Suite à mon texte sur la gestion du foot au Cameroun appelant les images au secours, je m’indigne de voir que l’opinion publique a trouvé son bouc émissaire des mauvaises performances des lions indomptables en particulier et des équipes camerounaises en général. Vous savez, c’est difficile de se mettre à un travail qu’on ne sait pas faire. À l’époque, la Fédération ne travaillait pas plus qu’aujourd’hui, et les résultats étaient là, ceci au nom du « Hemlè », du patriotisme, de l’exposition internationale pour les joueurs espérant ainsi décrocher un bon contrat.
Tout le monde se souvient de la grève de 2002 au début de la coupe du monde au Japon et en Corée du Sud, sûrement la meilleure cuvée de joueurs que le Cameroun ait jamais connue, double championne d’Afrique et médaillée d’Or de Sydney, bourrée de talent et d’expérience… Le rêve d’écouter le Ô Cameroun lors d’une finale de coupe du monde s’est envolé à cause de problèmes de primes…
Les joueurs n’ont plus besoin de la sélection nationale
Les propos durs et peut-être maladroits (pour certains) de Samuel Eto’o contre la FECAFOOT et la gestion du foot au Cameroun ont peut-être choqué plusieurs, le capitaine des lions n’a peut-être pas tout à fait raison, mais il n’a surement pas tort! Avant, quand un Camerounais jouais un match de qualification de la CAN, il y mettait tout ce qu’il avait car la participation à une phase finale de la CAN assurait de jouer sous les regards de scouts et recruteurs occidentaux… Aujourd’hui c’est plutôt une grosse épine dans le pied, les joueurs savent qu’ils vont subir des pressions de toute part, que l’organisation du match sera approximative dans le meilleur des cas, et en plus ils risquent de se blesser « pour rien ».
Camfoot vient de publier un article sur la prospection des girondins de Bordeaux au Cameroun. Aujourd’hui on n’a plus besoin de la CAN pour être vu et espérer signer un contrat : la plupart des joueurs de l’équipe nationale aujourd’hui n’ont pas eu besoin des matchs avec les lions pour s’affirmer mondialement. Le « Zolo » de Chedjou sur Zlatan Ibrahimovich a été vu par plus de 1,4 millions de personnes sur Youtube en 2 semaines, c’est plus que les temps forts du match d’ouverture de la CAN 2013 en Afrique du Sud.
Les conditions de jeu
Il ne faut pas se le cacher, il faudra motiver nos joueurs pour les convaincre de mouiller le maillot pour les Lions, et heureusement ils ne demandent pas beaucoup: Une organisation adéquate des matchs, avec des billets d’avion réservés et reçus à temps, des équipements nécessaires (et non se les faire arracher dans les aéroports par la FECAFOOT), de la lumière dans les stades d’un pays 4 fois champions d’Afrique, afin de ne pas « cuire » (au soleil) en essayant de marquer des buts en après-midi; il ne faut pas oublier qu’aucun de ces joueurs n’a l’habitude de jouer sous la canicule. Par conséquent, quand on fait jouer un match de qualification de la CAN contre la RDC à Garoua à 16h c’est plutôt à l’avantage de l’adversaire dont la plupart des joueurs évoluent en Afrique. Il est vraiment lamentable qu’en 2013, la ligue professionnelle de football du pays à 6 participations à une phase finale de coupe du monde, se joue sur de la terre battue avec un maigre public, contenu derrière du fil barbelé comme des prisonniers affamés. J’aimerais bien voir monsieur Iya Mohammed à un tel match. Je pense qu’à la fin, il ne reconnaîtra pas son beau Gandoura blanc!
Je pense qu’au Cameroun on pourrait faire comme en Espagne où les présidents des clubs évoluant sur le terrain doivent être dans les tribunes accompagnés par les dirigeants de la Fédération. Ceci leur permettrait d’avoir un aperçu des conditions dans lesquelles les matchs se déroulent et ils n’auront pas à attendre la finale de la coupe du Cameroun afin de se discuter les places près du Président de la République.
À propos de Samuel Eto’o : les camerounais ont-il la mémoire sélective?
Revenons à nos moutons, shall we? J’ai lu des articles de Camfoot qui font mention des mauvaises performances des Lions sous l’ère Eto’o.
Premièrement on va essayer de définir l’ère Eto’o: c’est depuis son arrivée en Équipe nationale ou depuis qu’il porte le brassard? Sûrement tout le monde dira depuis qu’il est capitaine car après la coupe du monde, le Cameroun a manqué deux Coupes d’Afrique.
Ne soyons pas hypocrites et relatons les faits des performances de Samuel Eto’o en équipe nationale du Cameroun. Le premier match qui me vient en tête est celui des éliminatoires de la coupe d’Afrique Junior de 1997. À Abidjan Eto’o va marquer deux buts et permettre au Cameroun de l’emporter face à une équipe de Côte d’Ivoire formée des joueurs de la redoutable Assec Mimoza. En 1998, il devient l’un des plus jeunes participants à une coupe du monde. En 2000, il marque en finale de la coupe d’Afrique. La même année, il marque en finale des J.O. à Sidney. En 2003, il crucifie le Brésil d’une magnifique demi-volée afin de propulser le Cameroun en finale de la coupe des confédérations (seul pays africain à ma connaissance). En 2008, il sert un caviar à Alain Nkong qui élimine le Ghana, pays organisateur de la CAN. En 2009, il marque deux buts à Libreville et marque aussi à Yaoundé contre le Gabon afin de permettre au Cameroun d’aller en coupe du monde.
En près de 15 ans, Eto’o a joué 5 finales et gagné 3 titres avec les lions de différentes catégories. Voici une comparaison avec des joueurs de sa génération dans le monde :
– Messi, du haut de ses 5 ballons d’or n’a gagné que les J.O en 2008 et n’a jamais joué de finale avec l’Argentine en Senior
– Christiano Ronaldo [Portugal] – 0 finale
– Zlatan Ibrahimovich [Suède] – 0 finale
– Steven Gerrard, Frank Lampard et Wayne Rooney [Angleterre] n’ont jamais traversé les quarts de finale d’une compétition internationale;
– Didier Drogba – 0 titre
– EL Hadj Diouf – 0 titre…
Pour ne citer que ceux-là. Les joueurs français, espagnols, brésiliens, italiens et égyptiens sont les seuls à avoir eu plus de succès que les camerounais ces 15 dernière années.
Je pense que les camerounais ont vite oublié pourquoi ils aiment Eto’o et pourquoi ils en sont aussi fiers! Comme dit l’adage « Qui aime bien, châtie bien ».
Le foot camer a besoin d’un nouvel élan, de nouveaux défis, d’une nouvelle organisation ou comme diraient les lecteurs de Shakespeare, d’un « Start from scratch », avec une prise de responsabilités de chacun de ses acteurs et de travailler avec le même esprit de patriotisme et de professionnalisme!
Je me souviens de ces jours où les matchs se terminaient à 20 heures à Douala et les gens restaient aux alentours du stade « taper les commentaires » sur chaque action du match jusqu’à ce que le stade ferme et éteigne ses lumières. En 2013, ça n’existe plus…
Engache, blogueur