L’ancien Lion indomptables, aux commandes du Projet Aspire au Cameroun, fait une évaluation sommaire de cette initiative, au moment où se déroule la troisième édition de prospection sous son égide. Le directeur du projet se satisfait des lauriers récoltés jusqu’ici, six au total. Il s’agit d’Etienne Wala Zock, de Raoul Kenné, de Gidéon Gamanba, Jules Sepp Mvondo, Fabrice Akama et d’Ebenezer Dingdong.
Les deux premiers, sortis de la cage Aspire, évoluent aujourd’hui à l’AS Eupen en deuxième division de Belgique. Comme eux, d’autres jeunes sortiront des présélections nationales qui ont cours sur l’étendue du territoire camerounais, afin de construire leur rêve de footballeur grâce à cette opportunité que leur offre l’initiative qatarie.
Votre présence au Cameroun en ce moment s’inscrit dans le cadre du projet Aspire dont vous êtes le directeur. Où en êtes-vous ?
Disons que le projet en soi fonctionne depuis presqu’une dizaine d’années, malgré quelques interruptions qu’il a connues pendant deux ans. Je crois que le projet va de l’avant, malgré cette interruption. On a à présent beaucoup de nos compatriotes qui continuent leurs études au Sénégal. Vous savez que la présélection n’est pas l’objet final, sinon, il y a d’autres conditions qu’il faut remplir pour être retenu. C’est bien beau d’être retenu au niveau national, mais il y a une finale internationale au cours de laquelle on sélectionne 22 joueurs, et si vous en faites partie, c’est que vous êtes parmi les meilleurs. Le projet pour moi est positif au Cameroun. J’en veux pour preuve, les joueurs qui sont partis, et qui aujourd’hui réussissent à jouer en Europe. A présent, il y a trois ou quatre Camerounais qui sont en train de jouer à l’AS Eupen, en deuxième division de Belgique. Pour nous, c’est un projet qui est réussi. Mais moi, par ma propre expérience, puisque, on parle du renouveau de notre football. On sait qu’il y a pas de football des jeunes, il n’y a pas un championnat des jeunes. Aspire a la capacité cette année par exemple de voir 32 000 jeunes Camerounais de 9 départements, et c’est un travail très ardu. Et les 50 meilleurs joueurs qui ont été sélectionnés l’année passée, ont fait un stage de quatre jours ici à Yaoundé. Ça a permis aux sélectionneurs nationaux, de les sélectionner et de voir quel niveau ils avaient pour les incorporer dans les sélections futures. Ça veut dire que ça un avantage par rapport à la Direction technique nationale. A partir de là, je m’appuie sur eux, afin qu’ils demandent aux entraineurs nationaux de faire une prospection.
A quel moment Aspire se sépare de ces joueurs qui sont retenus pour les sélections finales à l’international ?
Pour ce qui est des Africains en général, on se sépare d’eux après une formation de cinq ans. C’est sport-étude au Sénégal. Après les sélections nationales, il y a un stage d’une semaine à Doha au Qatar où se joue une finale internationale. Et à partir de là, ceux qui sont sélectionnés partent continuer au Sénégal, sinon, ils reviennent souvent chez-eux lorsqu’ils ne font pas partie des meilleurs.
A un moment donné, beaucoup ont vu en ce projet, une politique déguisée du Qatar, en vue de sélectionner des joueurs africains pour préparer sa coupe du monde en 2022. C’est aussi votre avis ?
Le discours n’a jamais changé, au contraire, il a été détourné dans la manière de fonctionner. Contrairement à ce qui a été dit, Aspire de son coté, met à la disposition de toutes les sélections nationales, juniors, cadettes…des joueurs selon l’âge, afin qu’ils rentrent dans leurs pays. Qui sont les sélections qui en profitent aujourd’hui ? Le Sénégal par exemple a eu à faire une sélection de neuf joueurs d’Aspire pour son équipe nationale cadette. Ça veut dire qu’il profite de l’excellence de ces joueurs. Donc, c’est à nous, Camerounais, de profiter de ce qu’offre Aspire, d’appeler ces jeunes pour qu’ils viennent honorer leurs sélections. Donc, le discours n’a jamais changé. C’est à nous d’exploiter ce que nous avons sous la main.
Combien de Camerounais le projet a-t-il déjà retenus ?
Aujourd’hui, nous avons six Camerounais, dont quatre évoluent en Europe comme je vous l’ai dit.
Et qu’en est-il des deux autres ?
Vous savez, la sélection est comme un examen. A l’arrivée, vous profitez de l’expérience, vous profitez du sport-étude. Il y a eu par exemple une catégorie qui a été supprimée, parce que ce sont des jeunes qui font beaucoup de tournois à l’extérieur. Il y a des rapaces qui tournent tout autour. Ça fait qu’il a eu sept joueurs qui se sont désistés, et c’est cette catégorie de l’année 1995 qui a été supprimée. Et on ne peut pas les abandonnés. On les accompagne jusqu’à la fin de leurs études. Et s’ils ont des qualités, on les emmène dans la deuxième équipe de l’AS Eupen pour continuer leur formation.
Quels rapports entretenez-vous avec la Direction technique nationale ?
Je suis en contact permanent avec eux. J’obtiens beaucoup d’aides de leur coté. Ils nous ont par exemple mis sur les stades lors de la dernière édition afin de faire cette prospection. Moi je travaille beaucoup plus main dans la main avec eux. Ils profitent de ce que nous faisons, parce qu’aujourd’hui, ils n’ont pas les moyens pour faire ce que nous faisons grâce à cette prospection au Cameroun.
Est-ce vous tirez satisfaction de ceux que vous avez réussi à placer aujourd’hui ?
Le retour est satisfaisant parce qu’ils vont faire ce qu’ils aiment. D’abord le sport. Ils vont profiter des études. Il faut qu’on le sache, la vie d’un football s’arrête à 35 ans. Et après même si un joueur a gagné un peu d’argent, qu’il sache quoi en faire. C’est pour ça qu’on ne néglige pas l’aspect éducatif.
Entretien avec Armel Kenné