« L’équipe du Cameroun vise la finale de la Coupe du monde » Cette déclaration attribuée au président de la Fecafoot a depuis fait couler beaucoup d’encre et de salive dans l’opinion publique et plus particulièrement sur les réseaux sociaux. Les plus optimistes et nous en faisons partie, estiment que tout peuple ou tout dirigeant à le droit de faire rêver, de se fixer des objectifs même disproportionnés au regard des moyens réels disponibles.
Cela dit, la communication au sujet de la prestation des Lions indomptables à la prochaine Coupe du monde ne peut manquer de susciter des interrogations aux professionnels que nous prétendons être. Dans la stratégie d’une communication efficace, il faut absolument tenir compte de l’auditoire et surtout de la sphère de diffusion du message qui peut être publique ou privée. Dans le premier cas le message est destiné à une large diffusion dans le but d’informer le plus grand nombre et sans arrière-pensée.
Dans la seconde hypothèse, le message est délivré à l’intention d’un groupe restreint, en vue de le remobiliser ou de susciter son adhésion pour atteindre des objectifs précis. Compte-tenu des multiples enjeux et aléas liés à la Coupe du monde ( environnement, public, arbitrage, diplomatie, rapports de force, etc) certains spécialistes estiment qu’il aurait été plus approprié de délivrer le message dans un cadre strictement privé en s’adressant directement aux principaux acteurs que sont les joueurs et encadreurs, sans avoir besoin d’un quelconque tapage médiatique. En choisissant de le faire en mondovision, on semble avoir annulé par le fait même l’effet de surprise. On a aussi mis la puce à l’oreille des futurs adversaires qui se préparent en conséquence pour contrarier nos .ambitions.
Enjeux multiples
Pour d’autres observateurs, les arguments utilisés pour justifier les deux défaites des Lions en match amical face à l’Ouzbékistan et à la Corée du Sud semblent aussi tirés par les chevaux. Comment peut-on justifier des mauvais résultats par un objectif : remporter la Coupe du monde?
La confrontation sportive étant une sorte de guerre par d’autres moyens (Pascal Boniface de l’IRIS) on n’a pas besoin d’être un expert en geostratégie ou en art de la guerre pour comprendre qu’un chef de troupes engagé dans une bataille ardue n’annonce jamais sa victoire à l’avance. Ceci a l’inconvénient de rendre plus coriace l’adversité. Il vaut mieux de dissimuler ses intentions au maximum pour mieux surprendre l’adversaire le moment venu.
Le silence des favoris
En dévoilant publiquement ses objectifs devant la planète football ( ce que n’ont pas fait jusqu’ici des grands favoris comme le Brésil, la France, l’Allemagne, l’Espagne ou l’Argentine) certains dirigeants du football camerounais semblent avoir mis une pression supplémentaire dont la sélection nationale aurait pu se passer. Il n’est toutefois pas interdit à quiconque de rêver, d’afficher ses ambitions, de relever les défis. Mais tout dépend du contexte et de la manière de procéder. Le récent réajustement intervenu au niveau de la Direction de la Communication de la Fecafoot sera-t-il suffisant pour faire bouger les lignes?
Par Jean Marie Nzekoue