Ce n’est pas osé de dire que, d’ici peu, Bonaventure Djonkep risque de ne plus compter comme entraîneur de l’Union de Douala. C’est que, au sortir de l’autre défaite concédée par ses poulains, dimanche dernier devant la jeune formation de l’Aigle de Dschang, le coach s’est, désormais et plus que jamais, installé sur une chaise bien éjectable.
A l’instar de son gardien, Lawrence Ngomé que le public a hué parce qu’il aurait trahi l’Aigle de Dschang en le quittant, il a manqué de peu que ce public se jette sur l’ex-entraîneur de Fovu de Baham. Il lui a tout de même lancé des paroles offensantes, du genre « tu n’es pas un bon coach ».
Le président de cette équipe, Michel Kamdem qui n’a pas manqué de venir l’encourager à la pause, s’en est pris à son entraîneur, notamment sur ses choix. « Je ne sais pas pourquoi l’entraîneur a hésité tant. Il nous a manqué l’organisation. Mes joueurs n’ont pas démérité. On s’est seulement mal organisé un moment donné », se plaint-il, bien déçu de cette autre prestation fade qui, il faut le dire, le met aussi sur le grill. Une éventuelle défaite à la prochaine journée (25-26 mars) contre Canon de Yaoundé à Douala serait de trop ferait tomber des têtes!
Pour l’histoire, Bonaventure Djonkep est surtout reproché d’avoir conservé sur le banc des gars qui auraient pu donner du fil à retordre à El Pacha, et de les lancer dans la bataille que quand l’équipe était dos au mur. Il avait surtout misé sur des anciens « professionnels » et des vieux briscards qui viennent de signer pour Union de Douala qu’il a titularisés « alors qu’ils n’ont pas encore (re)pris la température du championnat », se plaint un proche de cette équipe.
C’est le cas de Essosso, Samè, Abada Fish ( contre qui le capitaine de l’Aigle a tenté de porter des réserves de qualification), Inogue, Nnomo Ambassa, etc. Ce dernier, qui vient du Portugal, devrait y retourner dans les prochaines semaines. L’on signale qu’il aurait été envoyé par Andem William, l’ex-lion indomptable, pour disputer cinq matches, question de ne pas perdre la forme.
Bien d’autres étaient d’ailleurs annoncés pour ce match, et ne se sont pas présentés au stade du Cenajes de Dschang. L’on parle des attaquants Inoï Bakari et Emmanuel Amungwa. Ces deux ex-sociétaires de KSA et Coton respectivement se seraient engagés pour l’Union de Douala. Aux dernières nouvelles, ils auraient quitté le sol camerounais pour des aventures professionnelles après s’être mis plein les poches. Comme avance sur son contrat, Emmanuel Amungwa aurait perçu 1 500 000 Fcfa des dirigeants des Nassaras.
Des espèces sonnantes et trébuchantes qui manquent, certainement, à Guy Nzonkou. Le gardien de l’Union de Douala était au stade du Cenajes dimanche dernier comme spectateur, et suivait des gradins le comportement de ses coéquipiers. Fracturé au niveau du tibia durant le tournoi Interpoules 2005, il continue à recevoir des soins, traditionnels et modernes. « D’ici la fin du mois, je vais commencer à trottiner », rassure-t-il, convaincu qu’il a (toujours ?) sa place à prendre dans les buts des Nassaras, en dépit de la présence de Ngome et la venue d’Eric Kwekeu dans l’effectif unioniste.
Le jeune Nzokem était aussi arrivé au stade du Cenajes pour voir jouer son ancienne équipe. Bien portant, l’attaquant n’avait pas été choisi par Bamboutos de Mbouda, son nouveau club, pour le déplacement victorieux de Douala face à Ksa. Son coéquipier Moffo non plus n’était de la partie au stade de la Réunification de Douala. Et, comme d’habitude, il s’est conduit à Dschang, non loin de sa ville de résidence.
Mise au point
Le président délégué de l’Aigle royal de la Menoua a laissé Douala, la ville où il tient ses affaires, pour se rapprocher de ses joueurs. Il était de la partie, assis à la tribune « principale » de ce stade, non loin du sous-préfet de la ville, Abraham Chekem. Ce dernier ne s’est étonné du spectacle désolant qu’ont livré quelques spectateurs avec des hommes en tenue. Au finish, un spectateur, indélicat, va être conduit manu militari par des gendarmes vers la fourgonnette de la police, malgré la volonté de ses compagnons de le venger. Il n’apprendra la victoire de son équipe chérie ( ?) que du fond de sa cellule. Un membre de l’Aigle de Dschang est venu vainement empêché Bissek Saker, le commissaire de match de le mentionner dans son rapport.
Un comportement qui a amusé Hugues Tsobgny. Le président délégué ne comprend pas pourquoi les gens, qui se disent supporteurs, s’agitent tant autour de l’Oiseau de la Menoua et ne donnent même pas le franc symbolique à l’équipe. Il revient d’ailleurs sur la dernière crise qui a secoué le vice-champion du Cameroun en titre, alors qu’il devait se placer pour Kumasi pour son match retour de la Champions league africaine. contrairement à ce qui se disait dans certains milieux sportifs, l’équipe n’a reçu aucune aide du ministère des Sports et de l’Éducation physique. A titre personnel, Philippe Mbarga Mboa aurait voulu le faire pour ses liens adoptifs avec les Dschang – le parrain de son mariage serait natif de cette zone -, et s’est rebiffé.
Et, comme une mise au point, le président délégué révèle que l’Aigle de Dschang n’a pu se déplacer que grâce aux contributions financières personnelles de Iya Mohammed, le président de la Fécafoot qui a donné 3 000 000 FCFA aux mains de Michel Wamba pour le club ; de madame Françoise Foning, la présidente mondiale des femmes chefs d’entreprise et non moins maire de Douala Vème, qui aura contribué à hauteur de 500 000 FCFA, tout comme Jean Kenfack, le maire de la commune rurale de Dschang. « Le reste, on s’est battus comme on pouvait », ajoute-t-il, devant Henri Fomi, le directeur administratif et financier. Ce dernier a d’ailleurs laissé entendre à la presse que, « Aigle de Dschang est allé à Accra remplir les formalités ». Forcément, avec les problèmes de primes, de passeports de famine et autre tralala d’avant match, la sérénité était déjà perdue.
Pour que cette sérénité revienne à la maison, les dirigeants de l’Oiseau de la Menoua doivent prendre leurs responsabilités en main. Pour que les joueurs ne jouent plus dans la galère, comme l’a révélé Emmanuel Souffo le capitaine. Ce dernier a vertement blâmé par ses coéquipiers après cette interview publiée dans ce site. Jusqu’à dimanche dernier, la prime du match gagné (20 000 FCFA) contre Sahel le 8 février n’était encore réglée. Et, à l’allure où les joueurs de cette formation quémandent à qui les approche, il y a lieu de craindre le pire.
Kisito NGALAMOU, à Dschang