Plus de deux semaines après le match litigieux, la commission provinciale d’homologation et de discipline ne s’est toujours pas réunie pour trancher sur la finale Lac Baleng-Bandja FC, devant déterminer le successeur de l’Aigle de Dschang, champion de l’Ouest 2004. « Nous n’avons pas tous les éléments en notre possession », explique Jean Flaubert Tamba, le président de cette commission. Parlant d’ « éléments », il s’agit en effet, du « rapport d’enquête de la police sur la corruption ».
On se souvient que cette rencontre s’était achevée, le 1er octobre dernier, en queue de poisson. Pendant les arrêts de jeu, les supporters de Lac Baleng avaient envahi l’aire de jeu pour contester une décision de l’arbitre central accordant un penalty à Bandja FC, qui était mené au score, 0-1. Le directeur de la rencontre avait été tabassé, et donc indisposé à poursuive la rencontre. Des responsables de Lac Baleng accusèrent certains responsables de la ligue de football de l’Ouest de prendre le parti de Bandja FC, et d’avoir corrompu l’arbitre Tomfack.
Le lundi suivant, ils organisèrent alors une marche de protestation dans la ville de Bafoussam, et portèrent une requête – destinée au président de la ligue de football de l’Ouest – au gouverneur de la province de l’Ouest. Pascal Mani instruit alors une enquête policière pour faire entendre les mis en cause, et dégager, si possible, les responsabilités et les éventuelles preuves de la corruption.
Les dirigeants de Lac Baleng se plaignent qu’un joueur de Bandja Fc est entré en cours d’arrêt de jeu et est allé souffler « quelque chose » à l’arbitre central Tomfack. Ce quelque chose serait alors d’une promesse de 2 millions Fcfa, qui aurait été faite par Raphaël Dombou, le Sg adjoint de la Ligue. Ce qui l’aurait alors motivé à accorder le penalty à l’équipe du Haut-Nkam.
Ainsi, la commission provinciale d’homologation et de discipline devra trancher sur deux points : les comportements anti-sportifs (violence sur les officiels) et le manquement à l’éthique sportive (corruption). Or, s’il est aisé pour elle d’établir les responsabilités au sujet du premier point, tel n’est pas le cas pour le second. Le président de cette commission dit attendre les résultats de l’enquête de la police au sujet de la corruption. « Pourquoi on nous cache ça ? », s’interroge Jean Flaubert Tamba, qui tempête par ailleurs que « si le dossier ne comporte pas ces deux volets, la commission se déclare incompétente ». Il restera alors à saisir la chambre centrale d’homologation ou de recours de la Fécafoot.
Accusations tous azimuts
Un communiqué final sanctionnant la réunion du 17 octobre 2005 du bureau provincial de la ligue de football de l’Ouest « [l’] invit(ait) (cette commission) à siéger et de rendre son verdict dans les 72 heures ». Donc, au plus tard ce jeudi 20 octobre. Mais, des membres de cette commission disent n’avoir pas été notifiés. Et même, qu’ils ne sont pas au courant de l’existence d’un tel communiqué. Ils en rient même. « Pourquoi n’avons-nous pas siégé depuis ? On ne doit pas nous prendre comme des enfants ! », estime un membre de cette commission, qui se plaint d’ailleurs de la tournure médiatique que prend cette affaire. Il dit avoir suivi sur les ondes d’une radio de la place que « nous avons peur qu’on brûle nos maisons ! ». Un commentaire qui, selon lui, frise un appel au soulèvement, au cas où leur décision n’arrangeait pas une des deux parties en conflit.
Dans certains milieux sportifs, l’on accuse les membres de la commission provinciale d’homologation et de discipline d’avoir été « mouillés » dans l’affaire. Une accusation que le président de cette commission balaie d’un revers de la main. « Je suis dans l’homologation depuis 1976. Je n’ai jamais bu une bouteille d’eau d’un président de club. D’ailleurs que je ne l’ai connaît pas ! », s’emporte Jean Flaubert Tamba, qui menace d’ester en justice tout tenant de cette thèse.
Le règlement intérieur des barrages stipule que la commission provinciale d’homologation et de discipline « siège automatiquement toutes les 24 heures qui suivent les rencontres sauf cas de force majeure ». Or, il se passe qu’au moment indiqué, les membres de cette commission n’avaient pas les rapports des officiels, ces derniers n’ayant pas été libres de les rédiger, à cause des incidents qui ont émaillé la rencontre. Bien plus, s’interroge Jean Flaubert, « si les gens sont enfermés à la police, on va siéger comment ? ».
En effet, le 3 octobre suivant, jour arrêté pour rendre la décision, le secrétaire général de la Ligue de football de l’Ouest, Raphaël Tchoumbouen, la cheville ouvrière de l’organisation du championnat provincial – non cité dans la requête de Lac Baleng -, et son adjoint, Raphaël Dombou étaient gardés à vue au commissariat central de Bafoussam. Une interpellation à tête chercheuse ?
D’aucuns y auraient vu la main de Nana Saleng, le délégué provincial des Sports et de l’éducation physique. Ce dernier avait été débouté du poste de secrétaire général de cette ligue de manière peu orthodoxe par le bureau actuel. Un renversement qu’il n’aurait pas digéré jusqu’aujourd’hui, et tenterait ainsi d’utiliser sa fonction actuelle pour régler ses comptes. « Faux », rétorque l’entraîneur provincial de football de l’Ouest, qui indique d’ailleurs que « c’est moi qui ai vu le gouverneur pour qu’on les relaxe ». C’était le 10 octobre dernier.