Général, foncez ! Dix jours après avoir remporté devant la Chambre de conciliation et d’arbitrage (Cca) du Comité national olympique son bras de fer qui l’opposait à la Fédération camerounaise de football au sujet du report des élections à la Ligue de football professionnel du Cameroun, le général d’armée à la retraite, à l’issue du Conseil d’administration extraordinaire de l’organe qu’il dirige depuis 5 ans, obtient des administrateurs, le feu vert pour organiser le scrutin au mois de juillet prochain. La réaction de la Fécafoot reste attendue.
Contre vents et marées, les élections à la Lfpc auront lieu le 28 juillet 2016. Ainsi en ont décidé les membres du Conseil d’administration de cette instance, réunis hier vendredi à Yaoundé. Requinqués par la victoire acquise il y’a une dizaine de jours par la Ligue auprès des tribunaux compétents (Cca Ndlr), ceux-ci ont donné le quitus à la Commission électorale mise sur pied en janvier dernier, de poursuivre le processus à la lumière d’un calendrier qui sera publié sous peu. En attendant, les affidés de Pierre Semengue célèbrent avec un faste mal contenu cette décision du Conseil d’administration qu’ils traduisent comme un signal fort à l’endroit de la Fécafoot dont le président de l’exécutif, Tombi à Roko avait explicitement demandé de reporter les élections pour l’année prochaine avec en prime, l’installation d’un Comité provisoire de gestion (Cpg), le temps de « dépoussiérer » les textes et de baisser le volume de l’adrénaline que l’annonce du scrutin avait provoqué au sein des différents états-majors. Mais le premier à baigner dans l’allégresse c’est bien le président sortant de la Lfpc, candidat à sa propre succession. Lui qui a toujours rêvé de diriger cette instance comme on dirige une infanterie au champ de guerre où la notion de fair-play n’existe pas.
Semengue et « son » trône
Après le verdict de la Cca, Pierre Ismaël Bidoung Mpkatt, le ministre des Sports, et de l’éducation physique (Minsep) avait tenu deux réunions tripartites (avec la Ligue et la Fécafoot), pour tenter de désamorcer les tensions entre la Ligue et la Fédération. Malgré la victoire de Semengue. La Fécafoot estimant que les textes révisés devraient être validés par la Fécafoot, tel que le prévoient les dispositions statutaires. Mais il reste que c’est sur la base de ces statuts que les délégués de la Ligue ont été désignés pour l’assemblée générale élective qui a vu l’élection de Tombi à Roko. Conforté dans sa logique par l’instance juridictionnelle du Cnosc, statuant au sujet de la requête introduite par la Ligue le valeureux soldat qui n’a pas véritablement de challenger en face, va à coup sûr conserver son prestigieux trône.
Installé à la tête de cette instance en 2011 pour un mandat de deux ans non renouvelable, le général d’armée à la retraite a d’abord bénéficié de huit mois de sursis qui lui ont été « gracieusement » accordés par Pr Joseph Owona, alors président du Comité de normalisation de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot). Lequel l’a reconduit à la tête du Comité provisoire de gestion (Cpg) dans un contexte particulièrement agité puisque les clubs réunis au sein de l’Association des clubs d’élites du Cameroun (Acec), posaient déjà comme condition de la reprise du championnat, sa démission manu militari. Dans la foulée, ils avaient même réussi à réduire le champ de compétence de l’emblématique soldat en décidant séance tenante de la création d’un Conseil d’administration et d’un Comité de surveillance à la tête de la Ligue. Salué et adoubé au début de l’aventure, l’homme se sentait déjà à l’étroit.
Remettre de l’ordre dans le football
Lui qui avait pourtant promis lors de son installation le 25 juillet 2011, de « mettre sur pied une structure qui n’existe que sur du papier ». Il s’agissait pour Semengue de traduire une idée en un fait ; en mettant en place les structures de la Lfpc, indispensable au développement du football local. Les joueurs étant les pièces maîtresses de cet édifice. L’homme avait été porté à ce poste pour remettre de l’ordre dans le football camerounais. « La discipline dans le football camerounais sera mon principal chantier. On ne peut rien faire sans discipline. C’est une mission pour laquelle j’apporterai tout mon savoir faire. La discipline doit régner dans le football à tout prix, et à tous les prix », prévenait-il. Se voulant intègre, le général d’armée avait même indiqué que les membres de la Ligue vont, avant de prendre fonction, déclarer leurs biens à la Commission nationale anti- corruption (Conac). Une décision courageuse fièrement accueillie par les présidents de clubs qui voyaient en cela un souci de transparence et d’équité. Mais, au final, des bonnes résolutions restées hélas, sans effet sur le plan de leur matérialisation.
Christou DOUBENA