Gaëlle Enganamouit nous avait prévenu quelques heures plus tôt : le 8 juin est une date qui lui porte bonheur. La liste des moments mémorables qu’elle a vécu ce jour-là s’est allongée considérablement ce 8 juin 2015 avec les premiers pas du Cameroun en Coupe du Monde Féminine de la FIFA, son premier but dans l’épreuve mondiale – bientôt suivi de son premier triplé en sélection -, et un diplôme de Joueuse Live Your Goals du Match pour récompenser tout ça. Mais pas seulement…
« C’est un magnifique souvenir de mon premier match de Coupe du Monde, mais aussi un très beau cadeau d’anniversaire ! », confie l’attaquante au micro de FIFA.com, un sourire aux lèvres presque plus large que le diplôme format A2 qu’elle tient fermement en main. » Si techniquement, son anniversaire est le 9 juin, on lui pardonnera de l’avoir fêté avec un peu d’avance, vu qu’avec le décalage horaire entre le Cameroun et le Canada, son heure est déjà venue.
Ironie du sort, c’est presque une habitude pour la buteuse de 23 – ou 22 ans selon le fuseau horaire ! – de briller la veille de souffler ses bougies. « Je me souviens que nous avons joué en 2014 un match de qualification pour la Coupe d’Afrique un 8 juin, et on a gagné, j’ai déjà joué une finale de Coupe un 8 juin, et je l’ai gagnée. Cette année, on joue contre l’Equateur un 8 juin, on a gagné et je marque trois buts. J’adore cette journée ! », martèle-t-elle.
Cette réussite dans le calendrier pourrait d’ailleurs dater du premier 8 juin qu’elle a connu, celui où elle a vu le jour à Yaoundé en 1992 en tant que benjamine d’une fratrie de neuf enfants, dont deux garçons. « Quand on est la plus petite, on est celle que tout le monde veut protéger », raconte la désormais grande Gaëlle. « Et maintenant, c’est la benjamine qui fait la fierté de la famille. »
La Samuel Eto’o du foot féminin
Encore plus après la prestation livrée contre l’Equateur en ouverture du Groupe C, impliquée sur cinq des six buts passés aux Sud-Américaines, dont trois à son compteur personnel pour rejoindre en tête du classement des buteuses les légendes allemandes Celia Sasic et Anja Mittag. « C’est certes un rêve d’être là, mais j’estime que je suis à ma place parmi les meilleures », assure la joueuse d’Eskilstuna United, sans arrogance, mais sans fausse modestie. « Je joue dans un des plus grands championnats du monde, en Suède, et c’est mon ambition d’être la meilleure. Je sais que je peux y arriver, et que ça passe par le travail. »
« C’est l’une des meilleures joueuses en Suède, et déjà l’une des meilleures joueuses d’Afrique », renchérit son sélectionneur Enow Ngachu. « Elle a très bien joué aujourd’hui, mais elle peut faire encore beaucoup mieux. » Elle semble d’ailleurs s’y être préparée, la célébration dansante qui a suivi chaque but camerounais n’ayant en effet rien d’improvisé. « C’est répété, c’est vrai », admet-elle sans lâcher son sourire. « Parce qu’on savait qu’on allait mettre beaucoup de buts dans cette Coupe du Monde », ajoute l’instigatrice de la chorégraphie qu’elle a baptisée Pala Bella. Elle avait d’ailleurs affiché son ambition quelques jours auparavant : « Nous pouvons gagner la Coupe du Monde, et nous voulons prouver que nous ne sommes pas là par erreur. »
Preuve qu’elles sont à la bonne adresse, les vice-championnes d’Afrique en titre ont reçu à Vancouver la visite de Patrick M’Boma, ancienne gloire camerounaise. « C’est un grand frère qui a joué longtemps avec les Lions et qui a beaucoup à nous apporter », juge Enganamouit. « Il nous a donné beaucoup de conseils, j’ai juste saisi ce qu’il a dit pour le mettre en pratique. »
Encore émue de la visite de l’ancien attaquant, elle est cependant trop jeune pour avoir suivi ses exploits. Son sens du but et son inspiration sont à chercher chez une autre légende nationale. « Pour moi, Samuel Eto’o est le plus grand attaquant du monde », confie-t-elle, avant de conclure : « J’ai toujours dit qu’un jour je serai la Samuel Eto’o du football féminin. » On vérifiera dans quelques années et on se rappellera que ces paroles ont été prononcées au micro de FIFA.com… un 8 juin.