Les tout premiers Championnats professionnels d’élite one et two de football atteignent la fin de leur phases aller dans un climat de tensions. Les clubs, qui n’ont toujours pas reçu les subventions promises en début de saison par le gouvernement, déplorent la façon dont leur compétition est gérée par la nouvelle Ligue professionnelle.
« Il y a une programmation qui n’est pas professionnelle. On ne peut pas jouer un championnat au Cameroun à 13h. Tantôt, certains matches se jouent à 15h, d’autres à 15h30, c’est une programmation archaïque. Il faut qu’on revienne dessus. Jouer à 13h dénature le jeu et ça enlise les joueurs pour rien… Reste aussi que les arbitres font correctement leur boulot », se plaint Nicolas Ntonyé, manager de Njalla Quan Sport Académie de Limbé, club de D1. « On croyait que la professionnalisation de notre football allait par exemple permettre d’avoir les matches mieux organisés et aux heures raisonnables, à défaut de jouer en nocturne. Mais, c’est la desilusion, on nous fait venir au stade sous la canicule à midi », dénonce un policier rencontré le jeudi 22 mars 2012 à l’esplanade du stade de la Réunification de Douala. Il faisait partie d’une équipe d’hommes en tenue, envoyée pour la sécurité autour du match d’élite two entre Botafogo de Douala et Université de Ngaoundéré. « Depuis plus d’une heure, nous attendons devant les portes fermées. L’heure du match communiquée par la ligue diffère d’un corps à l’autre. Même les deux équipes n’ont pas reçu la même heure du coup d’envoi », explique notre interlocuteur.
Calendrier des matches mal maitrisé, communication médiocre, programmation à tête chercheuse, arbitrage désastreux et partial, dilapidation des fonds : le chapelet des plaintes est long. Les doléances fusent de toutes les familles du football : joueurs, dirigeants de clubs, spectateurs. Afin d’amener les gestionnaires des Championnats à améliorer l’organisation, les présidents des clubs vont se retrouver jeudi à Douala. Une réunion dont les résolutions pourraient avoir un impact important sur la suite des, épreuves. « Trop de patience tue la patience. Nous avons déjà trop supporté. On nous a entrainé dans une histoire où nous nous appauvrissons et les autres s’engraissent. Ceux là qui dirigent la ligue sont même incapables d’organiser une compétition avec le minimum de sérieux. Si nous ne sommes pas écoutés cette fois, on arrête tout », tonne le président d’un des clubs mythique du championnat de D1. Lors de leur rencontre de Douala, les patrons des clubs entendent également rappeler de manière ferme au gouvernement ses promesses encore non tenues. « Le gouvernement avait pris l’engagement de nous verser une subvention conséquente, à savoir 30 millions de FCFA pour chaque club de D1 et 10 millions pour chaque club de D2. Aucun franc n’a été débloqué or, nous supportons seuls jusqu’ici les charges que nous impose la venue du professionnalisme », lâche un président de club.
Sous la pression de la FIFA, les autorités en charge du football camerounais ont mis sur pied cette saison une Ligue de football professionnel. Il revenait à cette nouvelle structure d’organiser le premier Championnat pro du pays de Roger Milla. Afin d’aider les clubs à verser « des salaires acceptables » aux acteurs, le gouvernement s’était engagé à payer pour le compte de l’année expérimentale, les salaires de 22 joueurs et du staff technique de chaque équipe. Cet engagement n’a toujours pas été honoré…
Paul Nana, à Douala