Auteur de deux passes et trois buts en deux matchs avec les Lions Indomptables à ces éliminatoires de la CAN 2015, Vincent Aboubakar est assurément en train de devenir un atout indispensable pour l’attaque camerounaise. Si d’aucuns voient en lui un joueur de la même ligné que Roger Milla, Patrick Mboma et Samuel Eto’o, le joueur du FC Porto préfère, avec humilité, penser avant tout à l’avenir collectif de la sélection nationale.
Camfoot l’a rencontré mercredi soir à l’hôtel Djeuga Palace de Yaoundé, après la victoire 4-1 face à la Côte d’Ivoire. Décontracté et souriant, il nous parle de l’état d’esprit du groupe, de sa relation avec Clinton Njié et les autres joueurs, de sa progression et de ses ambitions en club. « Peu importe celui qui marque, ce qui compte c’est que le Cameroun gagne », dit-il. Entretien…
Vincent Aboubakar, déjà félicitations pour votre victoire 4-1 face à la Côte d’Ivoire …
Merci beaucoup.
Quelles impressions après ce résultat face aux Eléphants, une équipe considérée comme la meilleure d’Afrique ?
Les impressions que tout le monde peut avoir à l’issue de cette rencontre ne peuvent être que bonnes. Mais le plus important pour nous les joueurs, c’est l’état d’esprit de l’équipe. Nous avons une équipe qui est voie de rajeunissement et de reconstruction. Je pense que collectivement, on a fait un très bon match. Mais nous n’allons pas nous focaliser dessus, parce que nous avons d’autres matchs qui nous attendent. Nos adversaires ont de très bonnes équipes. Nous devons continuer de les respecter, si nous voulons toujours avoir la chance de faire de bons résultats.
Les automatismes avec Clinton Njié se sont finalement créés, vous êtes à la fois passeur et buteur. Est-ce quelque chose qui a commencé à l’entraînement ou on peut juste remercier vos talents individuels ?
Je ne pense pas que ça vient de nos séances d’entraînement. Je m’entends avec tout le monde. Peu importe celui qui est devant moi, si je peux lui faire une bonne passe, je lui donnerai le ballon. Ce qui est important c’est que l’équipe nationale du Cameroun gagne, qu’elle puisse progresser et aller de l’avant. Ce n’est qu’à ça qu’il faut penser aujourd’hui. Nous devons primer le collectif. Peu importe celui qui marque ou qui fait la passe de but. Dans l’équipe, c’est le collectif avant tout.
Mais vu votre façon de jouer tous les deux, n’avez-vous pas l’impression que le Cameroun a trouvé son tandem offensif ?
Je ne pense pas que cela devrait se limiter à Njié et moi. Quand quelqu’un fait de bons appels, il faut quelqu’un pour lui donner de bons ballons. En plus nous sommes quatre joueurs offensifs. Peu importe celui qui marque, ce qui compte c’est que le Cameroun gagne.
Parlez-nous justement de cette nouvelle dynamique qui prévaut au sein de la tanière …
L’atmosphère est vraiment bonne actuellement. Nous sommes tous des jeunes, donc nous parlons le même langage. On n’est pas envieux, chacun est venu pour défendre le nom de son pays. Tous ces joueurs qui ont accepté cet honneur ont envie d’aller loin. Chacun a besoin de saisir sa chance. Et étant donné que nous sommes tous des jeunes, nous faisons tout pour montrer que nous méritons de nous trouver dans cette sélection. Tout le monde a envie, c’est ce qui fait que nous avons une bonne équipe sur le plan collectif même s’il n’y a pas trop d’individualité. Nous faisons ce que le coach nous demande sans chercher à trop en faire, et c’est ça qui fait que les choses marchent.
Jusqu’à la dernière Coupe du monde on vous a rarement vu marquer. Aujourd’hui vous avez trois buts et deux passes décisives en deux matchs. Qu’est-ce qui fait ce déclic ?
Mon secret c’est le travail. C’est à base de ce travail que je ne peux que grandir et donner du plaisir à tous ceux qui supportent le Cameroun. Je ne me focalise pas sur les buts que je marque, mais sur ce que je peux gagner avec le Cameroun. Il faut voir collectivement ce que nous pouvons faire, pour aller le plus loin possible. Notre équipe est en voie de reconstruction, le coach est là pour plus nous unir, et je crois qu’avec ça, on peut faire beaucoup de bons résultats.
Le Cameroun a deux victoires en deux matchs, est-ce que vous avez déjà la tête plongée dans la Can 2015 ?
Non pas du tout. Moi, je vis le présent. Nous sommes plutôt en danger avec ces deux victoires, parce qu’à un moment on peut relâcher en se disant que la qualification est assurée. Et ce sera une erreur. Il faut que nous restions concentrés, toujours respecter nos adversaires. Notre rêve c’est d’aller le plus loin possible.
Quand vous dites aller le plus loin possible, à quoi faites-vous allusion ?
Déjà, il faudrait que nous puissions gagner quelque chose collectivement. Il ne faut pas qu’on reste plongé dans ce que les gens ont fait par le passé. Il faut qu’on se focalise sur ce que nous pouvons faire dans l’avenir. Si nous restons dans cet état d’esprit, nous pouvons vraiment faire de grandes choses. La Côte d’Ivoire a été un gros morceau, mais si on gagne c’est parce que collectivement tout a marché.
Est-ce que vous avez douté à un moment donné de cette rencontre ?
Pas du tout. Les Ivoiriens sont des joueurs comme nous, on ne pouvait pas avoir peur d’eux. En plus dans le football, il n’y a plus de grands noms. Le nom n’existe plus. Quand tu es déterminé, tu as l’envie de gagner, tu as un groupe qui joue vraiment collectif, ton adversaire aura des problèmes. Notre souhait, c’est que le Cameroun se qualifie.
Pour vous, qu’est-ce qu’il faut davantage faire pour atteindre cet objectif ?
Gagner de matchs, c’est sûr, mais surtout avoir un comportement irréprochable. Avec ça, on peut mériter aussi un plus, au niveau du respect de nos supporters.
Parlons à présent de votre carrière professionnelle. Vous êtes passé de Valenciennes à Lorient, et de Lorient à Porto. Pour vous, est-ce la confirmation ?
Non pas encore. Je suis en train de grandir. Pour tout footballeur, ça fait partie des objectifs qu’on se fixe pour sa carrière. Ça fait partie des vrais challenges. Il faut savoir saisir sa chance quand elle se présente. Je suis conscient de la concurrence, mais je suis convaincu qu’en travaillant d’avantage, la confiance va venir. Mon objectif est d’arracher une place de titulaire. Le reste va venir avec le temps.
Entretien mené par Arthur Wandji et Antoine Tella