Alors que les camerounais célébraient encore la convocation de Samuel Eto’o par Denis Lavagne, en vue du match contre le cap vert déterminant pour la qualification en coupe d’Afrique 2013, Samuel Eto’o décide de décliner l’offre. Brandissant le manque de professionnalisme autour de l’équipe nationale comme raison de son esquive.
Pendant que certains observateurs saluent cet acte, avec l’espoir qu’il fasse avancer la cause du changement à la Fécafoot, d’autres plutôt y voient un acte de trahison d’un capitaine qui laisse le navire, quand on a le plus besoin de lui. Mais les raisons de Samuel ne sont elles pas valables ? Sa présence en l’état actuel est elle nécessaire au sein de cette équipe ?
Le Cameroun, et tous les admirateurs des lions indomptables célébraient encore la convocation de Samuel Eto’o par le sélectionneur français Denis Lavagne après 8 mois de suspension, lorsque le 26 Aout dernier le capitaine jette un pavé dans la marre. Il décline gentiment l’offre d’un retour dans la tanière, et embouche à travers un courrier adressé à la Fécafoot la trompette de la critique : L’amateurisme, l’improvisation, le clientélisme…tout y passe. Samuel Eto’o est sans ménagement pour l’instance faitière du football Camerounais.
Alors que cette sortie pour le moins inattendue de notre Capitaine fait encore des vagues dans les chaumières et les rédactions, il est important que nous nous interrogions sur les raisons d’une telle posture : Qu’est ce qui a réellement poussé Samuel Eto’o grand amoureux du football et du Cameroun devant l’eternel à s’arc-bouter de la sorte après 15 ans au sein des lions indomptables ?
1- La désormais sempiternelle question du brassard
En 2009, alors que le Cameroun cherche à se qualifier pour la coupe du monde sud Africaine de 2010, le pays s’attache les services de Paul Leguen comme sélectionneur. Ce dernier trouva comme idée pour « secouer » la tanière, de changer de capitaine, passant le brassard de Rigobert Song à Samuel Eto’o. Si le nouveau capitaine et ses coéquipiers parviennent à se qualifier pour la coupe du monde 2010 exorcisant dans la foulée le pays du souvenir du 8 octobre 2005 ou ils ratèrent de justesse le mondial allemand de 2006, le Cameroun fera sa pire campagne, sur fond de divisions et de grogne dans la tanière. En sommes une lutte de leadership entre l’ancien et le néo-capitaine d’après des sources crédibles assez introduites dans la tanière. Aujourd’hui, le décor reste presque le même :
– Rigobert Song à qui beaucoup d’observateurs à tort ou à raison ont attribué l’origine des dissidences dans le groupe lors du mondial 2010 et après, est le nouveau team Manager de l’équipe et membre éminent du staff technique. A t-il avalé la pilule du brassard ? Sera-t-il loyal envers son ancien co-équipier ?
– Denis Lavagne qui aurait par courrier signifié son envie de changer de capitaine à la Fécafoot a-t-il encore la confiance de Samuel Eto’o ?
– Alex Song, Achille Emana…à qui l’on attribue souvent des incompréhensions avec Eto’o sont eux aussi de retour dans la tanière. De gros égos difficilement gérables même en club. Quelle sera l’ambiance dans le vestiaire ? Qu’est ce qui a été fait par les responsables de l’équipe pour une meilleure collaboration de tous ces garçons, de tous ces talents, de tous ces égos… ?
2- Le« Marrakechgate »
Le 15 Novembre 2011 l’équipe nationale du Cameroun boycotte un match amical international contre la sélection algérienne. Les joueurs parlent de primes non payées à temps. S’en suivra alors un long feuilleton d’accusations qui connaitra son épilogue par la suspension de Samuel Eto’o. Ce dernier fera des sorties médiatiques dans lesquelles il va dénoncer une fois de plus: L’amateurisme, le trafic des primes, le trafic d’influence, le manque de professionnalisme et de sérieux autour de notre équipe nationale. Ces sorties très peu appréciées de la Fécafoot pousseront son secrétaire général, le très tiède Tombi a Roko à organiser une conférence presse pour démentir les affirmations du Capitaine. Dès lors, les rapports entre Samuel Eto’o et la Fécafoot prennent un coup. Le silence de certains de ses coéquipiers et camarade (cadres) face à cette lourde sanction a été perçu par certains comme un « lâchage » trahissant encore l’état d’esprit dans l’équipe. Dans le cas de figure d’un retour, quelle sera la nature des rapports entre ce capitaine qui dénonce les tares et cette fédération qui semble en avoir beaucoup ? Quels seront les rapports entre ce capitaine et ces coéquipiers qui lâchent dans les situations difficiles, et surtout quand la solidarité devrait être le maitre mot ?
3- Eto’o Emancipé
Pendant 15 ans Samuel Eto’o a gardé le silence, obéissant aux règles de la « maison lions Indomptables » avec tout ce que cela comporte. Maintenant, conforté par son statut de capitaine, de cadre confirmé, d’ainé dans l’équipe et surtout de son aura, il semble vouloir briser le silence sur toutes ces pratiques qui doucement tirent le football camerounais vers le bas. Il semble ne plus vouloir être ce « complice » silencieux. Ce simple joueur qui n’a qu’à jouer et se taire.
Face donc à l’enjeu du match contre le Cap vert la présence de Samuel Eto’o dans le groupe aurait elle été propice à la concentration dans la tanière ? N’a-t-il pas eu raison de décliner l’offre pour le bien de cette équipe et du Cameroun ? Qui vivra verra…
Par Augustin Armel MINKA