Battus par deux buts à zéro par la modeste équipe du Cap-Vert, menacés d’élimination encore à la CAN, les camerounais dans leur écrasante majorité savent désormais que le Football dans notre pays se porte mal. Et l’agonie de notre équipe nationale en est désormais la parfaite illustration. Seulement, si ces résultats sportifs sont suffisamment éprouvants pour les supporters des lions, ce sont les mesures prises, (voir l’absence de mesures) par les autorités en charge de ce sport pour renverser la tendance qui davantage interrogent.
L’opinion s’appuyant sur des résultats désespérément médiocres depuis plus d’une décennie semble n’y voir que des mésurettes, du badigeonnage, du saupoudrage, du replâtrage, en somme du rafistolage, le tout sur fond de mauvaise foi pour les plus modérés et d’incompétence pour les plus radicaux.
Ecrasés par le Cap-Vert à l’aller, les lions indomptables et le Cameroun tout entier attendent le match retour du 13 octobre 2012 à Yaoundé avec anxiété. En cas de défaite le Cameroun cours le risque d’être pour la seconde fois consécutive absent d’une phase finale de Coupe d’Afrique des Nation. Chose impensable il y’a quelques années. Malgré la générosité des tirages, avec des challengers tels la guinée Bissau, le Cap-Vert… Le Cameroun peine à s’affirmer, preuve que le malaise est profond.
Cette morosité de notre football contraste avec la qualité de nos sportifs, qui font chacun la joie et la fierté de leurs clubs respectifs à travers le monde. C’est désormais évident le football camerounais a mal à sa gestion, a son management. Les dirigeants sont-ils incompétents ? Sinon pourquoi une telle inertie face à une descente aux enfers aussi constante ? Quel seuil faudra t-il atteindre pour enfin espérer un sursaut ? Semblent se demander tous les observateurs.
En 2002, double champion d’Afrique, le Cameroun sort au premier tour d’une coupe du monde pour laquelle beaucoup le donnaient favori. La faute à des soubresauts liés aux questions de primes, de réservations de chambres d’hôtels…, que les joueurs ont du faire grève pour faire entendre raison aux dirigeants. Après ces évènements que l’opinion n’apprendra qu’à travers des indiscrétions, Aucune mesure forte n’aura été prise, les autorités se contentant de mettre cette déroute sur le compte du sort, le football étant un sport ou l’on peut perdre aussi. Drôle de conclusion pour les dirigeants d’un pays qui aspirait légitimement à jouer les premiers rôles dans une compétition.
En 2005, Le Cameroun rate la qualification à la coupe du monde, Womé Nlend Pierre qui rate le penalty du 8 octobre est très vite indexé. Un bon Coupable ! Pourquoi le Cameroun doit-il compter sur un penalty contestable à la dernière minute pour se qualifier à une phase finale de coupe du monde ne semble intéresser personne. Le pauvre Womé passe pour le mouton noir de la tanière. Joueurs et dirigeants se défoulent à volonté, les coups pleuvent ! Sa famille n’est pas épargnée. Les dirigeants tiennent en lui le responsable de la déroute. Aucune analyse profonde de cette élimination ne sera faite, personne ne s’interrogera sur les raisons réelles de cet échec. Passées les émotions, les dirigeants attribueront la déconvenue à un manque de « Chance ». Le football étant d’après eux un sport ou l’on doit beaucoup compter sur la chance. Womé finit par quitter l’équipe. Seulement son départ n’améliorera pas les choses, et la chance ne reviendra pas. La descente aux enfers continue.
En 2008, sous les ordres du très controversé septuagénaire Otto Pfister, Le Cameroun atteint laborieusement la Finale de la coupe d’Afrique des nations. L’Arbre qui cache la Forêt ! la bravoure des joueurs n’aura pas suffit à remporter le sacre. L’Egypte vainqueur était mieux préparée. Les dirigeants cette fois tiennent en Rigobert Song le bon Coupable. Il s’est fait malmené par le jeune Mohammed Abdullah Zidan, occasionnant dans la foulée le but qui nous coutera le triomphe. L’on découvrira ce jour que Rigobert Song est « Vieux ». On lance d’ailleurs une chasse aux « vieux ». S’était à cause d’eux que le Cameroun ne gagnait plus. Comme s’ils s’auto sélectionnaient, s’auto convoquaient. Quelques mois plus tard, c’est à Otto Pfister qu’on fera porter le chapeau de nos contre-performances. Il démissionnera en mai 2009 après un début pour le moins délicat de la phase éliminatoire de la coupe du monde 2010 avec une défaite contre la modeste équipe du Togo.
En 2010, Le Cameroun fera une CAN approximative et une Coupe du monde Chaotique. Le tout dans une confusion à nulle autre pareille. Des divisions qui marquent encore l’équipe. Les dirigeants jetteront cette fois la faute aux joueurs qui ne s’entendraient pas. Ils parleront d’ésotérisme dans la tanière, de Clans, d’Ego… Une fois de plus personne ne dira à l’opinion ce qui aura été fait pour éviter d’en arriver à cet état de choses. Mieux, rien n’aura été fait pour que jamais plus cela ne nous arrive. On a pris les même et on a continué, bannissant momentanément deux ou trois joueurs. Encore les joueurs !
En 2012, le Cameroun est absent de la CAN, pourtant organisée à ses portes (Gabon-Guinée). Entre temps la tanière reste en proie à des graves tensions. L’on attribuera l’échec à la reconstruction de l’équipe, promettant des lendemains qui chantent à l’opinion. Seulement le lendemain c’est la Can 2013, et malgré les faveurs des dieux à travers des tirages cléments, le Cameroun cour encore le risque d’être absent de la Can. Tenu en échec par une Lybie encore dans le tourbillon de ses convulsions politiques, menacé par la Guinée-Bissau, et battu par le Cap-Vert, Les dirigeants Camerounais ont trouvé en Denis Lavagne le Mouton de Sacrifice. C’est lui le coupable. Pourtant nommé par ces mêmes dirigeants. Il est aussitôt remplacé par Jean- Paul Akono dont on attend le « Miracle ».
Pourtant la sonnette d’alarme a été tirée et par plusieurs : Joseph-Antoine Bell, Roger Milla, Jean-Lambert Nang, et tout récemment Samuel Eto’o, pour ne citer que ceux là. Des voies autorisées qui ont attiré notre attention sur la façon dont le football se gère. Toujours plus de communication, d’argent dépensé, beaucoup de rafistolage, et très peu ou presque plus de résultats.
Le peuple Camerounais reste fortement attaché au football et à son équipe nationale. Il conjure tous les Dieux pour que le Cameroun recommence à gagner et que les dirigeants de ce sport soient plus avenant dans l’avenir.
Par Augustin Armel MINKA MI NWIND