A moins de trois semaines de la date limite de livraison des chantiers de construction des stades modernes à gazon synthétique dans une dizaine de villes du Cameroun, le président de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) et le patron de Prime Potomac se livrent à une guerre latente sur la pelouse du pessimisme avec lequel se consolent désormais les acteurs du sport roi camerounais. Eux à qui on semble avoir vendu du vent.
Le temps du divorce ou la saison de la rupture ? Dans l’un comme dans l’autre cas, on n’en n’est pas très loin puisque ce n’est plus visiblement le parfait amour entre la Fécafoot et Prime Protomac, l’entreprise chargée de construire les stades modernes pour le compte de l’instance faitière du football au Cameroun. Les deux partenaires d’hier, sont sur le point de mettre un terme à leur idylle qui n’aura finalement duré que le temps d’un ramdam médiatique nourri de belles promesses. Même si de façon officielle, Tombi à Roko et Ben Modo ne se sont pas encore fait des adieux, la dernière actualité au sujet de leur partenariat (foireux), laisse deviner que la fin de leur idylle ne se fera pas sans fracas. A preuve, depuis une semaine, la presse sportive se fait l’écho des déclarations chocs des deux hommes ; ce, dans un environnement qui n’est pas pour rassurer les acteurs du football camerounais, témoins de cette convention de partenariat signée le 23 novembre 2015 à Yaoundé entre la Fécafoot et six mairies du Cameroun dans le dessein de doter les villes, d’aires de jeux en gazon synthétique. Plus de cinq mois après les cérémonies pompeuses de pose des première pierres, rien ou presque, n’a bougé sur les chantiers.
Le Comité ad hoc de tous les tourments
Suffisant pour comprendre que cet ambitieux projet, n’est jamais sorti de sa phase embryonnaire. La Fécafoot, de la voix du patron de son exécutif, ayant fait le constat amer, n’entend pas se couvrir de honte pour n’avoir pas tenu à sa promesse. Et pour mettre le pied à l’étrier, l’instance qui a tenu une session de son Comité exécutif le 5 septembre dernier à Limbé, a décidé de mettre sur pied un comité ad-hoc pour le suivi des travaux de ces infrastructures futuristes. Tombi à Roko que la presse a interrogé au sortir des travaux, tance l’entreprise avec laquelle la Fécafoot a scellé ledit partenariat. «Nous avons signé un contrat avec un opérateur. En ce moment, nous avons constaté que le rythme des travaux n’est pas celui que nous aurions espéré. C’est pour cette raison que nous avons mis sur pied un Comité, chargé de faire un suivi. Si on était dans une tactique d’un match de football, on aurait dit : marquer à la culotte. Pour que ce Comité fasse le marquage à la culotte», explique le nouveau locataire de la maison mère du football camerounais.
Vers une résiliation de contrat ?
Mettant ainsi aux trousses de Ben Modo, l’honorable Koa Luc, vice-président de la Fécafoot, et quelques autres membres de l’exécutif de l’instance faitière du football camerounais. A bien voir, le numéro 1 de la Fécafoot tente d’imputer le tort à Protomac dont l’apparente inertie sur la dizaine des chantiers constitue un sérieux motif pour procéder à la résiliation imminente de son contrat. Tombi envisage même que Modo et ses techniciens soient virés pour défaillance avérée. Un scénario auquel semble bien se préparer l’expert qui ne cesse de multiplier ses sorties médiatiques sur les ondes de certaines radios locales à Yaoundé. Même si ce dernier tente de brandir le droit de réserve sur certains pans du partenariat, on sent dans cette intense activité médiatique, une envie de sauver son navire et éviter que l’image de la société Potomac n’en soit écornée. Après avoir clamé il y a près de deux mois, avoir reçu toutes les garanties nécessaires et que les travaux étaient à l’arrêt simplement «à cause d’un problème de normes», l’homme, qui sent le business tomber à l’eau, pousse des cris d’orfraies, menaçant au passage de porter le dossier à la Conac.
En attendant le prochain droit de réponse
Lui qui n’a pas hésité de fustiger la démarche de Camfoot qui était pourtant professionnellement objective. Ce d’autant plus que la vérité des faits sur lesdits chantiers laissait penser que le partenariat qu’on a longtemps célébré, s’apparentait à un coup de bluff. Il a suffit que la presse s’inquiète de l’avancée moribonde des travaux pour que Ben Modo se fende en droits de réponse, invitant les camerounais dubitatifs de ne pas se laisser distraire par l’actualité des journaux. « Le contrat entre le Groupe Prime Potomac et la Fécafoot ne souffre d’aucune difficulté financière qui serait la faute de la Fécafoot, comme le prétend une certaine presse. La réalité est que notre performance est garantie par des fonds de la Fécafoot, qui ont été déposés dans une banque locale de 1er ordre, et cette banque a émis, au profit de notre société, une Lettre de Crédit attestant que les fonds sont bien disponibles dans ladite banque, et qu’ils sont payables à Prime Potomac, à première demande. C’est ce que nous avons exigé à la Fécafoot, qui a accédé à notre demande. Donc pour nous, l’équation est simple : nous faisons le travail, les contrôleurs attestent que le travail a été fait suivant notre contrat, et la banque nous paye. Point », claironnait-il, non sans s’indigner du fait que la presse ait affirmé que le projet dont il a la charge est en difficulté financière à cause de la Fécafoot.
On attend les stades…les stades ne viennent pas
Aujourd’hui, c’est un homme dépassé par les événements qui fait la ronde des stations radios pour tenter de se convaincre que l’entreprise américaine dont il tient les rênes, reste droite dans ses bottes. En rappel, la Fécafoot et Prime Potomac envisageaient la construction de stades olympiques capables d’accueillir au maximum sept disciplines : le football, le handball, le basket, le tennis, le volley-ball, le saut Mais le point primaire c’est le football. On devait y installer une pelouse synthétique DX 60 qui est la dernière génération des pelouses synthétiques. Tout comme des tribunes d’une capacité de 2500 places ; un bâtiment officiel disposant d’un studio de télévision, un restaurant et des vestiaires. Sur ses installations, on aurait la capacité de jouer des matchs en nocturne. Etaient également prévue une autonomie en termes de lumière et d’eau de telle enseigne que quel que soit ce qui se passe à l’extérieur de cette infrastructure, que le stade ne soit pas affecté. Dans un concert euphorique, les responsables de Prime Potomac avaient avancé la date du 09 octobre 2016, comme date de livraison desdits chantiers. Depuis six mois, on attend les stades…Les stades ne viennent pas.
Christou DOUBENA