Le Canon de Yaoundé, jadis fierté du football camerounais n’est toujours pas encore sorti de la crise qui le secoue depuis maintenant de longs mois. Et pourtant la Fécafoot qui en a le pouvoir, a cru à un moment avoir mis fin aux querelles de leadership entre dirigeants et anciens joueurs vedettes du club.
Réuni à Sousse le 2 février, en marge de la participation du Cameroun à la Coupe d’Afrique des nations en Tunisie, le bureau exécutif de la fédération a décidé de la création d’un comité provisoire de gestion pour diriger le Canon de Yaoundé. Une sorte de jugement de Salomon qui invite les deux tendances opposées à travailler ensemble pour redresser le club et préparer son assemblée générale qui doit se tenir avant la fin de la saison 2004. La tendance Abéga qui dirigeait le club jusqu’ici devant nommer le secrétaire général, le trésorier général adjoint et l’intendant du club, et la tendance Me Nguini devant désigner le secrétaire général adjoint, le trésorier général et le directeur sportif.
Si Me Nguini a déjà procédé aux nominations attendues de lui, ce n’est hélas pas encore le cas de Théophile Abéga. Signe que la décision de la Fécafoot ne fait pas l’unanimité et que le Canon de Yaoundé n’est pas (encore) sorti de la crise. Il se trouve ainsi des membres du club pour estimer que la décision de la Fécafoot est insuffisante et pourrait entraîner de nouveaux conflits. Le bureau exécutif a par exemple omis de dire laquelle des deux tendances nommera les entraîneurs ( équipes seniors, réserves, espoirs, minimes, cadets et filles), le préparateur physique, le médecin et le président de l’équipe féminine. D’autres membres trouvent carrément partiale cette décision qui fut déjà appliquée aux voisins du Tonnerre de Yaoundé. Ainsi, dans le camp Nguini, on accuse certains membres du bureau exécutif de la Fécafoot, David Mayebi et Atangana Mballa notamment, d’avoir « manœuvré pour empêcher le départ d’Abéga ». Tandis que dans la tendance Abéga, on s’interroge sur cette décision prise à l’étranger. On estime que ses contours ont été négociés en coulisses par Me Nguini qui se trouve être l’avocat de la fédération.
Un club endetté
Entre les deux tendances, il n’y a guère que Jean Manga Onguené, pourtant pressenti et même désigné pour succéder à son ancien coéquipier Théophile Abéga, pour prêcher l’apaisement. L’ancien goléador du Canon estime en effet que les uns et les autres devraient mettre en pratique leur amour du club et oublier les querelles inutiles. Pour lui, Abéga a beaucoup apporté au Canon et au football camerounais, à ce titre on doit le respecter et l’accepter s’il est prêt à travailler avec tout le monde. Seulement, prévient Manga Onguené, « qu’il se dise que personne n’est indispensable au Canon ; après l’un, vient l’autre ».
En tout cas, quelle que soit l’issue que prendra la crise au sein du Canon, ceux qui auront finalement la charge du club, hériteront d’une situation particulièrement tendue. Le Canon de Yaoundé est aujourd’hui un club très endetté. Ses créanciers se bousculent à ses portes, à la Fécafoot et même … à la Caf. Parmi eux, le bailleur du club qui revendique des loyers impayés, l’entraîneur national qui a encadré le kpa kum en ligue des champions, les joueurs qui ont participé à cette compétition et…l’ex frère ennemi du Tkc qui revendique 20 millions de francs cfa et des équipements sportifs pour les transferts des joueurs Manga Didier, Kima et Meyong Ze.
Au total, c’est 108 237 572 francs cfa qui sont réclamés au Canon de Yaoundé par ses créanciers. Il n’est pas exclu que d’autres créanciers se signalent bientôt. On en est à se demander à quoi ont servi les subventions des Belges de Lokeren et l’avance de 50 millions de francs accordée par la Caf pour la participation du club à la ligue des champions. On se demande surtout comment le Canon de Yaoundé va rembourser ces dettes. Certes, la Caf vient de lui envoyer les 80 millions de francs qu’elle lui devait encore pour sa participation à la ligue des champions, mais cela pourrait bien s’avérer insuffisant pour contenter tout le monde et relancer ce club dont le football camerounais a encore grand besoin.
Sandeau NLOMTITI, Le Messager