Mon dernier blogue portait sur le fait que le foot se joue sur le terrain. Ce n’est pas uniquement ça, le foot se joue sur le banc de touche aussi. La victoire du Brésil sur la brillante équipe du Chili a mis en exergue ce que c’est qu’une ÉQUIPE nationale. Le mot équipe est ici en majuscule pour souligner l’esprit qui doit animer les représentants d’un pays à une compétition de l’envergure de la Coupe du Monde!
À la fin du temps réglementaire de la rencontre Brésil-Chili, juste avant que les prolongations ne débutent, les brésiliens étaient réunis autour de Paulinho, un joueur qui n’est ni la Star de l’équipe, ni son capitaine, qui ne jouait même pas ce match. Remplacé contre le Cameroun par Fernandinho qui marquera par la suite, Paulinho a perdu sa place dans le onze de départ brésilien au profit du joueur de Manchester City.
Paulinho a passé le match à encourager ses coéquipiers, il les a galvanisés et peut-être a autant transpiré que ceux qui ont joué. Cet esprit était absent dans l’équipe Camerounaise. Le banc des lions ressemblait au premier banc de la Basilique Marie reine de Mvolyé lors de la messe du Dimanche matin : Tous se bousculent pour s’y asseoir mais personne ne chante ni ne prie.
La scène du début de la série des tirs au but était encore plus émouvante. Au milieu du cercle des joueurs brésiliens, on retrouvait un Paulinho rassembleur et encourageant ses partenaires, il a frappé la poitrine de quelques uns d’entre eux en leur disant des paroles que j’aimerais bien savoir. Chaque but que les Lions encaissait seblait faire l’unanimité. Personne n’était même fâché, sûrement chacun se disait qu’il aurait été autrement s’il était au terrain.
Lorsque la France a sélectionné Rio Mavuba pour le mondial en laissant des joueurs comme Nasri qui est pourtant champion d’Angleterre, cela a fait lever d’un sourcil. Cependant, un joueur tel que Mavuba a un rôle précis qu’il joue dans un groupe, tout comme Paulinho, ancien Capitaine en club et possédant un leadership inné. Ils contribuent à équilibrer la vie commune de l’équipe, diminuent la charge du capitaine et du coach et jouent le rôle de socle sur lequel peut s’appuyer les autres joueurs. N’allez surtout pas penser qu’ils ne jouent pas bien au foot. Paulinho, en passant, était capitaine de Corinthians, champion du Brésil, vainqueur de la Copa libertadores et champion du monde de club avant son transfert à Tottenham en Angleterre où son adaptation se poursuit. Il ne faut pas aussi nier le fait que la saison de Nasri a été beaucoup plus réussie que celle de Mavuba, mais la question qui se pose est de savoir qui l’équipe nationale de France a le plus besoin maintenant, pour ce mondial ci en tenant compte de la liste des autres 22 joueurs? Quand on regarde la France jouer aujourd’hui, on a du mal à croire que ce n’est pas la meilleure équipe française statistiquement parlant puisqu’il n’y a pas seulement Nasri qui est absent, mais aussi Franck Ribéry, dauphin de Cristiano Ronaldo dans la course au ballon d’or.
Vous savez, quand Julio César a repoussé les deux penalties chiliens ce samedi, j’étais heureux pour lui, car s’il était Camerounais avec la saison calamiteuse qu’il a connu, il ne serait même pas dans les 23. Après la relégation de son équipe QPR en deuxième division anglaise, l’ancien de l’inter s’est retrouvé en prêt au Toronto FC, où il n’a que livré sept matchs pas très convaincants en MLS. Au Cameroun on dirait sûrement qu’il n’est plus en forme et qu’il devrait laisser la place au plus jeune etc… Ceci n’a pas empêché Scolari non seulement de l’inclure dans la liste des 23 mais d’en faire son gardien titulaire. Quelle meilleure façon de justifier cette confiance que de sortir deux pénalties et de qualifier son pays pour les quarts de final de la Coupe du monde. Comme quoi le travail de sélectionneur ne consiste pas seulement à payer une firme de statistiques afin d’avoir toutes les données des joueurs pouvant représenter le pays et de sélectionner les meilleurs.
Durant cette coupe du monde, Willie Overtoom aurait peut-être pu être notre Julio César, bien qu’il n’ait pas trop joué cette saison. Il est un meneur de jeu formé à la très grande école hollandaise. Son rôle fait tellement défaut au Cameroun qu’on ne sait plus comment le dire. Ça ne sert vraiment à rien de partir avec six milieux de terrain défensifs à un mondial, encore moins de garder sur le banc le seul meneur de jeu présent dans la liste des 23 : Salli Edgar. Nous sommes allés jusqu’à aligner un 6 en latéral en gardant sur le banc deux latéraux de formation qui, même dans leur pire jour joue mieux que ce dernier à ce poste précis.
Une équipe nationale devrait être constituée des meilleurs joueurs à leur poste. Si nous avons dix milieux de terrains défensifs qui jouent tous bien en Europe, ‘too bad’ pour eux, on ne devrait pas tous les sélectionner sous prétexte qu’ils sont les meilleurs camerounais du moment. Sur un terrain de foot et il y a onze positions différentes et on ne devrait pas transformer un maçon en architecte juste parce qu’il a gagné l’Europa league ou parce qu’il joue à Barcelone…
Ça prend souvent de l’audace et du courage d’un coach comme Pekermann qui a gardé sur le banc : Jackson Martinez meilleur buteur de première division portugaise avec 20 buts, Freddy Guarin, un des meilleurs milieux de terrain en Italie avec l’inter et convoité par Man Utd. Cela n’a pas empêché à la Colombie de gagner ses deux premiers matchs du mondial et de se qualifier sans avoir recours à ces deux joueurs de haut niveau, qui seraient probablement titulaires dans beaucoup d’autres équipes. Les journalistes et autres éditorialistes et bloggeurs n’ont jamais gagné aucun titre, si c’était le cas l’Angleterre aurait gagné toutes les compétitions auxquelles elle prend part, tellement les anglais chantent les louanges de leurs joueurs et de leur championnat. Un sélectionneur qui les suit est pour le moins naïf!
Notre équipe nationale ressemble drôlement à une sélection rassemblée pour un match de jubilé où l’important est de faire joueur tout le monde. Elle devrait plutôt être un cocktail de guerriers prêt à donner le meilleur d’eux, chacun à sa position ou encore d’être le premier supporter de celui qui joue à notre place. Quand une équipe gagne il n y a pas de médaille spéciale pour les titulaires ou encore le poids de cette médaille ne dépend pas du nombre de minutes jouées ou de buts marqués. Souvent mieux vaut être au banc et regarder son équipe gagner que d’être sur le terrain avec une équipe plus que médiocre et dernière de la classe!
Enganche
NB : Les articles du Blogue Camfoot ne reflètent en rien la position de la rédaction. Ce sont des articles d’opinion.