Monsieur le Président de la FECAFOOT,
Tout l’honneur est pour moi de vous écrire en ce jour en ma qualité de citoyen camerounais pour vous faire part de mon point de vue par rapport à tout ce qui se passe en ce moment dans le football de notre pays.
En effet, Monsieur le Président, alors que l’image de notre football était ternie par la néfaste affaire des faux billets de la Coupe du Monde 98, vous êtes arrivé à la tête de la FECAFOOT comme un messie. Vous avez d’ailleurs entrepris des reformes qui ont fini par payer quelques années plus tard. De 2000 à 2003, notre équipe nationale était l’une des plus redoutables du monde. Bah ! On pouvait encore se vanter d’être un Camerounais grâce aux exploits de nos valeureux Lions Indomptables. Mais alors, au jour d’aujourd’hui, j’ai personnellement l’impression que vous et vos collaborateurs avez dormi sur vos lauriers.
Les Lions Indomptables sont devenus les Lions Domptables et pire encore, ils sont entrés dans l’histoire en refusant de jouer un match amical. Tout le monde connait la suite de l’affaire. C’était de leur faute même quand nous sommes rentrés du mondial avec 0 point au compteur. La fédération n’avait rien à voir dans ces échecs. Ce qui est d’ailleurs une première. Dans le monde entier, il n’y a que la FECAFOOT qui n’a jamais tort. Voilà que depuis quelques années, la presse nationale fantasme sur votre probable arrestation. Nous, bas-peuple, nous qui aimons tellement le football sommes maintenant servis par les comités de soutien et autres mémorandum adressé au Chef de l’Etat. Jamais dans l’histoire de notre football on n’avait jamais vécu ce que l’on vit aujourd’hui.
Où est donc passé l’amour que nos compatriotes avaient encore pour les Lions Indomptables au point où lorsque le Cameroun affrontait la République Démocratique du Congo dans le cadre des éliminatoires de la Coupe du Monde 2014, des gens soient entrain de souhaiter une écrasante défaite de nos Lions ? Monsieur le Président, je n’ai pas qualité de vous juger, mais comprenez au moins ce que nous autres qui aimons encore le football ressentons en ce moment. Votre éviction à la tête de la FECAFOOT ne m’intéresse pas. Je souhaite seulement que les choses puissent changer afin que notre football puisse retrouver sa splendeur d’antan.
Vous avez en cette saison sportive lancée la Ligue de Football Professionnel. Je pense pour ma part que cela a été une erreur. Voyez-vous Monsieur le Président, notre pays n’avait pas encore les qualités requises pour parler de professionnalisme. Pour appuyer mes déclarations je me permettrai de citer quelques exemples. Voyez-vous Monsieur le Président, la date de la finale de la Coupe du Cameroun de Football n’est jamais connue d’avance comme cela se fait sous d’autres cieux. Seule la Présidence de la République détient la date exacte causant ainsi des pertes tant sur le plan sportif que financier aux clubs finalistes. De fois, il faut modifier le règlement de la compétition de peur que le monde entier ne constate que l’on ne peut jouer un match dans notre pays après 18H30. Nos clubs de football vivotent grâce aux différentes tontines. Ils n’ont pas de structures adéquates pour permettre l’épanouissement des acteurs que sont les joueurs. Avant le début de saison, plus de la majorité des clubs n’ont pas rempli leur cahier de charge. Ces derniers n’ont aucune preuve d’une aisance financière et matérielle pouvant les permettre d’aborder la saison en toute quiétude. Les dirigeants de club n’ont aucune vision. Ils préparent les joueurs à la vente au lieu de chercher à les conserver afin de préparer à bien les différentes coupes africaines.
Aucune politique commerciale n’est développée pour vendre notre championnat. Si vos proches collaborateurs vous disent la vérité, ils vous diront certainement que rares sont les Camerounais qui connaissent les joueurs évoluant dans leur championnat. Pourtant, ils peuvent vous donner la composition exacte du Stade Brestois ou de Clermont Football Club pour ne citer que ces cas-là. La fédération n’a pas préparé les clubs aux exigences du professionnalisme ce qui donne l’occasion à tout un chacun de faire ce qu’il veut , ce qui voudrait dire que la Fédération est une épicerie où chacun se sert quand il veut et comme il veut. Cela se voit dans la réaction de vos proches collaborateurs quand il y a problème. Ils s’adressent aux gens avec une arrogance digne des grands maitres de la dictature qui surpeuplent l’histoire de l’humanité.
Monsieur le Président, malgré nos différentes victoires tant sur la scène continentale qu’internationale, nos clubs n’ont pas de stade. Je me souviens que l’un de vos collaborateurs a déclaré un jour face à la presse que ce n’est pas à la FECAFOOT de construire des stades et des infrastructures sportives. Donc si je m’en tiens à cette déclaration, c’est à l’Etat de construire les stades pour chaque club de football. C’est du jamais vu. Et même si c’était le cas, il faudra que ces derniers attendent encore pour un siècle comme ils le font en ce moment. L’Etat a-t-il déjà versé l’aide qu’il avait promis aux clubs ? Les joueurs et les entraîneurs de notre championnat ne vivent pas de leur métier. Comment comprendre Monsieur le Président que vous puissiez parler de professionnalisme alors que les salariés des clubs n’ont pas d’assurance maladie voire de salaire ?
Monsieur le Président de la FECAFOOT, je ne pense pas que vous soyez le diable en personne et je pense vraiment que vous pouvez encore changer les choses. Souvenez-vous Monsieur le Président, que le football est déjà religion dans notre pays et que ce n’est que dans le football que le peuple affamé meurtri par les conséquences de la mondialisation s’unit encore. Vous devez comprendre que les attentes sont énormes et que vous ne saurez vous dérober de la tâche qui vous est réservée à savoir servir et défendre les intérêts du football camerounais et non les intérêts d’un groupe de personnes. Il est temps Monsieur le Président que vous changez les choses afin que nous soyons fiers de savoir que nous parlons tous de football et rien que football, propre en son terme.
Je vous remercie Monsieur le Président d’avoir porté une attention particulière à ma lettre.
L’Empereur Britanikus Zendé
Citoyen Camerounais