Les jeunes footballeurs africains n’arrivent plus à s’imposer ou à exister au sein des grands clubs d’Europe. « Mais tout cela est un peu de la faute de Didier (Drogba, Ndlr.), d’Eto’o, d’Essien ou encore d’Okocha. Et peut-être, aussi, un tout petit peu de la mienne (…) ces joueurs-là ont placé la barre tellement haut que c’est très dur d’arriver derrière », croit Yaya Touré. Dans un entretien avec France Football, l’Ivoirien tente de trouver les raisons pour lesquelles le renouvellement des cadors du continent africain tarde à venir.
Selon le joueur de Manchester City, une fois que l’un se met à briller, qu’il est tout de suite comparer à « l’un de ces monstres », dit-il. « Sauf qu’Eto’o ou Drogba, ce n’est pas la norme. Ce sont des footballeurs d’exception. Et peut-être qu’il faudra encore attendre de nombreuses années pour tomber sur des joueurs africains de ce calibre-là », ajoute-t-il.
Il pense que les jeunes africains ne sont pas suffisamment prêts à baver. « Pas toujours, malheureusement », dira t-il. Il est même possible qu’ils manquent d’ambitions. « Beaucoup ne voient dans ce job que le bon côté : l’argent facile, les filles, les jolies voitures, les belles fringues (…) ils ne savent pas toujours souffrir », explique le seul Africain nommé parmi les 23 prétendants au Ballon d’or européen qui ajoute ensuite qu’au début, « ils arrivent à se distinguer sur leurs qualités naturelles. Mais, dès qu’il faut passer à la vitesse supérieure, avec davantage de travail, d’implication et d’attention…beaucoup se relâchent un peu ».
« Eto’o avait faim de montrer et de monter »
Le quadruple Ballon d’or africain résume le comportement de ses « petits frères » en une phrase : « ils manquent de faim ». Tout le contraire d’un Samuel Eto’o dans sa jeunesse. « Même s’il passait parfois pour quelqu’un d’un peu arrogant ou prétentieux, Samuel Eto’o, lui, avait faim de montrer et de monter tout en haut. C’était même son moteur. Il voulait prouver à la terre entière qu’il était le meilleur et que personne ne lui était supérieur. Il a eu raison car, à l’arrivée, il a accompli une carrière exceptionnelle ».
Cette attitude de l’attaquant camerounais serait le parfait exemple à suivre. « Si l’on veut viser haut, il ne faut pas attendre que l’on vous y amène et ne pas hésiter à se lancer des défis un peu fous ». Lui qui a eu des débuts très difficiles. Heureusement, il a su serrer les dents. Car martèle-t-il, « ton destin, c’est toi qui le choisis ».
Arthur Wandji