L’équipe de Mvog Ada, confortablement installée dans les profondeurs du championnat, est minée par une grave crise interne. Les supporters réclament à corps et à cri la tête d’Antoine Depadoue Essomba Eyenga qui dirige l’équipe depuis huit ans.
Après la descente dans l’enfer de la deuxième division de Cintra de Yaoundé et de Renaissance de Ngoumou la saison dernière, le spectre de la relégation plane, cette année encore, sur une équipe de la province du Centre. Avec quinze points en vingt matchs, et une dix-huitième position peu enviable qu’il partage avec Unisport de Bafang, le vainqueur de la première édition de la coupe africaine des vainqueurs de coupe est dans une situation inconfortable. Même le changement apporté sur le banc de touche, après la sixième journée, semble ne pas avoir eu l’effet escompté. Lucien Nanga parti, les résultats ont été les mêmes sous Bertin Ebwellé. Le problème pourrait bien se situer à un autre niveau.
La thèse de la malédiction est développée par certains supporters. Et Essomba Eyenga de répondre : « Tonnerre est maudit par qui ? Qui maudit ? Si Tonnerre est maudit, pourquoi Tonnerre filles a gagné le championnat ? ». Cette hypothèse de la malédiction se baserait sur le fait que dans le milieu des patriarches de Mvog Ada, le souhait de chacun est de voir l’équipe descendre en deuxième division, seule façon pour eux de se débarrasser de l’encombrant président. L’un d’eux, qui a requis l’anonymat explique : « Essomba Eyenga insulte tout le monde, il ne respecte personne et il est supporté par le président de la fecafoot qu’il insulte aujourd’hui. Il faut que Tonnerre descende même en troisième division et nous allons organiser notre équipe après son départ ».
Le recrutement du Tonnerre en début de saison n’a pas été conséquent. En dehors de Narcisse Abada et quelques joueurs expérimentés, le gros de l’effectif du TKC vient de deuxième et de troisième division. Encore pendant la trêve qui a sanctionné la fin de la première partie du championnat, c’est encore en deuxième division que l’ancien président de l’ACPD est allé chercher des renforts.
Lors de la 20ème journée du championnat de première division qui a opposé, au stade militaire de Yaoundé, les frères ennemis de la capitale, le spectacle offert par la grande famille du TKC fut pour le moins désolant. Même s’il affirmait à la mi-temps de cette rencontre « Si vous ne gagnez pas, je démissionne. Ça ne sert à rien de continuer à dépenser mon argent. Je préfère m’en débarrasser », Antoine Essomba Eyenga a tenu à mitiger ses propos à la fin de la rencontre : « Celui qui veut prendre l’équipe vient chez moi. Je lui donne tous les papiers et je pars ». Ce qui n’était pas du goût de la faction d’en face. « Le Tonnerre ne peut pas résoudre ses problèmes dans le domicile des gens. Est-ce que c’est chez quelqu’un qu’Essomba a pris l’équipe ? Le Tonnerre a des dignitaires qui ne peuvent pas venir parce que tout le monde n’accepte pas d’être insulté. Essomba est capable d’insulter tout le monde, et les gens qui se respectent se mettent à l’écart. S’il s’entête, vous verrez que le prochain match de Tonnerre à Yaoundé ne se jouera pas. Il dit qu’il dépense son argent, et nous gagnons quoi ? On ne veut plus son argent … Il est le plus riche, le plus intelligent, le plus beau. Qu’il quitte et vous verrez que tous les fils du Tonnerre vont revenir ». Ces propos sont de Efandené Fama Celestin Bebeto, président du comité de soutien du Tonnerre dans les provinces du Centre, Sud et Est.
Après ce match perdu contre le Canon, le président Essomba Eyenga a improvisé une réunion de crise dans son domicile avec joueurs et entraîneurs. Il a tenu à rassurer son staff sur ses intentions : « Je suis à la tête du Tonnerre de Yaoundé pour vingt ans encore ».
On se souvient qu’il y a plus d’un an, Onambelé Zibi et la veuve du président fondateur madame Ombga Zing s’étaient levés pour réclamer le départ d’Essomba Eyenga des affaires de l’équipe. Aujourd’hui ce sont les supporters qui font entendre leur voix.
S’il est de leur devoir de s’inquiéter pour l’avenir de leur club, ils doivent aussi se rappeler que depuis huit ans, ils n’ont injecté aucun effort, ni aucune aide financière dans l’évolution de l’équipe tels que le font les supporters de certains clubs à l’instar de ceux de Fovu résidant dans la capitale qui ont cotisé 1 111 000 FCFA pour soutenir les efforts de leurs dirigeants.
Pour une équipe qui lutte contre la relégation, après son élimination en coupe du cameroun, ce n’est probablement pas le moment des querelles, mais plutôt celui de l’union des forces qui empêchera la descente en deuxième division. Le TKC fait après tout partie des clubs qui ont écrit les belles pages de l’histoire du football camerounais.
Guy Nsigué