Au soir du 27 Mars 1988 à Casablanca alors que le Cameroun a remporté son second trophée continental, Mbouh Mbouh Émile, le capitaine camerounais, demanda à Roger Milla de venir l’aider à soulever le trophée de champion. Vingt neuf ans plus tard, Benjamin Moukandjo a fait la même sollicitation à Nicolas Nkoulou après le cinquième sacre à Libreville.
Ce geste est encore plus touchant au vu du statut de Nkoulou dans l’équipe. Jeune surdoué précoce, à 26 ans, il a tour à tour perdu le brassard qui devait lui revenir de droit après la retraite internationale de Samuel Eto’o Fils, et aussi sa place de titulaire indiscutable. Comme il y a certainement une justice sur terre, c’est lui qui a permis au Cameroun de se donner le droit d’espérer en remettant les pendules à l’heure dans cette finale. Il a offert de sa générosité, de son leadership, de son expérience et son humilité à ce groupe. Sa hargne et sa determination et le fait de ne pas s’être attardé sur sa situation personnelle, le grandissent encore plus.
Le dossard numéro 8, porte bonheur aux capitaines des lions : Mbouh Mbouh en 88, Géremi en 2000 et Moukandjo 2017 ont offert des trophées à leur génération. Tous ces exploits ont été lconquis grâce à la mise en place d’un bloc équipe surréaliste, avec une solidarité à toute épreuve. Ces équipes camerounaises ont su faire bloc derrière leur numéro 8 capitaine et ont réussi là où on ne les attendait pas. Elles ont su jouer sur leurs points forts tout en exposant les points faibles de leurs adversaires. Ces capis ont mené par l’exemple en vrais leaders.
Le comportement de Benjamin Moukandjo tout au long de cette Coupe d’Afrique des Nations m’a presque poussé à oublier Magnan, tellement ses prises de parole durant les interviews étaient d’une humilité. Il ne parlait que du collectif. Il n’a pratiquement jamais utilisé la première personne du singulier pour s’exprimer, le NOUS et l’équipe étaient toujours au centre de son discours.
Lors de la remise des trophées individuels, il a presque failli refuser le trophée d’homme du match pour aller savourer la victoire avec ses coéquipiers.
Après le fiasco brésilien et son altercation exposé en mondo vision avec Assou Ekotto avec qui il était pourtant très proche, il a su surmontrer sa fragilité pour montrer un autre visage, le sien propre. Ce moment d’impair ne définira donc pas le reste de sa carrière… Chapeau!
Il va falloir un jour que le sélectionneur Hugo Broos nous explique comment et pourquoi il a fait de lui son meneur puisque rien ne présageait un changement aussi drastique. Et en plus, le groupe de leadership avait été nommé bien recemment.
Mais il faut l’avouer, la methode Broos et ses choix lui ont donné raison. Et totalement.
Enganche