Le poste de président de la fédération de football est l’un des postes les plus convoités dans tout le Cameroun. Ceci est certainement dû à l’envie de gérer les lourdes retombées des coupes du monde et autres frais de sponsoring qui vont dans les caisses de la Fécafoot. Tout le monde s’est exclamé sur le fait que des milliardaires se battent pour ce qu’on peut considérer comme étant des miettes, mais aucun joueur n’est né milliardaire. Qui d’entre eux n’a pas eu une note de zéro pour avoir manqué une interro parce qu’il est allé participer à une sélection ou encore à un match durant sa jeunesse?
Tout le monde jette des pierres sur Samuel Eto’o en prétextant qu’il est un oiseau de mauvaise augure et un fouteur de troubles. Je voudrais juste rappeler ici que la première fois que j’ai su qu’Eto’o devait être un grand joueur c’est après l’avoir vu disputer des matchs avec l’équipe de l’UCB. À cette époque, UCB (étant une brasserie de la place) avait l’une des rares équipes de deuxième division à avoir de l’eau à boire pour ses joueurs et à la mi-temps des matchs, ils étaient assez gentils pour la partager avec leurs adversaires, sinon ceux-ci seraient contraints à aller demander de l’eau à la laverie qui se trouvait à une centaine de mètres du stade de la réunification de Douala. Nous sommes au milieu des années 90…
Qu’est ce qui au Cameroun fonctionne comme il faut en matière de football? La date de la coupe du Cameroun est un secret d’Etat, le championnat national dit “professionnel” a un calendrier sans date, et voit sa date de début constamment reportée. Du côté des clubs, les menaces de grève font partie du quotidien. Pour le fonctionnement des Ligues, il y a toujours des disputes quant à savoir quelles sont les équipes qui descendront ou monteront. Les délais dans l’homologation des rencontres sont ahurissantes et la magouille dans notre football est une institution. Yong Sport Academy, vainqueur de l’édition 2013 de la Coupe du Cameroun, n’a toujours pas reçu sa prime de vainqueur, et ceci six mois après la finale. Est-ce aussi Eto’o qui cause tous ces troubles là ?
En 2014 dans le pays de Roger Milla, Jean Pierre Tokoto, Thomas Nkono, lles matchs de football se jouent en pleine canicule à 15h00 faute d’éclairage dans les stades. Les panneaux d’affichage sont aussi loin du Cameroun que la vie sur Mars pour l’humanité. Je pense aujourd’hui que tout homme qui s’occupe du football au Cameroun et qui n’a pas eu à marchander avec le cordonnier du coin afin qu’il couse sa godasse à moindre coût est très mal placé pour parler football.
Les joueurs de l’équipe nationale d’aujourd’hui, qui sont assez aisés financièrement pour grever, se doivent de le faire pour tous les compatriotes qui ne peuvent avoir ce luxe de peur de perdre les miettes qu’ils ont. Mieux vaut un rayon de soleil que de vivre dans l’obscurité.
Si Samuel Eto’o s’était contenté de siffler ses bouteilles de champagne sur la côte d’Azur au lieu de s’impliquer dans la formation d’un joueur comme Olinga, on l’aurait traité de néo colonisé et d’égoïste. Aujourd’hui, il se bat pour le football entier du Cameroun et on dit qu’il ne mène pas sa guerre…
Eto’o n’est pas né milliardaire. Son père n’a pas Hilton comme nom de famille ou encore la cuisine de sa grand-mère n’a pas été construite sur un gisement de pétrole. Il a joué à Douala à 12h00 sous la canicule et je pense que c’est légitime qu’il ne veule pas que ses cadets aient à le faire.
Dans notre pays nous avons un mot magique, passe partout, un peu comme un joker qu’on sort dans les moments difficiles : La hiérarchie. Ce mot est utilisé à tort et travers par n’importe quel fonctionnaire incapable de prendre des décisions, incapable d’assumer ses responsabilités.
Dans les années 80 alors que le pays n’avait joué qu’une coupe du monde, la finale de la coupe du Cameroun se jouait en nocturne. Lors des chocs Union – Canon à Douala on était obligé de faire déguerpir des gens qui étaient agrippés aux lampadaires tellement ils voulaient voir le match.
En trente ans, trois coupes d’Afrique, une médaille d’or olympique, une finale de la coupe des confédération et six participations aux phases finales de coupe du monde plus tard, tout a régressé au point où des camerounais sont rendus à faire la file devant l’ambassade équato-guinéenne étant donné qu’ils reçoivent désormais le Brésil à domicile alors que jadis, leur plus grand artiste, Maele, venait sur le plateau de Tam-Tam week-end faire la promotion de ses chansons:).
Enganche
NB: Les articles du Blogue Camfoot ne reflètent en rien la position de la rédaction. Ce sont des articles d’opinion.