Le football est le sport le plus populaire au monde sûrement parce qu’il écoute le peuple … Du moins, le plus souvent. La déculotté brésilienne d’hier à Belo Horizonté vient appuyer cette affirmation. Comme le disait un autre article paru sur ce site, peut-être les blancs brésiliens ne savent pas supporter ou bien, ceux-ci ne sont pas représentatifs de la société du pays de la Samba.
Avant la coupe des confédérations l’année dernière, il y a eu beaucoup d’émeutes dans les rues, des milliers de manifestants décriaient l’absence d’une classe moyenne forte dans le pays et la souffrance extrême des couches défavorisées de la société (les hommes de couleurs ?). Cependant mené par un Neymar tout feu tout flamme, le brésil a remporté ce tournoi haut la main, en se défaisant des champions du monde et double champions d’Europe, les Espagnols, en finale. Ce succès a su apaiser un peu les humeurs et a fait office de sursis.
Pour ‘SA’ coupe du monde, le Brésil n’avait sûrement pas imaginé pire scénario : une demi-finale sans son idole Neymar et sans son capitaine Thiago Silva contre une équipe allemande qui avait plus qu’envie de passer l’étape des demi-finales après y avoir échoué en 2006 et 2010. Cette équipe allemande est très expérimentée, du milieu de terrain à l’attaque. Le seul changement par rapport à l’équipe demi-finaliste en Afrique du Sud et à l’Euro 2012 est Toni Kroos à la place de Lukas Podolskiy. Schweini, Khedira, Ozil, Muller et Klose se rappellent tous bien des défaites précédentes et ont tout donné pour éviter une nouvelle.
Le match Brésil-Allemagne ressemble étrangement à Italie-Allemagne d’il y a deux ans. Avant que les allemands ne se rendent compte de ce qui leur arrivait, Balotelli avait inscrit un doublé et Dieu seul sait comment il est difficile de remonter deux buts contre les italiens.
Tout le monde s’est rendu compte que l’attaque brésilienne est en dessous de la moyenne européenne surtout sans son attaquant vedette Neymar. Hulk joue en Russie au Zenith, Bernard au Shaktar chez les ukrainiens et Fred à Fluminense au Brésil, un championnat qui se transforme peu à peu à une maison de retraite puisqu’il sert désormais à relancer les carrières des joueurs ayant échoués en Europe ou encore à finir sa carrière à la maison. Cette attaque n’a rien eu à proposer à la défense allemande, et personne ne dira que ce n’était pas prévisible.
Lors des matchs de huitième et quart de finale, les trois buts brésiliens ont été marqués par des défenseurs centraux (2 Par David Luiz et 1 par Thiago Silva) et ceci avec Neymar sur le terrain. La seule victoire ‘convaincante’ du Brésil a été obtenu face à la pire équipe du tournoi, notre cher Cameroun et même, nous avons réussi à égaliser avant de capituler.
La recette qui a très bien marché en 2013 s’est avérée obsolète un an plus tard, des héros se sont transformés en parias et ce, en l’espace de 6 minutes durant lesquelles les allemands ont marqué 4 buts.
Et Après 39 ans sans la moindre défaite en match officiel à domicile, le Brésil vient de connaître sa plus cuisante et devinez où le Brésil a perdu en demi-finale de la Copa America en 1975 contre le Peru 3-1? À Belo Horizonte! ‘History is a bitch’.
Excusez-moi, si je suis content c’est parce que le pays qui nous a colonisé et qui serait donc notre mère patrie a lavé notre affront de 1994 contre la Russie de Salenko. Je ne me réjouis pas de la défaite brésilienne mais je suis aussi super content pour Joachim Low qui prouve encore une fois que la patience et la persévérance dans le travail bien fait paient!
L’objectif des allemands est de gagner chaque compétition à laquelle ils prennent part et malgré les récents échecs successifs et leur dernier succès datant de presque vingt ans à l’euro 2016, ils ont gardé Joachim Low et aujourd’hui malgré le fait que le titre mondial ne soit pas encore dans la poche, ils viennent de remporter une très belle victoire de prestige en terrain hostile.
Revenons à notre sujet de départ: le football qui écoute le peuple. Le public brésilien était composé à plus de 90% de blanc. J’avais personnellement l’impression qu’en Allemagne en 2006, il y avait plus de noirs dans les tribunes. Tout ce peuple marginalisé n’a sûrement pas prié pour la victoire brésilienne et après la grande déception du ‘maracanazo’ de 1950, la deuxième coupe du monde organisée au pays du roi Pélé s’est encore une fois transformée en pure cauchemar pour le Brésil…
Peut-être pas…
Peut-être que cette débâcle permettra de se pencher sur les problèmes sociaux qui tuent le pays au lieu d’avoir à fêter une victoire éventuelle. Le peuple brésilien est loin d’être uni pour cette coupe du monde et je suis fier de ce qu’a réalisé l’Afrique du Sud il y a 4 ans. Malgré des années d’apartheid, elle a pu trouver des places dans les tribunes pour tous, justifiant sa renommée de société ‘Arc-en-ciel’.
La société brésilienne a mieux à faire que d’organiser un mondial, du moins pas maintenant. Beaucoup trop de personnes souffrent pour voir des milliards dépensés dans des infrastructures alors que certains ne peuvent même pas prendre l’autobus, ni se loger et se nourrir décemment. La coupe du monde de football se doit d’être une fête, et plus il y a d’invités, plus elle est belle sinon elle a vite fait de se transformer en cocktail pour personnes nanties qui ne veulent même pas danser de peur de froisser leurs vêtements chics! Je n’irai pas jusqu’à dire que cette défaite humiliante est une punition pour l’État et la fierté brésilienne. Mais c’est malheureux de savoir que le peuple qui aura le moins ‘enjoy’ cette coupe du monde est le peuple vivant sous la magnifique statue de Jesus Christ.
Enganche