Hier mardi 4 décembre, les Astres de Douala ont repris les chemins des entraînements. Passée la grosse désillusion de la finale de dimanche, place aujourd’hui aux interrogations et aux « si ». Comment une équipe constituée d’une constellation d’internationaux sont passés à côté d’un trophée qui était pratiquement à leur portée. Comment comprendre qu’une équipe constituée, dit-on, « à plus de 80% des joueurs qui ont déjà la finale de la Coupe du Cameroun », (dixit le président des Astres Joseph Guekam à la veille de la finale), rate lamentablement le coche devant une équipe de Cotonsport qui a « livré son pire match de ces derniers mois» pour reprendre l’expression du coach Denis Lavagne à la fin de la finale ?
Nicolas Tonyè Tonyè, le coach des Astres n’y voit dans cet échec qu’un vilain tour de « malchance ! ». « Nous avons manqué de baraka. Ce match, nous l’avons dominé à plus de 65% avant d’encaisser le but qui a complètement abattu les joueurs. J’ai suivi l’interview du coach de Cotonsport qui reconnaissait lui-même que les Astres ont dominé toute la première manche », explique le coach des Astres.
Le penalty décisif !
La domination (?) stérile des Astres n’est plus à démontrer. Les dieux du foot roulaient pourtant vraisemblance pour les Astres de Douala. Pour preuve, le penalty octroyé généreusement par l’arbitre Philippe Fondjo Tabopda sera tiré gaspillé par les Astres. Un penalty qui, s’il était inscrit, pouvait à sûr, changer le cours de l’histoire. Hélas, Nyamsi Bekima, s’avance, tire. Mais sa frappe est repoussée par l’excellent gardien de Cotonsport, Daouda Kassali, décidément en état de grâce. Nyamsi Bekima était-il le « Pierre Womé » des Astres.
Petit rappel. Quelques minutes plutôt, au contact du défenseur des cotonculteurs, Kingué Mpondo, Heumi Christian des Astres s’écroule. La faute se déroule vers l’aile gauche. Un des joueurs des Astres se saisit du ballon et va le remettre à Nyamsi Bekima qui se trouvait sur le flanc gauche. « C’est la preuve que c’est lui devait tirer ce penalty, renchérit le coach Nicolas Tonyè. Dans la short list des tireurs de penalty des Astres, il y a Otobong Enet et Nyamsi Bekima. Le premier étant sorti un peu plutôt, c’est de façon logique que Nyamsi le tire. Ces deux joueurs sont les seuls des Astres qui aux entraînements inscrivent à toutes les positions leurs cinq penalties à tous les gardiens du club », explique Nicolas Tonyè. Une analyse qui rejoint les propos du coach cité plus haut : donc, « manque de baraka ».
L’échec de dimanche dernier serait-il dû aux départs de certains cadres du club à l’instar de l’excellent latéral gauche Frédéric Nguimbous transféré dans l’Union de Douala ou Djam Ronald dit le « stabilisateur » du milieu du terrain, parti la veille du match pour la Libye pour un test ? L’absence de ces deux joueurs de luxe ont certainement bouleversé le système de jeu des Astres lors de la finale de dimanche. Orgueilleux devant l’éternel, le coach Nicolas Tonyè brandit plutôt une réplique cinglante et dégoulinante de pertinence : « Vous parlez du départ de Nguimbous ? Mais vous avez aussi remarqué que son remplaçant, Bebe Kingue, était l’un des meilleurs à son poste lors de cette finale. Djam Ronald qui est parti en Libye ne nous a pas non plus pénalisé. A son poste, nous avions au moins trois joueurs de haute facture ; donc, je ne pense pas que ces départs nous ont déstabilisé ».
La débandade des « internationaux »
Soit ! Interrogeons à présent le comportement de certains joueurs des Astres lors de cette finale. La plupart des internationaux (Lions indomptables Espoir, Junior et Militaire) des Astres de Douala sont passés complètement à côté du jeu. Otobong Enet Edet est la parfaite illustration des « internationaux » des Astres aux abois. C’est la sous la huée du public que l’attaquant a été remplacé à la première (44’) par le jeune et fringant Christian Heumi, auteur du penalty manqué des Astres. « J’aurais pu le sortir à la 15ème voire la 20ème minute car il était complètement passé à côté de son match. Je l’ai laissé pratiquement toute la première mi-temps parce que je croyais qu’il allait se relever. Hélas ! Rien ! Pour le sauver et sauver sa carrière, je l’ai mis dehors ». Belle leçon de réalisme.
Le mis en cause lui-même s’en défend : « Avant le stage préparatif à cette finale, j’ai eu un mal de genoux et j’ai été mis sur traitement », explique Otobong. Mais cela n’a pas empêché à plusieurs de ses coéquipiers de s’engouffrer dans la lugubre brèche qu’il a ouverte. Enama Okouda (homme du match lors de la finale 2005 avec Impôts), Jean Vauclin Bekima, Eric Bassombeng et Paul Ncha (entré à la 59ème) seront complètement méconnaissables. En panne d’inspiration, ces joueurs à vocation offensifs vont ricocher, impuissamment, devant la muraille défensive de Cotonsport et surtout devant l’impressionnant gardien Daouda Kassali, sacré « homme du match ». « Avec tous ces joueurs (sus-cités), c’est tout notre compartiment offensif qui est passé complètement à côté du match», lâche le coach Nicolas Tonyè avec une pointe de déception.
Les Astres plombés par le protocole d’Etat ?
A côté de cette mer de déception, le coach des Astres se console dans un îlot de satisfaction : « il y a des joueurs qui m’ont entièrement donné satisfaction. Je cite le gardien Nelson Lukong, Léopold Babnack (Axe central), Paul Bebbe Kingue (latéral gauche), Mboule Moukoko, (milieu), Ngoko Ndon, Christian Heumi (attaquant) », énumère Nicolas Tonyè qui reconnaît qu’au-delà du sort, les carottes étaient cuite lorsqu’ils ont encaissé l’unique but de la rencontre : « A la mi-temps, le protocole d’Etat est allé donné les consignes aux arbitres pour que le match n’aille pas au-delà de 90 minutes (sic) pour des raisons que tout le monde sait. Vous comprenez que dans ce contexte, le premier à inscrire un but était presque sûr de remporter le trophée car les officiels allaient tout faire pour qu’il n y ait pas égalisation (une thèse à prendre au sérieux au regard des quatre dernières finales dont les scores étriqués sont presque toujours le même : 1-0)».
Traduction : les Astres auraient bien pu remportés la 48ème édition de la Coupe du Cameroun, (la première de leur histoire) s’ils avaient pu inscrire le généreux penalty de la 55ème minute. Hélas ! Ce fut la désillusion totale ! De toute une province d’ailleurs ! Aux lendemains de ce cuisant échec et avec l’espoir qu’on ne retrouve que chez Sisyphe et malgré la gueule de bois, les Astres ont repris les entraînements. Avec l’ambition affichée de « faire mal » lors du championnat d’élite qui reprend samedi prochain.