Il y avait du beau monde à l’aéroport international de Nsimalen. Une foule de badauds estimée à 200. Un demi hasard puisque les Lions indomptables revenaient de l’expédition équato-guinéenne. La frustration était perceptible sur les visages. À la sortie de la délégation camerounaise, on a frôlé l’irréparable avec quelques supporters spécialement remontés contre l’entraîneur national et certains internationaux.
« Tueur de Lions », « mauvais entraîneur », « vendeur », « entraîneur de pacotille », « cailloux » etc. Volker Finke a connu une soirée cauchemardesque jeudi à Yaoundé. De retour de Malabo où le Cameroun s’est fait éliminer au premier tour de cette CAN 2015.
Le technicien allemand a fait preuve d’une sérénité légendaire face aux insultes de ses détracteurs qui lui reprochaient à l’unanimité de n’avoir pas aligné les « bons joueurs » à cette Coupe d’Afrique de Guinée Equatoriale. L’entraîneur national a eu droit à toutes sortes de questions sanglantes. « Tu as quel problème avec Clinton Njié ? », « l’enfant d’autrui t’a fait quoi pour que tu le laisses sur le banc ? », « tu as pris combien à Etoundi (Franc, Ndlr) pour nous vendre ? ». D’aucuns ont même demandé à l’entraîneur quand est-ce qu’il compte démissionner ? « Tu vas démissionner quand ? », « tu es courageux de revenir même au Cameroun après ce que tu nous as fait à la CAN ». Heureusement, le tacticien allemand a pu rejoindre le véhicule qui l’attendait, et quitter l’aéroport sain et sauf. La coordination des équipes nationales avait oublié le cordon de sécurité autour des Lions.
Clinton comme un héros
Pourtant, quelques minutes avant, ce sont les joueurs qui ont passé la porte de sortie de l’aéroport international de Yaoundé. La plupart d’entre eux ont été applaudis, en guise d’encouragement de la part d’un public nombreux mais déçu quand même. « C’est le coach qui nous a éliminé, lance un fan. Les joueurs ont mouillé le maillot ». Clinton Njié, lui, a été accueilli comme un héros par une salve d’acclamation. L’on entendait alors des « Clinton, Clinton, Clinton…(bis) » ; des « vas de l’avant, le peuple est derrière toi » ; ou des « continue à jouer à ton football, c’est toi notre 9 ». Tête baissée, couverte par une casquette, l’attaquant de l’Olympique Lyonnais traversait la foule tranquillement. Les joueurs de la sélection nationale et tous les membres de la délégation camerounaise à cette CAN, sont arrivés à Yaoundé par un vol spécial de la compagnie nationale, Camer-co. Il était un peu plus de 19h40, heure d’atterrissage.
Arthur Wandji à Nsimalen