Après leur match nul contre la formation du Mali, les Lionnes Indomptables croisaient le fer contre la redoutable équipe du Nigéria, championne en titre pour leur deuxième match de groupe. Humilié par la défaite de son club (1-5) face à Fovu, le président de Tkc a défrayé la chronique par de déclarations fracassantes. Et d’actes impudiques. «Bien mal acquis ne profite jamais !» C’est en ce terme que les quelques 1000 spectateurs du Stade de Bamendzi jeudi dernier lors de la rencontre opposant Fovu local à Tonnerre de Yaoundé, ont accueilli le président de Tonnerre.
A la tête de la délégation venue de Yaoundé, Essomba Eyenga, venu comme pour confirmer ses déclarations lors de la rencontre manquée face au Racing lors des huitièmes de finale et qui avait vu la qualification de l’équipe de la capitale sur tapis vert.
Le public de l’Ouest est désormais convaincu que la Fécafoot appartient au président de Tonnerre qui se fendait en de curieuses déclarations : «Si cette rencontre se rejoue, Eyenga n’est pas au Cameroun. Vous pouvez parier avec moi». Défiant ainsi les injonctions des officiels qui avaient programmé la rencontre pour le lendemain. La suite reste tout le monde la connaît. La bande à Mbindzi ne s’est pas présenté au stade. Les Karala boys gagnent sur tapis vert papiers comme le prédisait leur président et ce malgré l’interjection en appel faite par Racing.
A Bafoussam, de vives voix s’élèvent pour crier à l’injustice. C’est dans ce climat à forte odeur de souffre que le truculent président de Tonnerre, vêtu des couleurs de sa formation, prend place à la tribune officielle. Devant un public impuissant qui ne peut dévorer Essomba Eyenga que du regard. Tout ce qui reste à faire, c’est de porter Fovu à la victoire.
Sur le terrain, les enfants de Kamdem Dieudonné plus dopés et plus déterminés, affiche une forme exceptionnelle. Les visiteurs, comme par enchantement, sont déboussolés. Malgré les cris des coaches Mballa et Obateba, le déroutant Alim déroule le rouleau compresseur. C’est par quatre fois que l’artificier de Fovu envoie Tignyemb chercher le ballon derrière les filets. Le coup de grâce est donné par Nzeina qui, en remuant le couteau dans la plaie, inscrit le cinquième but du club du président Kandem Dieudonné. Malgré la réduction du score par Fombuh, l’humiliation de Essomba Eyenga est à son paroxysme. Dans les tribunes, des you-you montent, huant le président de Tkc. «Bien mal acquis ne profite jamais. Vous êtes fort au bureau et nous sur le terrain». «Dieu est grand !» lance un observateur qui déborde de joie.
Dans les tribunes, le président Eyenga, comme piqué par une mouche, se déchaîne à la fin de la rencontre. Premier acte d’indécence, Essomba Eyenga choisi la cabine de réserve des joueurs pour se soulager. Sans vergogne: «Je pisse sur vous!», éructe-t-il, comme pour se moquer du public. Sans aucune pudeur, les enfants qui l’observent manquent de qualificatifs pour décrier l’acte d’ignominie.
Dérapages: Tribalisme et Politique
C’est devant la presse que le président va verser sa bile : «la Fécafoot ne nous avait pas mis au courant de la rencontre. Ce qui fait que les enfants ne se sont pas bien entraînés», balbutie-t-il, pour expliquer la débâcle. Il ne loupe pas l’occasion pour tirer à boulet rouge sur le public. «Ici, on nous hue comme si on n’était pas au Cameroun. Sachez que les Bamilékés sont plus nombreux à Yaoundé qu’ici à l’Ouest. Si on veut les casser là-bas, ce sont eux qui perdront le plus avec tout ce qu’ils ont investi dans les grandes métropoles». Quelqu’un dans la foule tente de le calmer. La moutarde monte de plus bel au nez d’Essomba Eyenga. Ce dernier braille : «laissez-moi dire ce que je pense». Avant de vociférer, les cordes vocales gonflées, une série d’incongruités qui n’ont rien à voir avec le football : «Pendant les élections de 1992, monsieur Victor Fotso avait invité le président Biya en lui disant que tout l’Ouest était derrière lui. Après les élections, on a vu les résultats. Le président vous a donné ce que vous méritiez en ce moment. Pour cette fois tentez encore ! Avec ou sans les voix des Bamiléké, on va gagner et vous allez voir ce qui va se passer. On va vous mater, vous paupériser et continuer à vous coloniser comme on le fait. Je le dis d’intelligible voix. Quelqu’un me dit qu’on a déjà choisi notre candidat, il parle comme si cela pouvait se faire autrement».
Des déclarations qui ont mis tous les supporters en transe. Très courroucés, ils ont mis les journalistes en garde au cas où ils ne porteraient pas ces déclarations de haine envers les Bamiléké à l’opinion publique. Ainsi, le divorce est totalement consommé entre le président du Tonnerre et les habitants de l’Ouest. On se rappelle que le 22 avril dernier, Essomba Eyenga, alors président de l’Association des clubs de première division (Acpd), à la veille des élections des membres de cette association, clamait à qui voulait l’entendre : «Les petits bamilékés vont me reconduire demain». Or, «les petits Bamilékés», propriétaires de plus d’une dizaine de clubs de D1 ont voté plutôt pour Charles Kamdem, président de l’Union de Douala. Au regard des dérapages d’Essomba Eyenga, en acte et en parole, on se demande où est passé le fair-play tant prôné par la Fifa, dont la journée internationale a été célébrée samedi et dimanche dernier.
Jérôme serge Todjom, GlobalFootball