Au Cameroun et sous les tropiques en général, le joueur de football évolue dans un cadre non codifié spécifiquement. Un grand vide juridique qui entraîne de nombreux désagréments autant pour les clubs, les joueurs eux-mêmes que pour tout le système en général.
Pour cela donc, l’association des footballeurs camerounais (Afc) a élaboré un statut pour le footballeur camerounais, sur la base de modèles occidentaux, non pas en procédant à une transposition béate des systèmes importés, mais pour déboucher sur ce que David Mayebi, président de l’Afc, appelle “tropi-canalisation du professionnalisme”. Pour lui, l’idéal principal est d’aboutir à une reconnaissance effective de la pratique du football comme profession à part entière chez nous. Document important pour les footballeurs camerounais, ce statut comporte 26 articles et est subdivisé en trois chapitres : 1- conclusion du contrat; 2- exécution du contrat (rémunération et obligations consécutives aux rémunérations, congés des footballeurs et leurs assurances, obligations du joueur); 3- résiliation du contrat. Adopté par la fédération camerounaise de football au conseil d’administration de 1996, le statut du footballeur camerounais vise des objectifs précis: sécuriser le footballeur camerounais et son employeur, stabiliser les effectifs, endiguer l’exode sauvage des talents, rationnationaliser les accords entre les parties et moderniser la pratique de la discipline au Cameroun.
Selon l’Afc, deux régimes doivent être retenus : celui de promotionnel pour les joueurs de première division ayant le football comme activité principale et celui d’amateur pour les joueurs de deuxième division. En son article 11 par exemple, ce statut institue une sorte de salaire minimum interprofessionnel garanti (smig) que chaque équipe devrait verser mensuellement à chacun de ses joueurs, en guise de salaire fixe, indépendamment des diverses primes et autres indemnités. Ce salaire minimum de 35.000 francs Cfa devrait être versé à une date précise, par les équipes des D1, à leurs joueurs encore appelés promotionnels.
Avec le statut du footballeur camerounais, le sport-roi essaye de se professionnaliser chez nous. A la Fécafoot, on annonce qu’il sera scrupuleusement respecté dès la saison prochaine. Confirmation a été récemment faite par Jean René Atangana Mballa, le secrétaire général de la Fédération qui pense que c’est un grand pas pour l’assainissement du football camerounais où les présidents et autres dirigeants de clubs font régulièrement des chantages aux joueurs. Ces derniers sont souvent obligés de signer plus d’une licence au cours de l’intersaison, pour se faire de l’argent. L’on pense qu’avec le statut, les joueurs seront en sécurité et éviteront d’escroquer les présidents de clubs.
Ainsi, l’Afc sera félicitée pour avoir “tropicalisé le professionnalisme”. Toutefois, David Mayebi et son équipe ont intérêt à faire le tour des équipes de D1 pour montrer le bien fondé de leurs actions aux présidents et aux joueurs en activité. Car, l’impression qu’on a est que seuls les anciens footballeurs s’intéressent à l’Afc.