Dans une période tumultueuse, la Confédération Africaine de Football (CAF), passe des heures difficiles et sur le point de s’effondrer. La FIFA prend la décision sans précédent d’envoyer sa secrétaire générale, Fatma Samoura, à la tête de l’organisation faîtière du football africain.
Quel est l’enjeu de la réunion du Comité Exécutif de la CAF à l’Hôtel Marriott ?
À la veille de l’ouverture de la Coupe d’Afrique des Nations sur la terre des Pharaons, le Comité Exécutif (COMEX) de la CAF s’est retrouvé pour une réunion d’urgence au cours de laquelle, la CAF a accepté la mise sous tutelle de la FIFA, l’instance dirigeante du football international avec un examen et un contrôle administratif et financier de la CAF au cours de la période écoulée.
Selon un document, fourni par une source de la CAF, Fatma Samoura occupera le poste de « Déléguée Générale de la FIFA pour l’Afrique » du 1er août au 31 janvier 2020 et sera de facto la nouvelle présidente par intérim de la CAF pendant 6 mois (mandat renouvelable), elle restera cependant secrétaire générale de la FIFA pendant cette période.
« Les responsabilités et le mandat doivent être clairement définis et approuvés par la CAF et la FIFA ». La « série d’événements récents liés à la gouvernance au sein de la CAF a créé un risque élevé de turbulences et d’instabilité, ce qui risquerait de nuire non seulement à la CAF et au football africain, mais également à la FIFA ».
Quelle sera la marge de manœuvre du président ?
Un grand séisme imminent au sein de la CAF et une situation difficile et dangereuse pour l’organisation. Cette décision est une sorte de gel d’activités du président de la CAF, Ahmad.
Interrogé par les autorités françaises au début du mois dans le cadre d’une enquête pour « corruption, abus de confiance et falsification », Ahmad fait également l’objet d’une enquête interne de la commission d’éthique de la FIFA, ouverte suite à une plainte pour « corruption », « mauvaise gestion » et « harcèlements sexuels » transmise en mars par l’ancien secrétaire général de la CAF, Amr Fahmy.
Il y a deux jours, la FIFA a suspendu ses paiements à la CAF, afin d’examiner la façon dont la Confédération dépensait les subventions de la FIFA, qui s’élevaient à environ 10 millions de dollars par an.
Il reste à voir si l’Assemblée Générale de la CAF, qui est l’organe suprême de l’organisation, approuvera l’intervention de la FIFA lors de sa réunion du mois prochain au Caire. La légalité de cette assemblée générale fait déjà l’objet de controverses parmi les associations membres car elles n’ont pas reçu le préavis légal de 120 jours avant la date fixée pour le congrès du 18 juillet.
Ce scénario est catégoriquement refusé par la majorité des membres du COMEX de la CAF, qui estiment que cela constitue une prise de contrôle de la CAF par la FIFA. Une démarche qui ne repose sur aucune base juridique, qui constitue une ingérence et un précédent dangereux pour l’avenir de la CAF. Elle écarterait de facto les 1er et 2e vice-présidents de la CAF, respectivement Amaju Pinnick et Constant Omari et comme le 3e Vice-président, le Marocain Faouzi Lekjaa attend de passer le Comité d’Éthique de la FIFA, il était d’ores et déjà hors course.
Certains membres pourraient être réticents à accepter Fatma Samoura en raison de sa relation étroite avec Ahmad. C’est ce dernier qui a d’abord présenté Samoura à Infantino. Ils sont d’autant plus furieux parce qu’ils ont demandé du temps pour finaliser la décision alors qu’Ahmad l’a sorti à la presse mais aussi parce que la réunion à l’Hôtel Marriott avait été faite avec un document en français uniquement alors que certains membres du COMEX sont anglophones.
Ce qui est sûr, est que la proximité d’Ahmad avec Infantino, va se retourner contre les 3 vices-présidents. Selon nos informations, ce plan pris par Ahmad et Samoura consiste uniquement à retarder la décision de la commission d’éthique et geler les vices-président pour garantir à Ahmad de retourner à son poste. Infantino, lui même, souhaite ne plus avoir les vices-présidents empêtrés dans des affaires dans leur pays. Ce qui constitue en soit une sorte d’ingérence et de conflit d’intérêt qu’a dénoncé aujourd’hui le président de l’UEFA Cerefin dans une lettre adressée à Giannini Infantino.
Un ancien responsable de la CAF nous a affirmé que ce cataclysme est « honteux et humiliant pour le continent ».
Cette situation a poussé Leodegar Tenga, président de la Fédération Tanzanienne de Football et ancien président de la CECAFA, de demander au président de la CAF d’avancer la prochaine Assemblée Générale.
Dear CAF President and fellow members of Executive Committee:
I am not fond of communicating through media forums but I am forced to do so this time because of the urgency of the matter relating to the Cooperation between FIFA and CAF as discussed at our CAF Executive Committee Meeting yesterday. I also trust that this forum involves only members of Exco.
There is no doubt that at our Exco Meeting yesterday, we unanimously agreed that, in principle, we do agree to the cooperation between FIFA and CAF would lead to promoting integrity, ethical practice and FairPlay and eradicating corruption. In other words, we fully support the cooperation that would lead to CAF adhering to the principles of good governance and enhanced efficiency.
But we also agreed that Exco members would be given time to go through the proposed text and come up with the details of the cooperation. We the English speakers requested to be given the English version of the document and we were promised that it would delivered to us soonest possible. Finally it was agreed that the matter will be discussed at the forthcoming Exco Meeting where details and mode of cooperation would be sorted out.
However developments that have taken place today following the CAF, UEFA and FIFA statements on the subject, necessitates the meeting of the CAF Exco to be held soonest possible to conclude and have a unanimous position as CAF Exco on the matter.
My dear President, I kindly request your intervention so that we could hold the CAF Exco Meeting at the earliest convenience, instead of waiting until the 16th of June 2019.
Mr. President and dear Colleagues, I submit.
Leodegar Tenga