Après avoir frôlé l’affrontement lundi dernier au stade de Nkol-Ewoué, au quartier Anguissa à Yaoundé, l’on a désormais deux équipes différentes qui se préparent à disputer le prochain championnat de Ligue 1. Céline Eko a décidé, « jusqu’à nouvel avis » que son équipe va s’entraîner ailleurs. Elle s’est entraînée ce mardi au stade annexe de l’Omnisports alors que celle mise en place par le conseil des sages est restée au stade malien.
Canon de Yaoundé est au devant de la scène en ce moment où les équipes sont en pleine phase de préparation pour aborder le prochain championnat professionnel de Ligue 1, dont l’ouverture est programmée pour le 1er février prochain. Il ne s’agit pas d’exemple pour les autres clubs, mais de ce qui est considéré par des observateurs comme « la honte » des dirigeants et membres de cette équipe.
Avec la dernière finale de Coupe du Cameroun de football disputée et perdue le 22 décembre dernier contre Yong sport academy de Bamenda, l’on avait espéré que cette équipe capitaliserait cette performance qui n’était plus arrivée depuis 15 ans, pour se maintenir au sommet du football au Cameroun. Que non ! Les vieux démons sont de retour. Le syndrome qui attaque cette équipe depuis plusieurs années au début de chaque saison où l’on assiste toujours à des schismes entre les dirigeants s’est à nouveau installé.
En l’absence de Céline Eko, la présidente du Conseil d’administration de Canon de Yaoundé, partie en vacances en Europe, le Conseil des sages a siégé et a pris certaines résolutions : la suspension de Céline Eko avec tout son staff, la mise sur pied d’une équipe technique chargée de procéder au recrutement et à la préparation de l’équipe pour la prochaine saison. Emmanuel Kundé, Oscar Eyoum et Joël Afaka, tous des entraîneurs de football, ont ainsi été désignés pour préparer l’équipe sur le plan technique. De plus, les sages de Canon ont initié la convocation d’une assemblée générale, le 12 janvier dernier.
Interdiction d’assemblée générale
Yampen Ousmanou, le Sous-préfet de Yaoundé IV, a opposé une fin de non recevoir à la demande pour la tenue de cette assemblée générale, au motif que « la personne fondée à parler au nom de canon sportif de Yaoundé est madame Eko Céline ». En même temps, le Comité de normalisation a répondu à la demande du Conseil des sages qui souhaitait avoir un représentant de la Fécafoot. « L’article 19, alinéa 2 des statuts du Canon dispose en substance que les décisions du conseil des sages ne sont valables que si les deux tiers au moins de ses membres sont présents ou représentés. Dans le cas d’espèce, la preuve que les deux tiers au moins de ses membres constituant le conseil des sages et dont la liste est déposée à la Fécafoot ont décidé de la convocation de l’assemblée générale n’est pas rapportée, de même qu’il n’a pas été constaté de cas de crise et de menace grave à la bonne marche du club. Compte tenu de ce qui précède, nous vous informons que la Fécafoot ne reconnait pas l’Assemblée générale extraordinaire de Canon convoquée le 12 janvier 2014. En conséquence, elle ne tiendra pas compte des résolutions qui y seront prises », signé de Joseph Owona, lui-même auteur des textes du Canon de Yaoundé, au moment où il était président de ce conseil des sages.
« Nous avons écrit ce matin (lundi, ndlr) en réponse à la lettre du président du comité de normalisation. Nous avons justifié que notre réunion a atteint le quorum en lui envoyant la feuille de présence. Nous avons également estimé que l’appréciation de la crise nous (les sages, ndlr) revient. Nous avons énuméré tous les griefs, au total 13 que nous formulons contre la gestion de madame Eko pour justifier notre prise de position. Nous lui avons dit que nous entendons utiliser toutes les voies de droit afin que force revienne à nos textes et que nous sommes déterminés à convoquer notre assemblée générale extraordinaire. Nous sommes en train d’envisager les voies et moyens pour cette fin », a indiqué Emmanuel Mvé, membre du conseil des sages de Canon de Yaoundé que nous avons joint au téléphone.
Céline Eko quant à elle, sans être trop disserte, vante sa gestion et son bilan à la tête de cette équipe. « Aucun joueur, ni entraîneur ne vous dira que Canon lui doit le moindre radis et vous pouvez leur demander. Nous avons payé les salaires de tout le monde. Ce qui n’est pas le cas de plusieurs équipes », se défend-elle. Et lorsqu’on lui parle de la colère des sages, elle répond : « Le compte de la société est logé dans une banque de la place. Qu’ils aillent y souscrire des actions pour la bonne santé de l’équipe. Qu’ils fassent comme celui d’Union de Douala. Ses membres ont convoqué une réunion où ils ont cotisé 63 millions de francs ».
Deux équipes pour le même nom
Conséquence, en ce moment, deux équipes de Canon de Yaoundé s’entraînent sur deux sites différents. « Nous avons été empêchés (lundi, ndlr) de nous entraîner à Nkol-Ewoué. Nous avons fait constater cela et avons décidé, jusqu’à nouvel avis que Canon va travailler sur un autre stade. La Ligue de football permet la délocalisation d’un site à un autre pour les entraînements d’un club. Pour l’instant nous travaillons et ne prêtons aucune oreille à ce qui se dit. Nos actes sont parlants », nous a déclaré la Présidente.
Son équipe s’est entraîné au stade annexe n°2 de l’Omnisports, « en attendant que les négociations aboutissent pour qu’elle se retrouve à la garde présidentielle ». C’était sous la coordination technique de Narcisse Tinkeu, avec un effectif de 46 joueurs, dont trois Ivoiriens et deux Nigérians. Bertin Ebwellé, annoncé comme coach principal, n’a pas été aperçu.
Pendant ce temps, une autre équipe de Canon, celle mise sur pied par les sages, s’entraîne à Nkol-Ewoué.
L’on a frôlé l’affrontement lundi dernier quand les deux équipes se sont retrouvées sur le stade de Nklo-Ewoué à la même heure. Les dirigeants s’invectivaient devant les joueurs, médusés. Cette « guerre ouverte » ne surprend pas et même certains joueurs qui en sont habitués. « Ce sont de petits soucis qui arrivent tout le temps dans notre équipe. Mais, nous restons concentrés sur ce qui nous attend. Je crois que dans tous les cas, nous allons retrouver notre aire de jeu. Ce sont de petites querelles intestines et nous savons ce qui se passe. Rassurez-vous, c’est un problème qui va s’arranger dans au plus une semaine et la sérénité va revenir », a rassuré Pascal Lebogo, défenseur de cette équipe.
Ainsi va le finaliste malheureux de la dernière finale de Coupe du Cameroun.
Antoine Tella à Yaoundé