Depuis la 26ème journée, l’équipe met les bouchées doubles pour son maintien. Stade Mbappè Lepe, mercredi 5 novembre 2003, 16h. Sous un soleil de plomb, une vingtaine de joueurs se consacrent à des exercices physiques particulièrement relevés.
Les entraînements qui ont démarré quelques minutes plus tôt, sont coordonnés par Alfred Ekeke et Emmanuel Likoumba, les deux encadreurs techniques à qui l’équipe du canton Akwa a été confiée depuis le départ controversé du Turc Mahmut Alpaslan. Autour, les gradins sont à moitié pleins de spectateurs, majoritairement les supporters les plus fidèles. Au centre de toutes les discussions, les équations compliquées d’un éventuel maintien de Caïman club de Douala en division d’élite. D’ailleurs, même s’il est toujours avant dernier au classement général, c’est à dire première équipe reléguable, les derniers résultats du club d’Akwa font rêver ses fans. Depuis la 26ème journée du championnat en effet, Caïman de Douala n’a concédé aucun point à ses adversaires. Mieux, le club a aligné trois victoires successives en trois matchs. D’abord contre Tonnerre de Yaoundé (3-1), Stade de Bandjoun (1-0) ensuite et, plus récemment, « l’inattendue » réussite contre Bamboutos de Mbouda (1-0). A Mbouda ! Réveil tardif, certes, mais qui galvanise néanmoins les troupes et confère davantage d’espoir aux dirigeants.
A deux journées de son terme, le 44ème championnat national de football de première division pourrait donc réserver encore plein de surprises. Pour qui aura suivi de bout en bout son déroulement, on sait que les tribulations ont été nombreuses pour certaines équipes, dont Caïman de Douala. Pendant de longs mois, les finances du club sont restées au rouge, imposant des arriérés significatifs de primes aux joueurs et encadreurs. Plus grave, un conflit d’intérêt a vu le jour entre responsables de Caïman. Le président Mboulè Njoh, seul homme à qui l’on avait presque abandonné l’équipe, a dû batailler ferme contre une frange de » revenants « , Saker Ebonguè, Adalbert Mangamba et Honoré Njimé, qui lui reprochaient notamment sa » mauvaise gestion » des fonds, ainsi que les mauvais résultats alignés par » leur » équipe depuis le début de la saison. Résultat des courses, lorsque la pirogue avait suffisamment pris l’eau, le président Mboulè et le coach turc ont jeté l’éponge. Au terme d’une assemblée générale extraordinaire, la gestion des affaires courantes de Caïman de Douala a été confiée au canton d’Akwa, conduit par le Roi Din Dika Akwa III. Mais, en dépit de quelques exploits réalisés en coupe du Cameroun, cette mutation n’apportera pas grand-chose à Caïman, qui a inexorablement continué son déclin vers les profondeurs du classement.
Équations
Avec 28 points, l’équipe fanion du canton Akwa est aujourd’hui à un petit point de Tonnerre de Yaoundé, et à trois longueurs de Sable de Batié et Renaissance de Ngoumou. Les deux prochaines journées devraient déterminer, parmi, ces quatre équipes, celle qui devra descendre en D2 avec Stade de Bandjoun, longtemps condamnée. A l’horizon, de fortes chances de maintien donc, que le saurien de Douala ne voudrait laisser échapper sous aucun prétexte. Pour y parvenir, il faudra franchir deux obstacles: Unisport de Bafang (29è journée) et Fovu de Baham (30è journée); et espérer par ailleurs que Tonnerre, Renaissance et/ou Sable soient freinés dans leur course. Pendant que les Kalara boys accueillent respectivement Racing de Bafoussam et Stade de Bandjoun; Renaissance de Ngoumou affronte tour à tour Stade et Unisport; alors que Sable devra en découdre avec Pwd à Batié, avant de s’envoler vers Garoua où l’attendra Coton sport local. Quant à Caïman, son premier match, suite à la suspension provisoire du stade de Bafang, se jouera à Buéa; tandis qu’à la dernière journée, l’équipe jouera sa survie face à Fovu de Baham, dans son antre de Bépanda, à Douala.
Conscients de l’enjeu, les ressortissants du canton Akwa semblent enfin vouloir parler le même langage.
Au-delà du simple support moral qu’ils ont décidé d’apporter à leur club dans tous les stades où Caïman est appelé à évoluer, des collectes spontanées de fonds sont organisées pour assurer la logistique nécessaire à l’équipe. Les primes des joueurs, quoique non payées de manière automatique, ont été passablement augmentées. Fils du canton Akwa, le Délégué du Gouvernement Edouard Etondè Ekoto aurait, pour sa part, garanti une gratification spéciale aux joueurs, en cas de non relégation. Même si certains joueurs avouent avoir déjà pris langue avec les dirigeants de certains clubs de DI en vue de leur transfert la saison prochaine, ces derniers disent néanmoins vouloir donner tout ce qu’ils ont, pour que l’équipe se maintienne en division d’élite. » On nous a promis beaucoup de choses en cas de maintien. Mais nous avons pris l’habitude que les promesses de nos dirigeants ne sont pas toujours tenues. Nous jouons donc simplement pour notre carrière. Il ne faut pas que l’histoire retienne que c’est nous qui avons fait redescendre cette équipe en D2… « , lance l’un d’eux, visiblement déterminé à mouiller le maillot jusqu’au bout.
Eugène Dipanda