Arrivé à Bangangté en février dernier, le désormais ex coach du fauve du Ndé a été limogé le 20 juillet 2016, au terme du match en retard de la 27e journée perdue par l’équipe (0-1) face à Dragon de Yaoundé. Après cette défaite qui aura été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, le directeur général du club Calvin Djapa avait décidé de se séparer de son entraîneur à qui, il a souhaité confié les clés de la direction technique en guise de consolation.
Mais, se sachant déjà dans le collimateur de l’administration depuis la 25e journée, il a craché sur l’offre, préférant se plier à la décision sans appel des dirigeants du club que le technicien a accueillie avec beaucoup de hauteur. Dieudonné Nké qu’on présentait à son arrivée comme l’hirondelle qui apporterait le printemps dans ce club à problèmes parce que connaissant bien la région de l’Ouest pour avoir entraîné Sable de Batié en 2012, club avec lequel il a occupé la septième place cette saison là, alors que au moment de sa prise de fonction le club était moribond, a finalement été vomi par ses patrons et les supporters. L’homme que Camfoot a rencontré hier au quartier Nlongkak de Yaoundé, se met à table, vide son sac et dévoile sans porter de gants, les véritables raisons de son licenciement qui vont chercher bien plus loin que l’absence de résultats pour lequel on l’a envoyé à la guillotine. Entretien vérité !
Qu’est-ce que le coach devient depuis qu’il a été mis hors de l’encadrement technique de Panthère ?
Je suis chez moi à Yaoundé ; je suis un homme à qui on a empêché de faire le travail qu’il aime bien faire. Donc, je suis en famille et actuellement où vous me rencontrez ; vous constatez de vous-même que j’effectue d’autres tâches ici au Camp Sic Nlongkak. Je suis un homme qui sait qu’en dépit des épreuves, la vie continue ; je dois avancer, je dois continuer ma vie.
Le licenciement du coach n’est-il pas la résultante du mauvais classement de son équipe tout de même 13e au championnat de Ligue 1 ?
C’est vous qui estimez que mon Licenciement de la Panthère est la conséquence logique du mauvais état de santé du club. Ce que vous ne savez pas c’est la réalité sur le terrain. Il faut voir les joueurs que j’avais sous la main, le casting fait en début de saison n’était pas au rendez-vous. Ce que j’ai peaufiné a été torpillé… Sachez donc que le fonctionnement de la Panthère est à l’origine de son déclin, car une équipe qui veut gagner un trophée se donne les moyens pour atteindre ses objectifs, pour concrétiser ses ambitions. C’est de cette façon que le management du football, tel que je l’ai toujours appris, devrait fonctionner.
Qu’est-ce qui faisait concrètement problème ?
Les problèmes étaient de deux ordres : le premier est d’ordre technique, car la majeure partie de notre effectif n’était pas rodé à la haute compétition. Vous imaginez l’incidence négative que cela devrait avoir sur le rendement des joueurs sur le terrain. Le second est d’ordre managérial. Vous avez suivi durant le mois d’avril, les joueurs faisaient grève, car ils n’avaient pas reçu leurs payes. C’est extrêmement difficile de travailler dans de telles conditions. Autre chose qui m’a exaspéré, c’est le problème de tribalisme : les gens voulaient imposer mon adjoint qui est le fils du village comme coach principal. C’est depuis le mois de mai que cette situation perdurait. J’observais mais je continuais à travailler de façon professionnelle pour remplir ma mission et voir le club progresser. Mais, quand tout est en panne, vous n’êtes capable d’aucun miracle. Bref, sachez que les résultats sont juste un prétexte pour mon licenciement. Lorsque vous jouez un match et l’on vous le sans cesse que vous n’êtes pas originaire de la localité et que logiquement, votre adjoint qui l’est, doit reprendre l’équipe parce que c’est son village, vous comprenez simplement qu’on vous demande poliment de plier bagages.
Cet environnement délétère vous a-t-il conforté dans votre statut de coach sur un siège éjectable ?
Tout à fait. On a tout fait pour me pousser vers la sortie. Le directeur général de la Panthère a tellement supporté qu’un jour, il m’a confié qu’on veut mettre le feu à sa maison, ses biens et que même si, au fond de lui il n’a jamais souhaité se séparer de moi, il ne pouvait que me lâcher face à cette pression qui lui devenait insupportable. Vous vous souvenez bien que nous avions bien commencé notre aventure en début de championnat, mais nous nous sommes retrouvés au fond du gouffre parce que l’atmosphère n’était plus sereine. C’était la conséquence logique de tout ce cafouillage. Or, dans la foulée, le Directeur général de la Panthère voulait me nommer Directeur technique du club. Mais, j’ai préféré jeter l’éponge et nous avons trouvé une solution pour que je parte.
Quels sont vos rapports aujourd’hui avec le Directeur général du club ?
Je n’ai de problèmes avec quiconque. Je suis parti comme tel a été leur vœu. Le Dg devait défendre sa tête ; il ne m’a pas écarté de gaieté de cœur et ça, je l’ai compris. Il devait satisfaire mes détracteurs qui l’ont même empoigné durant la rencontre contre Botafogo (1-1). Tout ce que je demande aujourd’hui, c’est que l’on me rétablisse dans mes droits, et je pourrais rebondir dans un autre club la saison prochaine, pourquoi pas la Panthère. Qui sait ce que nous réserve l’avenir ?
Combien Panthère vous doit-elle en termes d’arriérés de salaire ?
Normalement, les dirigeants devraient me payer mon salaire de juillet, car c’est eux qui m’ont limogé. Je ne suis pas parti de mon propre chef. En plus, mon contrat expire en décembre 2016. C’est dire que nous devront nous asseoir pour en discuter calmement. Je parle de mes indemnités de mon licenciement.
Ums de Loum reste le solide leader du championnat avec 53 points au compteur. Quelle appréciation faites-vous de cette belle progression ?
Le championnat est très séré, l’écart entre les équipes est très réduit. Hors mis les équipes comme Ums de Loum, Unisport de Bafang et Coton Sport de Garoua qui sont en tête et sûrs de jouer en première division la saison prochaine, les autres équipes du championnat doivent batailler dur, car ce championnat se joue à 3 points et il faut mouiller le maillot pour sauver sa tête et se maintenir en Ligue 1. Pour ce qui est de l’Ums, il faut que cette équipe garde ce même esprit de conquérant, de gagneur pour finir en tête du championnat. Au regard de sa constance depuis plusieurs journées, je ne peux que lui tirer un coup de chapeau.
A contrario, le Canon sportif de Yaoundé, votre club de cœur est en mauvaise posture (16e avec seulement 28 points Ndlr). Peut-on dire que c’est une saison foireuse pour les Mekok Me Ngonda ?
Pour le titre de champion du Cameroun ce n’est plus possible. C’est clair. Mais, pour se maintenir en première division, je pense qu’ils peuvent encore lutter pour y parvenir. Il suffit de se remettre très vite en question, remettre le turbo et se donner pour objectif de maintenir le navire en Ligue 1. Je crois qu’ils ont du potentiel pour ça. Car, dites-vous bien que le championnat est très serré cette saison, mais surtout, qu’il y a encore sept matchs pour rester en première division. Tout est possible.
Entretien avec Christou DOUBENA