Le 15 juillet dernier, Samuel Umtiti est devenu le premier joueur né au Cameroun à être sacré champion du monde de football. Personnellement, j’étais heureux pour lui, malgré qu’il ait décliné de porter le vert-rouge-jaune. Cependant, j’étais encore plus heureux et même ému pour son coéquipier et superstar émergente du football mondial Kylian Mbappe. Pas seulement parce qu’il a émerveillé le monde entier par son jeu alléchant et tranchant, mais surtout du fait qu’il ait décidé de donner ses primes de matchs à des organismes caritatifs…
Les trois dernières participations des lions indomptables à une coupe du monde ont été désastreuses aussi du fait des réclamations de primes de matchs. En 2002, et c’était peut-être la meilleure cuvée du football camerounais de tous les temps, le groupe est arrivée en terre asiatique deux jours avant le début de la compétition. Et il fallait gérer un décalage horaire de plus de douze heures, ce qui a fortement compromis leur préparation.
En 2010 et 2014, c’était encore pire puisque les bras de fer musclés entre le gouvernement, la Fécafoot et les joueurs ont une fois de plus ternie la réputation de ce pays et les lions ont pratiquement terminé la compétition en dernière position.
Et voilà Kylian Mbappe, digne homonyme du grand Mbappe Lepe, qui, 60 ans plus tard illumine la planète foot tout en disant à tous ceux qui veulent l’entendre qu’il ne doit pas être payé pour représenter son pays…
Je suis déchiré intérieurement. D’une part, je salue son patriotisme et son engagement social, mais d’autre part, nous savons tous qu’au Cameroun l’argent sera débloqué, qu’il aille aux joueurs ou pas; et servira certainement à financer des campagnes électorales, des vacances en Côte d’Azur et autres caprices des fonctionnaires et membres du gouvernement Camerounais. Mais vu que nous parlons football sur ce site, je vais plus regarder le côté footballistique de la chose :
Vaut-il la peine de compromettre une participation à une coupe du monde pour de simples disputes de primes de match ? Je sais qu’aucun joueur camerounais ne gagne aussi bien sa vie que Kylian Mbappé, mais c’est assez naïf de penser que des primes de match en équipe nationale financeront la carrière d’un joueur.
Au-delà de la frustration liée à la mauvaise gestion des fonds de l’état et la corruption généralisée qui détruisent le Cameroun, chacun doit s’atteler à faire ce qu’il sait faire de mieux. Et pour un joueur de foot c’est d’être sur un terrain de foot et non dans le lobby d’un hôtel à discuter avec des employés de bureau.
La coupe du monde de football reste de loin l’évènement sportif le plus regardé de la planète. À titre d’exemple, en 1982, libanais et israéliens ont même observé un cessez-le-feu spontané et non ratifié afin de permettre à leur population de suivre le mondial espagnol. Ceci montre la portée et l’importance que cette compétition jouit sur le plan mondial. Quand un joueur décide de bouder cet évènement ou encore pire de le bâcler, il doit se poser la question à savoir s’il veut vraiment réussir comme footballeur.
Pourquoi pensez-vous qu’Alex Song a autant de difficulté à se trouver un club depuis son ‘fameux’ coup de coude face à la Croatie, aujourd’hui vice championne du monde. Le meilleur qu’un joueur puisse faire pour sa carrière c’est de donner le meilleur de lui sur la pelouse, le reste suivra, surtout avec la couverture médiatique liée au football.
Je suis le premier à décrier la mauvaise gestion des fonds rapportés par les lions au Cameroun, mais ce n’est pas en arrêtant de jouer que nous allons arranger les choses. La France nous montre le bon exemple puisque seulement huit ans après le fiasco de l’Afrique du Sud et la grève des joueurs, les voici champions du monde avec en son sein deux vaillants fils du Cameroun. Il n’est pas tard pour tourner la page et regarder vers l’avenir. La vérité du joueur c’est sur le terrain, à montrer de quel bois il se chauffe et peut-être qu’un jour nos politiciens copieront leur exemple et feront de même dans la gestion de notre football en particulier et de la patrie en générale.
Enganche