Baham pense au sujet de la suspension du championnat qu’il ne peut se mettre qu’à la place des joueurs et «continuer à travailler en attendant le jour où le ministère va donner le feu vert pour qu’on puisse se défouler. Fovu c’est un grand club et pour ce qui est des finances, l’administration est là pour les régler. Nous savons que le président Kamdem est un grand monsieur et d’un moment à l’autre la situation sera décantée.»
C’est pour aborder dans le même sillage que l’un de ses coéquipiers serine que «cette longue attente n’est pas du tout facile parce que des joueurs comme nous qui ne font rien d’autre que jouer au football ne comptent que sur des primes d’entraînement et de matches pour vivre.» En attendant donc le lancement du 50e championnat de football première division, l’ambiance n’est pas joyeuse au sein des clubs où les joueurs font plus jamais recourt au « système D » afin de joindre les deux bouts, entre des séances entraînements interminables.
Blaise Nwafo à Bafoussam