Le triomphe de l’équipe nationale allemande dimanche dernier à Rio vient encore une fois montrer qu’il n y a pas de hasard dans le sport de haut niveau. Beaucoup diront que les Pays-Bas n’ont pas eu de chance et que sous d’autres cieux, l’Argentine aurait facilement pu l’emporter. Cependant ce sacre n’est pas arrivé subitement et ne s’est pas préparé en 2014. Son histoire remonte en 2004 après l’échec de Rudi Völler à l’Euro. Mais c’est clairement l’année 2009 qui marque le tournant définitif qui a favorisé le sacre de 2014.
En effet, c’est le 29 Juin 2009 en Suède que l’équipe nationale allemande des moins de 21 ans écrasait celle de l’Angleterre sur le score sans appel de 4 buts à 0. Six des joueurs titulaires ce jour-là furent titulaires dimanche à Rio, cinq ans plus tard. Il s’agit de Hummels, Khedira qui a été capitaine en Suède et aurait été au terrain n’eût été de sa blessure à l’échauffement, Howedes, Ozil, Boateng et Neuer. Ils ont gagné ensemble chez les jeunes et ont récidivé au Brésil. Comme quoi, ce n’est pas en coupe du monde qu’on apprend à gagner.
L’ossature de l’équipe argentine qui a perdu dimanche était constituée de l’équipe championne des jeux olympiques de Beijing en 2008. Di Maria, Messi, Lavezzi, Zabaleta, Romero, Gago, Mascherano et Garay ont tous reçu la médaille d’or il y a six ans. On peut donc logiquement se poser la question si ce n’est pas pour cela que la Hollande n’arrive pas à gagner de tournois majeurs puisque chez les jeunes, ils n y parviennent pas non plus.
La victoire des lionceaux à la CAN junior de 1995 a été un signe précurseur des victoires futures des lions seniors et la victoire aux JO 2000 a été une plateforme pour un second titre de champion d’Afrique en 2002.
Comme l’argent appelle l’argent, la victoire appelle la victoire. Depuis lors, le Cameroun n’a rien gagné autant chez les jeunes que chez les seniors. Nous avons quelques fois échoués en finale sans être couronnés.
La gagne est une culture, qui a besoin d’entretien, de sarclage, d’arrosage et de rayons de soleil!
Le climat footballistique camerounais de l’heure ne semble aucunement propice à une victoire même à Montaigu, avec des joueurs qui couperaient plusieurs années de leur âges.
Nous devons nous atteler à gagner les tournois de jeunes, à gagner de plus petits et modestes trophées, afin d’aspirer aux plus grands. Il faudrait déjà essayer de se qualifier pour la CHAN avant de penser faire une bonne coupe du monde.
Il nous a été rapporté que les équipes juniors, cadettes, espoirs du Cameroun sont prises d’assaut par des magouilles de toute sorte et la pratique encouragée des faux âges fait clairement des ravages. Collectivement, nous n’y gagnons rien puisqu’un bon vieux joueur pas vraiment talentueux et qui n’a plus de marge de progression ne signera jamais un contrat sur la durée. Et même si par chance il le faisait, sa carrière finirait même avant d’avoir commencé.
Pour l’équipe nationale, ce sera un recommencement perpétuel puisqu’au moment où on aura besoin que ce joueur arrive à maturation autour de 26 ans, on comprendra que c’est à 20 ans justement qu’il avait plafonné. L’histoire des Lions est pleine de potentiels qui n’ont jamais réussi à éclore. Ne nous demandons plus pourquoi.
Pire encore, les rares jeunes venus d’équipes juniors qui ont pu avoir une carrière l’ont eu dans des conditions qui n’aident pas notre football.
Chedjou, meneur de Jeu à Beijing 2008, s’est retrouvé défenseur central à Lille. Mandjeck, milieu de couloir à Beijing 2008 qui a marqué l’un des plus beaux buts de la compétition joue latéral ou milieu défensif. Salli, meilleur joueur de la CAN junior 2011 en Afrique du Sud comme meneur de jeu a du mal à s’imposer à ce poste en deuxième division française. On ne sait même pas où est passé Fabrice N’Guessi, meilleur joueur de la CAN junior 2007…
Nous occuper de ces stars de demain ne demande pas de miracle, ni de moyens surhumains. Nous devons comprendre que Messi n’est pas né avec 4 ballons d’OR. Les dirigeants de notre football doivent comprendre que la pépinière est plus importante qu’une participation à la coupe du monde.
Il faut cultiver un esprit d’équipe qui va au-delà d’un rassemblement pour un match d’éliminatoire ou d’une mise au vert pour un grand rendez-vous et ceci est un travail de longue haleine. On évitera peut-être ainsi la honte de voir nos joueurs se donner des coups de tête en mondovision comme ce fut le cas au Brésil.
Enganche