Le jeune Alain-Pierre Foudjom, âgé aujourd’hui de 25 ans n’oubliera pas de si tôt ses déboires avec les entraineurs camerounais. Lors d’un bref séjour à Kingston en ce début d’année 2013, mon chemin a croisé celui de ce jeune compatriote meurtri par le fléau c’est-à-dire la corruption notoire qui mine le football Camerounais.
C’est avec des larmes aux yeux qu’il me fait part de son histoire. Celle d’un être humain qui allait peut-être écrire les plus belles pages de l’histoire du football de notre pays, mais ce ne fût qu’un rêve parce que ses semblables en ont décidé autrement sur le sort à lui réservé : « Je suis pêcheur ici en Jamaïque à cause des entraineurs camerounais. Je m’en sors, mais j’avais une passion, un rêve. Celui de devenir footballeur professionnel. Quand je jouais à Yaoundé, mes différents entraineurs ont vu en moi les germes d’un futur grand joueur professionnel. Mais malheureusement quand il y avait des tournois à jouer à l’étranger, ils passaient leur temps à demander une fortune à ma mère. Etant dans une famille pauvre et orphelin de père, on ne pouvait avoir cet argent. Une fois l’un d’eux est allé trop loin. Il m’a demandé si je pouvais dormir dans un même lit avec un… monsieur pour évoluer. Entendre cela de la bouche d’un encadreur, de celui qui était censé promouvoir la méritocratie m’a obligé à faire une croix sur le football. Traumatisé par tout cela, quand l’occasion s’est présentée de quitter le pays pour faire autre chose, je n’ai pas hésité »
Ce témoignage poignant démontre une fois de plus jusqu’où peuvent aller certains entraineurs nationaux pour joindre les deux bouts. D’autres s’adonneraient déjà à l’homosexualité qui est entrain de monter en puissance dans le football masculin. Jusqu’ici, on ne parlait de ce « fruit de la mondialisation » que dans le football féminin. Il est bien vrai que les entraineurs sont marginalisés au Cameroun. Ils ne vivent pas de leur métier. Mais est-ce une raison valable pour poser des actes qui vont à l’encontre de l’éthique ? Combien de jeunes africains ont ainsi vu leur rêve de devenir des professionnels du football se briser à cause de ce genre de pratique ? Est-ce aux joueurs d’assumer les conséquences du dysfonctionnement du système depuis la « haute hiérarchie » ?
Le franco-camerounais Jean Alain BOUMSONG fait parti du cercle très fermé des joueurs professionnels qui étaient censés ne jamais jouer au football si on s’était fié au « diagnostic » de l’un de ses entraineurs. Mais l’avenir nous a prouvé le contraire quand on sait parfois que l’erreur est humaine. Les joueurs sont des proies faciles pour certains braconniers du football.
Souvent, le joueur pour jouer doit partager à part égale sa prime de match avec son entraineur. A chaque publication de listes des joueurs des différentes sélections nationales, on révèle des indices de corruption. Les agences Western Union sont mises à contribution. On les appelle très souvent les coaches « ndolè », « papa Western Union » etc… Mais que fait donc la fédé pour arrêter l’hémorragie ? Point d’interrogation
Au moment où nous attaquons l’ère du professionnalisme et de la reconstruction du football camerounais, la FECAFOOT devrait déjà avoir résolu l’éternel problème du statut des entraineurs Camerounais pour éviter les dérives qui minent ce métier pourtant maillon essentiel de toute une chaine. Du côté de Tsinga on vous dira que les entraineurs ont un statut au Cameroun. Si oui sur papier. On ne peut parler de reconstruction du football à la base sans l’apport des entraineurs. Si aujourd’hui le football camerounais est malade, les entraineurs camerounais ont aussi une part de responsabilité. Le métier d’entraineur est certes très difficile dans notre pays par rapport aux autres grandes Nations du football, mais cela ne justifie en rien les actes criminels que ces derniers posent. Le football camerounais a besoin en ce moment des gens qui vont travailler au nom de la Nation et pour la Nation est rien que pour la Nation. Une prise de conscience professionnelle est d’une extrême urgence pour tous ceux qui font ou qui aspirent faire carrière dans ce métier. Le professionnel d’un métier, c’est celui-là qui fait son travail et rien que son travail avec une conscience tranquille même si les conditions sont très difficiles car quand on salit sa conscience pour survivre, aucun savon, aucun détergent n’a la puissance nécessaire pour nous laver de cette souillure.
L’Empereur Britanikus Zendé à Kingston