Les plaidoiries ont mis à nu un problème de gros intérêts financiers. Il aura fallu hier deux heures et un quart au président Mamar Papa Sale pour renvoyer en délibéré pour le 9 mai prochain l’affaire des deux tendances qui se battent pour la paternité du Tonnerre Kalara Club (TKC). D’un côté les partisans de l’Association sportive TKC, défendus par un conseil constitué de Mes Eloh et Edou et de l’autre, ceux du TKC Société anonyme à objet sportif (SAOS) avec pour conseil Me Memong.
Dans la salle des référés du palais de justice d’Ekounou, les douze bancs étaient tellement bondés que des centaines de personnes qui voulaient suivre les débats n’ont pu que se tenir devant les deux entrées.
Au moment où débute l’audience à 13 h 34 mn, le président du tribunal signale au demandeur qu’est Onambélé Zibi et à l’accusé Antoine Depadoux Essomba Eyenga la présence de Me Charles Nguini, conseil de la Fédération camerounaise de football (FECAFOOT). Ce dernier réclamera toutes les pièces versées au dossier avant d’enchaîner qu’il fera une déclaration à la fin des plaidoiries.
Après l’échange des documents, les trois avocats accepteront que la juridiction les retienne pour débats. Dans un premier temps, le président du tribunal demandera à Onambélé Zibi ce que signifient pour lui les termes assemblée générale et congrès contenus dans les statuts qu’il a remis pour l’association sportive TKC. Sans qu’Onambélé Zibi parvienne à lui donner des réponses satisfaisantes, le juge insistera pour que ce chef de file de la tendance accusatrice précise la date depuis laquelle Essomba Eyenga est président directeur général du TKC SAOS.
C’est alors que Mes Eloh et Edou viendront à la rescousse de leur client pour donner des explications sur l’assemblée générale et le congrès. Sur un autre plan, le conseil de la tendance Zibi Onambélé insistera sur le fait que c’est Essomba Eyenga qui a été assigné devant la justice et que TKC SAOS n’existe pas. Dans leurs argumentations, les avocats de Onambélé Zibi et de ses partisans mettront à nu » la duperie » de l’accusé qui a réussi le tour de force d’écarter le général Pierre Semengue, alors président du conseil d’administration du TKC. Après sa forfaiture, ont-ils ajouté, Essomba Eyenga qui n’a pas été élu président directeur général a malicieusement transformé l’association sportive TKC en » TKC SAOS « . Tandis que le général Semengue a créé une société anonyme, a soutenu Me Edou, Essomba Eyenga a, pour sa part, manipulé de par son intelligence les textes pour fonder une société anonyme à objet sportif, à des fins lucratifs. Or, relèvera enfin Me Eloh, les sociétés anonymes à objet sportif ne peuvent pas encore se constituer au Cameroun dans la mesure où le décret d’application n’existe pas encore.
Le conseil de la défense, Me Memong fera d’abord des rappels historiques : l’élection de Essomba Eyenga comme PDG de TKC SAOS en juin 1998, la cession des parts du général de division à Mme Bernadette Omgba Zing le 29 avril 2003, la dissolution de l’association sportive TKC et la création du TKC SAOS devant un notaire. Pour Me Memong, le conflit actuel au sein du TKC n’est pas d’ordre sportif mais il s’agit d’un problème de gestion. Si la FECAFOOT a réussi à donner des éclaircissements sur l’association, a poursuivi l’intervenant, ce sont des intérêts qui sont en jeu.
De l’avis de Me Nguini, même si les parties insistent sur le fait qu’il s’agit d’un conflit entre les membres d’une association, ce dernier est du ressort de la Fécafoot. Le TKC étant membre de la Fécafoot, Me Nguini a longuement argumenté pour que » les problèmes d’une famille se règlent en son sein et non sur la place publique ou devant les juridictions. C’est à 15 h 50 mn que le président Mama Papa Sale a renvoyé l’affaire TKC au 9 mai prochain en délibéré.
Louis D. EDZIMBI