Les spectateurs sont rentrés partiellement satisfaits, tant de la qualité du spectacle que de l’organisation de la cérémonie dans son ensemble. Alors que les différents acteurs impliqués dans la fête n’ont cessé ces derniers temps de clamer que tout allait se dérouler à la perfection. Seule consolation, la prestation de Daouda Kassali, gardien de but de Cotonsport, sacré Homme du match. Son trophée lui remis demain. En attendant, on continue de déplorer les manquements.
Finalement, la trop longue attente qu’on croyait bénéfique pour les deux équipes n’aura servi à rien. Les vingt-deux acteurs de la 48ème finale de la coupe du Cameroun de football, ayant opposé ce dimanche 2 décembre 2007 au stade omnisports Ahmadou Ahidjo de Yaoundé, Cotonsport de Garoua aux Astres Fc de Douala ont donné l’impression d’avoir largement été desservis par l’infatigable expectative. Cette rencontre qu’on annonçait très enlevée, agréable à vivre, bref, un match au cours duquel les différents protagonistes à Dame coupe ne se feraient aucun cadeau, n’a été qu’une rencontre de football ordinaire.
Bien loin l’époque glorieuse du football camerounais, la quarante huitième finale de l’histoire n’a ainsi rien de commun avec les grands rendez-vous des années 70, 80 à 90, où les chocs entre clubs mythiques, Canon-Tonnerre, Union-Dynamo, Canon-Union ou le fameux derby de l’Ouest en 1988 entre Racing de Bafoussam et Panthère sportive du Ndé… drainaient des centaines de milliers de spectateurs au stade. Ces finales, aux allures de véritables fêtes populaires, resteront à jamais gravées dans les mémoires. Elles avaient battu tous les records, aussi bien pour la mobilisation populaire que le niveau du spectacle offert par les différents joueurs.
Le football camerounais est en état de décrépitude avancée. Il ne s’agit pas que du problème des infrastructures qui sont bricolées au moyen de quelques aides octroyées par des pays amis. Il est à regretter la baisse drastique du niveau de jeu. Le public au fait de cette situation, ne se peine plus à prendre d’assaut les tribunes des stades plusieurs heures avant les rencontres. Ce fut encore le cas ce jour, à l’occasion de la finale qui non seulement est l’événement qui vient clôturer la saison sportive nationale, mais doit sceller la communion entre le premier sportif camerounais, le Chef de l’Etat et son peuple. Heureusement, Jean Pierre Biyiti bi Essam et Thierry Augustin Edjoa, respectivement ministre de la communication et des Sports et de l’éducation physique avaient pensé à tout.
Les deux membres du gouvernement avaient bien senti le coup. Pour eux, il était hors de question que le Président Paul Biya vienne présider la finale de la coupe du Cameroun dans un stade vide. Conséquence, des centaines, voire des milliers billets d’invitation ont été gracieusement distribués aux populations de la capitale, au cours des quarante huit heures qui ont précédé la rencontre. Le manège semble avoir bien fonctionné, puisque les tribunes du stade Ahmadou Ahidjo de Yaoundé étaient quand même bourrées de monde.
Mais, que dire alors des dysfonctionnements qui ont retardé de 20 minutes le coup d’envoi ? Des tribunes bourrées de bidasses armés jusqu’aux dents, aux mouvements d’ensemble mal coordonnés en passant par un défilé à la limite ennuyeux, sans oublier le geste manqué du Minsep, au moment de donné le coup d’envoi de la partie. Rarement, on a vu un ministre des Sports botté le gazon, en lieu et place du ballon, après répété le geste des semaines avant. La seule présence du chef de l’Etat est peut-être aussi à l’origine de la prestation en demi-teinte de certains internationaux dont on attendaient pourtant dans un grand jour.
Joël Babanda, le maître à jouer de Cotonsport de Garoua et international A’ sorti à la suite d’un violent choc à la tempe, Ené Otobong, l’une des pièces maîtresse de la sélection nationale Espoirs qualifiée pour les jeux Olympiques, remplacé à la demi heure de jeu, Enama Okouda inexistant tout au long de la partie, Nyamsi Bekima manquant quant à lui de chance sur un penalty gracieusement offert le central Fodjo Tabopda Philippe… Les Astres peu brillants de la capitale économique se sont logiquement inclinés devant l’expérimentée formation de Garoua, qui réalise là le troisième doublé de son histoire, après ceux de 2003 et 2004. Reste à leur souhaiter bonne route pour la campagne africaine dont ils font la priorité N°1 pour la saison 2008.
Jean Robert Frédéric Fouda, à Yaoundé