Une élection pourrait en cacher une autre. L’élection du président de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) cristallise les attentions depuis deux ans. Et pourtant, il y a dans le pipe le renouvellement du bureau exécutif de la Ligue de football professionnel du Cameroun (LFPC), avec en prime l’élection du nouveau successeur du Général Pierre Semengue, à la tête de la structure depuis sa création en juillet 2011.
Pour l’heure, les potentiels candidats ne se sont pas encore prononcés, mais des tractations sont perceptibles en coulisses avec un nom qui revient très souvent sur les lèvres, celui de Franck Happi, président de l’Union sportive de Douala et par ailleurs premier vice-président de la LFPC, qui s’est toujours refusé à confirmer ou infirmer cette information.
Et même si ce dernier venait à se prononcer, il n’aurait pas en tout cas, l’onction d’Emile Onambelé Zibi, le président du Tonnerre Kalara club de Yaoundé et président de l’Association des clubs d’élite du Cameroun (Acec). «Le patriarche» se montre plutôt favorable à une reconduction par voie des urnes de Pierre Semengue. «Nous avons quelqu’un qui nous aide depuis deux ans, à moins qu’on soit ingrats. Je crois que si on est logiques avec nous-mêmes, nous ne pouvons que solliciter le Général Pierre Semengue pour qu’il accepte de nous aider. C’est grâce à lui que la ligue a fonctionné. C’est par lui que nous vivons. Alors que les gens ne racontent pas les histoires. Moi je suis pour que le Général Semengue reprenne la Ligue », a-t-il confié à la presse lundi en marge de l’élection du président de la Fécafoot avant de poursuivre : «Il y a des ambitieux, certes, mais plusieurs fois on m’a demandé si je suis candidat. Je n’ai jamais dit que j’étais candidat».
Inéligibilité de fait
Cependant, l’article 82 des statuts de la LFPC, relatif à la mise en place de cette structure, disqualifie d’emblée une éventuelle candidature de Pierre Semengué, en ceci que «pour le mandat initial, le président de la Ligue est nommé par le président de la Fécafoot après concertation avec le Ministre en charge des Sports pour un mandat de deux ans non renouvelable. Il lui est interdit de se présenter aux élections suivant ledit mandat».
Connu pour son verbe iconoclaste, Emile Onambele Zibi ne passe pas par quatre chemins pour désavouer toute autre personne –excepté Semengue-, qui aurait l’intention de briguer la présidence de la Ligue. «Qui va voter pour eux ? Je suis quand même encore président de l’Acec (Association des clubs d’élite du Cameroun, Ndlr). Je vous dis que le futur président de la Ligue, c’est le Général Pierre Semengue. Il ne m’a pas recruté comme directeur de campagne, mais je suis président de l’Acec, et je vous dis que c’est le candidat», a ajouté le président du TKC.
Volte-face
Aussi, ce dernier surprend par sa versatilité, lui qui était il y a encore peu farouchement opposé au règne de Pierre Semengue à la Ligue. C’était dans la foulée de sa nomination à la tête du Comité provisoire de gestion de la LFPC, par une décision signée le 25 juillet 2013 par le président du Comité de normalisation. Joseph Owona prorogeait ainsi jusqu’au 31 mars 2014 le bail de l’ancien chef d’État-major des Forces armées camerounaises alors que le mandat de celui-ci expirait en juillet 2013.
Dans une interview accordée au quotidien Mutations à l’époque, Onambelé Zibi confiait : «au nom des clubs, je rejette entièrement cette décision prise unilatéralement par Joseph Owona. La Ligue, c’est d’abord une affaire des clubs. Nous n’avons pas été consultés, ce qui est un scandale». De guerre lasse, l’Acec a laissé faire, et Semengue est resté à la tête du CPG jusqu’aujourd’hui, au plus fort de la crise qui s’est enlisée à la Fécafoot au moment même où son premier bail arrivait à expiration en 2013.
Armel Kenné