Dans un univers à la Youtube, cet article pourrait faire office de réponse à l’article sur la descente aux enfers de notre sport roi. Cependant, loin d’essayer de démentir ou de corroborer à ce dernier, le présent article souhaite souligner l’importance du petit écran dans la gestion et les finances du sport moderne.
Depuis son introduction au Cameroun dans les années 70/80, la télévision a permis à des millions de camerounais d’être témoins des exploits et des déboires des sportifs camerounais à travers le monde. Toutefois, comme toute bonne médaille, la télévision a aussi son revers, tout fade, sans aucun éclat, mais pourtant d’un impact dévastateur pour notre sport tant aimé.
Les droits télévisuels constituent environ 40% des budgets des clubs professionnels, tant en football qu’en basket, Hockey etc… ESPN paie actuellement à peu près 1.7 milliard de livres (un peu plus de 2 milliard d’Euros) à Sky Sports pour les matchs de la premier League de 2010-2013. Cette vache à lait qu’est la télévision a permis la réalisation de super transferts dans le football moderne (CR7 – £80 000 000, Kaka- €65 0000 000, Torres – €75 000 000 etc…). Les gros calibres européens écourtent les vacances de leurs joueurs afin de jouer des matchs amicaux en Asie, au proche orient et en Amérique du nord, question d’être mieux connus du téléspectateur local.
Chez nous la télé est synonyme de malheur pour nos jeunes joueurs, car pour y être vu, il faut jouer en Europe. C’est vrai que certains matchs du championnat local sont retransmis en direct à la télé, mais nous conviendrons, que la couverture des rencontres n’a rien avoir avec un Paris-Marseille ou Réal-Barca. Au Cameroun on se plaint que les stades sont vides et que le spectacle fourni par les joueurs est médiocre… En 1996 alors que les lions aillaient très mal (Sortis au premier tour à la CAN 1996, pas qualifié en 1994 et humiliés au mondial 94), une journée de championnat au stade de la réunification avec à l’affiche Léopard – Canon et Union – Racing, remplissait la cuvette de Bépanda, même les interpoules arrivaient à rassembler plus de 15 000 personnes au stade. Aujourd’hui l’amateur du football au Cameroun a le choix: L’abonnement au câble coûte environ 5000 FCFA le mois. Pour un amateur qui part de Bonamoussadi pour se rendre à Bepanda pour le match, il doit compter un peu plus de 500 FCFA de Taxi, plus environ 1000 FCFA pour l’entrée au stade. En fait, son abonnement au câble lui vaut à peine quatre matches du championnat local. Dans le confort de salon il peut regarder les matches les plus chauds de la planète sans avoir à suer sous le soleil torride de Douala.
Il nous faut donc trouver un moyen de sortir les téléspectateurs camerounais de leur zone de confort. Leur redonner envie d’aller au stade, de payer les cartes de membres des clubs. On a beau jeter la pierre sur les dirigeants de notre football, cela ne changera rien. Il faudrait plutôt que toutes les couches impliquées jouent leurs rôles, depuis les centres de formation jusqu’au Ministre des sports en passant par la FECAFOOT et les acteurs économiques de la place. Au Cameroun, même les enfants de onze ans savent qu’avec de l’argent, ils peuvent être alignés même s’ils ne sont pas forcément les meilleurs. Certains d’entre nous aimeraient que les matches soient joués en soirée, alors que ce sont ceux-là même qui se plaignent que les Lions pros sont incapables de jouer sous des canicules comme celle de Praia au Cap-Vert dernièrement. Les joueurs ont demandé une meilleure pelouse à Douala, ils ont eu un gazon synthétique sans bosse comme celui utilisé en Amérique du Nord et en Russie par exemple, où le football draine des milliers de spectateurs, alors qu’il n’y est même pas le sport roi.
La télévision donne une grosse alternative au public camerounais. Aujourd’hui dans les bars, on discute sur les matchs des championnats européens, même la maman qui vend des arachides au bord de la route connait l’Inter de Milan. Le succès de nos joueurs à l’étranger nous laissent croire qu’on peut continuer ainsi, les sacrifices des uns ayant permis d’avoir des joueurs de bon calibre venant du Cameroun. Cependant, ce n’est qu’une infime partie de ce qu’on pourrait tirer du potentiel footballistique camerounais. Par exemple, des joueurs comme Fomen ou encore Aboubacar sont vendus à quelques centaines de milliers d’Euros et les dirigeants de leurs clubs se déchirent pour cet argent alors que Neymar au Brésil a une clause de libération de plus de 40 000 000 d’Euros. Des entreprises importantes investissent dans la formation des joueurs et le développement du football en Amérique du Sud, ce qui permet aux clubs de pouvoir retenir leurs stars assez longtemps, et ainsi espérer gagner des titres et/ou les revendre à meilleur prix.
Comme disait quelqu’un, c’est le propre de l’humain de se plaindre et d’accuser son prochain, demandez au bon Dieu il vous dira des nouvelles…:) Le football au Cameroun pour le moment est un gros gâchis, à travers lequel quelques étincelles viennent donner des lueurs d’espoir de temps en temps. Comme tout bon média, la télévision le transmet très bien… trop bien même.