Mis au banc des accusés à cause de la lenteur observée dans les travaux de réhabilitation du stade militaire, retenu comme terrain d’entraînement de la prochaine Can féminine, la société Sinohydro qui détient la plus grosse part du marché, soit 65% du montant de l’investissement de l’Etat du Cameroun, s’est ravisé en débloquant comme convenu des moyens nécessaires permettant de mobiliser les ouvriers, matériels et autres technologies pour respecter son cahier de charges.
C’est un épais nuage de poussière provoqué par un ballet incessant de camions bennes qui accueille le reporter de Camfoot ce vendredi 26 février 2016 au chantier du stade militaire de Yaoundé. Le ronflement des moteurs doublés des bruits dev métaux et autres outils provenant de l’intérieur créent un tel vacarme qu’il serait difficile pour un profane de supporter. Des ouvriers arborant casques et bottes vont et viennent qui, pour recevoir une consigne des experts chinois ; qui pour s’assurer que le secteur des travaux à eux confiés évolue tel que convenu. En face du grand portail sont garés une quinzaine d’engins lourds aux bords desquels on peut apercevoir des hommes qui dorment à poings fermés. En quête d’un confort de fortune, d’aucuns ont choisi se mettre à la remorque de certains véhicules de service. Ce n’est pourtant pas la pause. C’est que « ils ont travaillé pendant toute la nuit sans répit. Ils doivent se reposer pour se remettre en selle tout à l’heure », renseigne un ingénieur exerçant pour une entreprise de sous-traitance. A l’extrême gauche de l’entrée du stade, trône sur une montagne de terre un bulldozer chargé de remplir toutes les dix minutes, des camions stationnés en file indienne.
Remblaiement et compactage
Interrogés, certains ouvriers expliquent que cette terre sert dans un premier temps au remblaiement, fruit de la mise en place de matériaux pour rehausser ou niveler le terrain naturel. « Etant donné qu’il s’agit d’un stade, il doit pouvoir supporter les sollicitations ultérieures sans déformation préjudiciable (tassements, glissements…). Nous nous assurons de la teneur en eau correcte pour assurer une portance suffisante et garantir leur stabilité », explique un ingénieur qui préfère garder l’anonymat parce que, précise-t-il, « je n’ai pas mandat pour donner des infos concernant le chantier. Ça regarde les chinois ». L’accès au site étant interdit au public, on remarque à travers des fissures du grand portail que des dameurs et des compacteurs vibrant qui relaient des citernes d’eau, s’activent en agissant uniquement par leur poids et leur vibration sur le sol.
Non loin de la tribune, les « chirurgiens du fer » s’exercent. A l’aide des outils dont eux seuls en ont le secret, il monte des architectures bâties autour des barres de fer. La tâche demande minutie et engouement à la fois. S’il est encore trop tôt pour visualiser certains espaces précis tels la tribune d’honneur, la piste et les différentes enceintes réservé entre autres aux conférences de presse ou les vestiaires dédiés aux joueurs, le visiteur peut déjà avoir un aperçu de quelques ouvrages qui constitue le chantier en question. « Côté tribune et gradins, la visibilité sera très bonne, peu importe où l’on se trouve dans le stade. Il y a entre 9 et 11 mètres entre la ligne de touche et le premier rang, ce qui permet de rester compact. Les quarts de virage sont fermés, ça va rajouter de l’ambiance. Ce sera un bol qui donnera une impression de chaleur dans l’enceinte », nous confie l’un des Stadium manager, laissant entrevoir après le passage des camions, une vue magnifique sur ce qui constituera le terrain. Voulant faire de ce stade d’entraînement un modèle répondant aux standards européens, Synohydro a décidé de travailler d’arrache-pied pour offrir au Minsep et aux futurs visiteurs une infrastructure dernier cri.
Travaux d’étanchéité
« Non seulement le nombre d’ouvriers a considérablement augmenté mais le volume et les fréquences de travail aussi sont importants. (…) Une volonté pour nous de rattraper le temps perdu et de respecter les délais prévus pour juillet 2016 », confesse un ingénieur. En rappel, le stade militaire de Yaoundé situé à l’entrée du lycée général Leclerc à Ngoa Ekelle était il y’a peu, le parfait contre exemple des stades conventionnels : sans eau, sans éclairage, sans toilettes, sevrés de travaux d’étanchéité, encore moins de filets aux normes. Ce qui en tenait lieu était non seulement rafistolé, mais, pire encore, maintenu tendu à l’aide de blocs de pierres pesant plusieurs dizaines de kilogrammes. En saison sèche, l’aire de jeu offrait un autre spectacle. C’est celui de la poussière dans laquelle pataugeaient les footballeurs qui disputaient les compétitions organisées par la fédération camerounaise de football (Fécafoot). Les spectateurs avaient aussi du mal à regarder les matchs puisque certaines actions de jeu se disputaient dans d’épaisses couches de poussière. En saison de pluie, la « pelouse » est transformée en champ de patates. Un cliché qui ne sera plus qu’un vilain souvenir d’ici quelques mois.
Christou DOUBENA